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Fin du Synode: tensions avec Israël

Le message final (1) des Pères Synodaux, et surtout l'intervention de l'évêque greco-melkite Cyrille Salim Bustros ont été peu appréciés en Israël...(25/10/2010)

Mais en Terre-Sainte, on pratique la langue diplomatique un peu moins bien qu'ailleurs....

Voici l'article écrit par Gian Guido Vecchi sur Il Corriere della Sera (ma traduction):


Moyen-Orient
Dure réaction à l'avertissemnt des évêques sur l'occupation.
Le pape aux musulmans: "Liberté de religion"
Israël au Vatican: synode anti-juif
Le vice-ministre Danny Ayalon: "Un forum pour des attaques politiques contre nous"

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La réponse du gouvernement d'Israël a couvé pendant une journée, le temps d'achever le Shabbat et d'évaluer le message final (1) approuvé par le Synode des évêques sur le Moyen-Orient. Une réponse qui jette une ombre sur "les relations entre le Saint-Siège, Israël et les Juifs", méditée et très dure: "Le synode a été pris en otage par une majorité anti-israélienne. Le jugement est tombé hier, du vice-ministre des Affaires étrangères d'Israël, Danny Ayalon: "nous exprimons notre déception parce que cet important synode est devenu un forum pour les attaques politiques contre Israël, dans la meilleure tradition de la propagande arabe."

Dans le message final (1), les 185 pères synodaux - pour la plupart des évêques et des patriarches des Eglises orientales - ont fait référence à l'"occupation" des territoires palestiniens par Israël, disant: "Il n'est pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques pour en faire un instrument pour la justification de l'injustice". Une accusation rejetée par Israël, "les gouvernements israéliens n'ont jamais utilisé la Bible."

Mais ce qui a particulièrement créé la tension, c'est ce qu' a dit l'évêque greco-melkite Cyrille Salim Bustros au cours de la conférence de presse de présentationdu message: "On ne peut se baser sur le thème de la terre promise pour justifier le retour des Juifs en Israël et l'exil des Palestiniens", car "la promesse de Dieu dans l'Ancien Testament sur la Terre promise, pour nous, chrétiens, a été abolie par la présence du Christ, la terre promise est le Royaume de Dieu, toute la terre", et donc "il n'y a plus de peuple élu".

Des mots qui ont immédiatement déconcerté le monde juif et laisser les Israéliens "pantois", a dit le vice-ministre des Affaires étrangères: "Nous demandons que le Vatican prenne ses distances avec des commentaires qui calomnient les Juifs et l'Etat d'Israël, et ne devraient pas constituer la position officielle du Vatican car elle jette une ombre sur les relations importantes entre le Saint-Siège, Israël et les Juifs. "

Le problème, c'est la référence par l'évêque à l '"abolition" de la promesse de Dieu au peuple élu par l'arrivée de Jésus, un langage qui peut rappeler l'ancienne "théologie de la substitution" , annulée par le Concile Vatican II.

Du reste, le magistère du Pape fait foi, Benoît XVI a parlé à plusieurs reprises du "peuple élu" et du "peuple de l'Alliance" tant à la synagogue de Rome qu'à New York, dans la ligne de "l'Alliance jamais révoquée" affirmée par Jean-Paul.

Toutefois, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, invite à ne prendre en compte que le message approuvé par le Synode: "Il y a un texte écrit, auquel nous nous tenons. La position est connue, deux pays et la reconnaissance de la souffrance et du droit à l'existence de deux peuples et ainsi de suite. Pour le reste, ce sont les opinions personnelles des Pères synodaux, et elles ne peuvent être interprétées comme la position du synode ou le Saint-Siège. "

Outre-Tibre, on fait observer que le vrai document final sera, comme toujours, l'"exhortation post-synodale" de Benoît XVI. Qui hier, lors de la messe qui à Saint-Pierre a conclu le Synode, a parlé de paix "urgente" et "indispensable" et s'est adressé aux musulmans en leur demandant qu'elle devienne "l'objet d'un dialogue urgent", le droit à "une authentique liberté religieuse et de conscience" qui "est assez souvent très limitée."

Gian Guido Vecchi, Il Corriere della Sera

Le message final

(1)
A lire ici, sur le site du Saint-Siège: http://www.vatican.va/news_services/press/sinodo/ .

Voici les § IV, V, et VII qui ont sans doute plus particulièremment attiré l'attention des politiques:

IV. Coopération et dialogue avec nos concitoyens juifs
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8. La même Écriture Sainte nous unit, l’Ancien Testament, qui est la Parole de Dieu à vous et à nous. Nous croyons en tout ce que Dieu y a révélé, depuis qu’il a appelé Abraham, notre père commun dans la foi, père des juifs, des chrétiens et des musulmans. Nous croyons dans les promesses de Dieu et son alliance données à lui et à vous. Nous croyons que la Parole de Dieu est éternelle.

Le Concile Vatican II a publié le document Nostra aetate, concernant le dialogue avec les religions, avec le judaïsme, l’islam et les autres religions. D’autres documents ont précisé et développé par la suite les relations avec le judaïsme. Il y a d’autre part un dialogue continu entre l’Église et des représentants du judaïsme. Nous espérons que ce dialogue puisse nous conduire à agir auprès des responsables pour mettre fin au conflit politique qui ne cesse de nous séparer et de perturber la vie de nos pays.
Il est temps de nous engager ensemble pour une paix sincère, juste et définitive. Tout deux sommes interpelés par la Parole de Dieu. Elle nous invite à entendre la voix de Dieu « qui parle de paix » : « J’écoute. Que dit Dieu ? Ce que Dieu dit c’est la paix pour son peuple et ses amis » (Ps 85, 9). Il n’est pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques pour en faire un instrument pour justifier les injustices. Au contraire le recours à la religion doit porter toute personne à voir le visage de Dieu dans l’autre, et le traiter selon les attributs de Dieu et selon ses commandements, c’est-à-dire selon la bonté de Dieu, sa justice, sa miséricorde et son amour pour nous.

V. Coopération et dialogue avec nos concitoyens musulmans
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9. Nous sommes unis par la foi en un Dieu unique et par le commandement qui dit : fais le bien et évite le mal. Les paroles du Concile Vatican II sur les rapports avec les religions posent les bases des relations entre l’Église catholique et les musulmans : « L’Église regarde avec estime les musulmans qui adorent le Dieu un, vivant […] miséricordieux et tout-puissant, qui a parlé aux hommes » (Nostra aetate 3).

Nous disons à nos concitoyens musulmans : nous sommes frères et Dieu nous veut ensemble, unis dans la foi en Dieu et par le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Ensemble, nous construirons nos sociétés civiles sur la citoyenneté, la liberté religieuse et la liberté de conscience. Ensemble, nous travaillerons pour promouvoir la justice, la paix, les droits de l’homme et les valeurs de la vie et de la famille. Notre responsabilité est commune dans la construction de nos patries. Nous voulons offrir à l’Orient et à l’Occident un modèle de convivialité entre les différentes religions et de collaboration positive entre les diverses civilisations, pour le bien de nos patries et celui de toute l’humanité.

Depuis la parution de l’islam au VIIe siècle et jusqu’à aujourd’hui, nous avons vécu ensemble,
et nous avons collaboré à la création de notre civilisation commune. Il est arrivé par le passé, comme cela arrive aujourd’hui encore, quelques déséquilibres dans nos rapports. Par le dialogue, nous devons écarter tout déséquilibre ou malentendu. Le Pape Benoît XVI nous dit que notre dialogue ne peut pas être une réalité passagère. Il est plutôt une nécessité vitale dont dépend notre avenir. (cf. Discours aux représentants des communautés musulmanes à Cologne, 20.8.2005). Il est donc de notre devoir d’éduquer les croyants au dialogue interreligieux, à l’acceptation du pluralisme, au respect et à l’estime réciproques.

VII. Appel à la communauté internationale
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11. Les citoyens des pays du Moyen-Orient interpellent la communauté internationale, en particulier l’O.N.U., pour qu’elle travaille sincèrement à une solution de paix juste et définitive dans la région, et cela par l’application des résolutions du Conseil de Sécurité et la prise des mesures juridiques nécessaires pour mettre fin à l’occupation des différents territoires arabes.

Le peuple palestinien pourra ainsi avoir une patrie indépendante et souveraine et y vivre dans la dignité et la stabilité. L’État d’Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité au-dedans des frontières internationalement reconnues. La Ville Sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère particulier, sa sainteté et son patrimoine religieux, pour chacune des trois religions juive, chrétienne et musulmane. Nous espérons que la solution des deux États devienne une réalité et ne reste pas un simple rêve.

L’Irak pourra mettre fin aux conséquences de la guerre meurtrière et rétablir la sécurité qui protègera tous ses citoyens avec toutes leurs composantes sociales, religieuses et nationales.

Le Liban pourra jouir de sa souveraineté sur tout son territoire, fortifier son unité nationale et continuer sa vocation à être le modèle de la convivialité entre chrétiens et musulmans, par le dialogue des cultures et des religions et la promotion des libertés publiques.

Nous condamnons la violence et le terrorisme d’où qu’ils viennent et tout extrémisme religieux. Nous condamnons toute forme de racisme, l’antisémitisme, l’antichristianisme et l’islamophobie, et nous appelons les religions à assumer leurs responsabilités dans la promotion du dialogue des cultures et des civilisations dans notre région et dans le monde entier.



Fils de mineur Günter Grass et Joseph Ratzinger