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Le laboratoire de l'Eglise de demain

Un étonnant article paru dans l'hebdomadaire italien Tempi, avant le Synode.
Contrairement à une idée reçue, les chrétiens sont très nombreux au Moyen-Orient, mais pas là où on regarde d'habitude.
Un point qui avait déjà été souligné par le Père Scalese (En marge des travaux du Synode) (17/11/2010)

Source: http://www.rassegnastampa-totustuus.it/...
Ma traduction.

Tempi n° 42, 27 Octobre 2010
Rodolfo Casadei.



Discriminée et en pélerinage dans un monde hostile, mais "imprégnée d'une foi jeune et dynamique." Le vicaire d'Arabie, Paul Hinder raconte le plus grand diocèse du Moyen-Orient, l'autre visage d'une minorité trop souvent donnée pour défaite


Quel est le diocèse catholique du Moyen-Orient qui a le plus grand nombre de fidèles? Pas du tout le Caire, où les chrétiens sont sans doute plus d'un million, mais en grande majorité coptes, c'est-à-dire fidèles du pape Chenouda III. Alors Beyrouth, siège du patriarcat maronite et d'autres Eglises orientales en communion avec Rome? Non. Bagdad? Avant la guerre de 2003, 400.000 catholiques chaldéens et d'autres catholiques latins et syro-catholiques y vivaient, mais ils sont maintenant réduits à moins de la moitié.

Golfe persique

(Wikipedia)

Croyez-le ou pas, la circonscription ecclésiale du Moyen-Orient qui abrite le plus grand nombre de catholiques est le Vicariat de l'Arabie. Oui, de l'Arabie, l'état où toutes les religions autres que l'islam sont interdites. Jusqu'à il y a quelques années, l'unique territoire dont ce territoire pouvait se vanter était d'être le plus vaste vicariat catholique du monde, avec ses 3.100.000 kilomètres carrés occupés par six Etats: l'Arabie saoudite,justement, les Émirats arabes unis, Oman, le Yémen , le Qatar et Bahreïn. Mais en raison du boom pétrolier et de la mondialisation de l'économie qui a attiré dans la région des millions d'immigrants, surtout les Asiatiques, 2,5 millions catholiques vivent maintenant dans la péninsule arabique.

Ils sont de rite latin à 80 pour cent (les autres 20 pour cent sont affiliés aux Églises orientales, en particulier celles maronite, syro-malankare et syro-malabar) et les villes où vit la grande majorité d'entre eux montrent un panorama impressionnant et se nomment Dubaï, Abu Dhabi, Doha et Riyad. Ils appartiennent à plus de cent nationalités différentes, mais les principaux sont les Philippins, les Indiens et les Libanais.

Pour s'occuper d'eux en qualité d'évêque vicaire apostolique, depuis 2005, il y a un capucin suisse d'origine modeste et d'un grand sens de l'humour, Mgr Paul Hinder. "Lorsque j'ai été nommé évêque auxiliaire à la fin de 2003 - raconte-t-il - un de mes confrères évêques en Europe, m'écrivit: "Félicitations, mais je ne comprends pas ce que tu vas faire là-bas ". Je lui ai répondu du tac au tac: "Merci pour les félicitations, mais n'oublie que mon diocèse compte plus de fidèles que le tien".

Son père était un pauvre fermier de Stehrenberg, en Suisse orientale. "S'il pouvait me voir aujourd'hui, quand j'entre et sors des palais des cheikhs et des gratte-ciel des grandes entreprises, je suis sûr qu'il s'écrierait: "Mazette, Paul, quelle carrière!".
Mais il n'y a pas toujours de quoi rire dans les territoires sous la juridiction de Mgr Hinder.
Un vicariat, dans la tradition juridique de l'Eglise catholique, c'est une terre de frontière, où l'Église ne peut pas s'organiser complètement.

Les faits confirment la définition: à Riyad la semaine dernière, un prêtre français et douze fidèles philippins ont été arrêtés et détenus pendant 24 heures après qu'ils aient été découverts en train de célébrer la messe en privé, parce qu'en l'Arabie saoudite toutes les formes de religion autres que l'islam sont interdites, même dans la sphère privée, et que la police religieuse a le droit d'inspecter pour toute infraction.

Même dans les autres Etats de la péninsule arabique, où les immigrants se voient accorder la liberté de culte dans les murs des quelques églises existantes, la capacité de s'intégrer et finalement d'obtenir la citoyenneté est pratiquement nulle et pas seulement contre les étrangers chrétiens: tous les travailleurs immigrés sont obligés de retourner dans leur pays d'origine lorsque quand leur contrat arrive à expiration ou quand ils ont droit à la retraite, les exceptions sont rares.
Pour cette raison, au Synode des Eglises du Moyen-Orient, sa voix a été écoutée avec beaucoup d'attention: "La rencontre s'est concentrée sur les besoins et les problèmes des Églises de racines anciennes, touchées par l'émigration et la baisse de la population, mais elle n'aurait pas été complète sans notre contribution, celle d'une Eglise très jeune, en pèlerinage, imprégnée de foi vivante. Nous représentons un enrichissement non seulement pour les travaux du Synode, mais pour l'Eglise universelle, nous sommes un laboratoire de l'avenir de l'Eglise, qui de plus en plus devra faire face à de grandes communautés de travailleurs catholiques en déplacement pour des raisons professionnelles, et souvent basés dans des régions où les catholiques sont une minorité, voire inexistants".

L'Eglise nombreuse de pèlerins, confié à l'évêque capucin, montre une physionomie unique en termes de quantité et de qualité. Environ la moitié du troupeau réside dans les prairies arides de l'Arabie saoudite, où les groupes de prière opèrent dans la clandestinité jusqu'à ce que des incidents se produisent, comme il y a deux semaines. L'autre moitié, pour satisfaire ses besoins pastoraux ne dispose que de 18 paroisses (pour être précis, 7 dans les Émirats arabes unis, 4 à Oman, 4 au Yémen, une au Qatar, deux à Bahreïn).

Cela signifie que les jours de fête, des milliers de personnes s'entassent dans les églises et les salles paroissiales, créant une foule qui n'a pas d'équivalent dans le reste du monde. Dix mille personnes à chaque messe: "Imaginez une église où le vendredi (jour férié local, ndlr) ou aux messes dominicales, 10 messes se succèdent en dix langues différentes, chacune en présence de 5 à 10.000 personnes. Nous devons planifier les durées avec une précision d'horloger, réguler les flux à l'intérieur et à l'extérieur du bâtiment, la procession des fidèles s'approchant de l'Eucharistie et retournant à leur banc, éviter les embouteillages dans les rues entourant l'église, et les allées et venues de stationnement".

Et le catéchisme? À Dubaï, arrivent six mille enfants, tous le même jour, à Abu Dhabi quatre mille. Ce n'est pas pour rien qu'on a décidé d'envoyer ici un évêque suisse, plaisante de nouveau Mgr Hinder, qui a sa résidence et sa paroisse à Abu Dhabi.

Mais il veut être pris au sérieux quand il décrit le comportement de ses fidèles: "Je préfère être évêque ici plutôt que dans tout autre endroit au monde, y compris ma patrie, parce que nous n'avons pas besoin d'aller à la chasse aux fidèles: ce sont eux qui viennent nous chercher et nous proposer des initiatives, et je dois les retenir parce qu'ils veulent en faire trop. Nos laïcs identifient les besoins et les aident, ils visitent les détenus dans les prisons, mettent en contact les ambassades avec les personnels domestiques victimes d'abus par certains employeurs, organisent des collectes pour ceux qui ont besoin de soins médicaux ou doivent rentrer chez eux et n'ont pas d'argent. Je dois veiller à ce que toutes ces belles initiatives restent au niveau de la charité privée et non une réalité institutionnelle et sociale, parce qu'à ce moment, elles tomberaient inévitablement dans les mailles de la charia. "

Les seules oeuvres sociales admises à une existence formelle semblent être les écoles, mais des problèmes sont à venir: «Dans les Émirats arabes unis, nous avons huit écoles, quatre du vicariat et quatre appartenant à des ordres religieux, et puis il y en a une autre à Bahreïn. Selon la loi, une proportion majoritaire d'étudiants doivent être des musulmans autochtones. Maintenant, une nouvelle loi nous oblige à prendre un pourcentage fixe de nos employés parmi les autochtones. Qu'adviendra-t-il de l'identité de nos écoles? ".

Les difficultés sont grandes, mais nous devons admettre qu'en terme de tolérance religieuse, l'attitude des émirats du Golfe est très différente de celle de l'Arabie saoudite. "C'est vrai, contre l'opinion publique, émirs et sultans des pays du vicariat ont donné leur accord pour la construction ou la rénovation d'églises et de paroisses, dit Mgr Hinder. "Les raisons sont variées: certains dirigeants veulent faire belle figure au niveau international, démontrant qu'ils éclairés et ouverts, d'autres ont étudié en Occident et se sentent redevables.

Le sultan d'Oman, critiqué pour son ouverture aux chrétiens, a répondu aux critiques: "J'ai étudié en Europe et à l'endroit où j'étais, une structure avait été mise à ma disposition afin que je puisse prier dans une mosquée. Si l'Occident m'a donné un endroit où je pouvais pratiquer ma religion quand j'étais chez eux, il est juste que je donne un espace aux chrétiens qui sont nos hôtes afin qu'ils puissent prier. "

"Parlons d'une seule voix". Les attentes de l'évêque capucin au synode sont précises: "Je m'attends à ce que la valeur de notre témoignage soit reconnue et que le problème du manque de communion entre les chrétiens en Orient soit abordé. Derrière les formules de politesse de convenance se cache souvent une réalité faite de jalousie et de concurrence entre les différentes Eglises. Par exemple, il y en a qui proposent de créer des diocèses des différentes Eglises orientales sur le territoire du vicariat de l'Arabie, qui est latin: je ne suis pas d'accord, parce que je crois que l'Eglise dans cette partie du monde doit toujours parler d'une seule voix. Nous devons être plus catholiques: Notre témoignage ne peut être que le résultat d'une communion réelle et profonde. Enfin, j'espère que le Synode fera entendre sa voix pour la défense de la dignité de tous les travailleurs immigrés au Moyen-Orient, pas seulement les chrétiens. Ils sont tous objets de discrimination et d'injustice de la part non seulement de la majorité musulmane, mais parfois aussi des employeurs chrétiens. "

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