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Une Eglise sans importance

L'Eglise, les medias, et la modernité. Une réflexion du Père Scalese, autour d'un article ambigu du Corriere della Sera, qui déplore la perte d'influence de l'Eglise (7/12/2010)

Une église sans importance (insignifiante), vraiment? C'est ce que semble déplorer l'auteur d'un article tout juste publié sur Il Corriere della Sera.
Personnellement, je pense que quand la presse "laïque" se préoccupe de la santé de l'Eglise et de la bonne perception du Pape par "l'opinion", ce n'est pas forcément parce qu'elle leur veut du bien. Si par malheur, l'Eglise se dissout dans la modernité, elle aura vite fait de devenir beaucoup plus "insignifiante" qu'elle ne l'est actuellement. Ses ennemis ne souhaitent rien d'autre.

Le dernier billet du Père Scalese est consacré à une (longue) question qui lui a été posée par un de ses lecteurs. C'est à propos d'un article paru dans Il Corriere della Sera du 5 décembre, dont on trouvera le texte complet en italien ici .

L'article du Corriere s'intitule "Pourquoi le dialogue doit reprendre, entre l'Eglise, la société et la politique", et en sous-titre "Culture catholique, le risque du déclin". (il n'est pas nécessaire de lire la totalité de l'article, les passages significatifs en sont repris ci-dessous)

Le correspondant du Père Scalese s'étonne du ton "ambigu" de l'article.
Certes, dit-il la société actuelle et sa culture marginalisent l'Eglise. Mais Notre Seigneur n'était-il pas un juif insignifiant? ... Et si l'Eglise proclame des "valeurs non négociables", comment pourrait-elle chercher un dialogue sur ce point avec la société moderne?(...) Si l'Eglise ne compte pour rien pour la grosse presse laïque, et pour la société sécularisée de l'Europe du Nord - et pas seulement - faut-il pour autant chercher à tout prix un dialogue qui ne rencontre ni intérêt, ni interlocuteurs? (ndt: en réalité, l'Eglise compte bien plus que ne le dit l'article du Corriere, même si c'est en négatisf: il suffit de voir l'écho des paroles du Pape... lorsqu'elles ont quelque chose de "scandaleux", dans un sens ou un autre).
En outre - dit encore le correspondant du Père Scalese - les quatre "domaines" indiqués par le journaliste, sont tous les quatre définis par lui comme "délicats" et surtout "ambigus": rapport entre la dimension ecclésiale et le pouvoir socio-politique, rapport entre modernité et postmodernité, nouveau "statut" anthropologique de l'homme et, enfin, "rôle" de l'Église dans le monde.

Je me demande, conclut-il, si le dialogue avec le «monde» dans ces quatre domaines est si important que cela. C'est vrai que l'Eglise ne compte pour rien, mais au début du XIXe siècle, à l'époque du Curé d'Ars, était-ce différent? L'Eglise comptait-elle pour Staline? Et le fondateur de votre ordre (ndt: les barnabites), ou Mère Teresa de Calcutta? Et Benoît XVI, compte-t-il? (...)
D'accord, le dialogue est important, mais si le «monde» ne le veut pas, l'Eglise soit-elle se préoccuper plus que cela de suivre la culture moderne? De Rita [l'auteur de l'article du Corriere] conclut: «Et c'est aujourd'hui la culture catholique qui court le plus grand danger, peut-être faudrait-il que ce soit eux qui fassent les premiers pas" .

Voici la réponse du Père Scalese (texte en italien ici: http://querculanus.blogspot.com/2010/12/una-chiesa-irrilevante.html , ma traduction).

En fait, l'article de De Rita est intéressant (même s'il n'est pas toujours facile de suivre le fil de son raisonnement).
(...)
Ce qui ne me convainc pas du tout, c'est cette préoccupation excessive au sujet de l'insignifiance de l'Eglise.
Si nous regardons bien, de quelle insignifiance s'agit-il? De l'insignifiance de l'Eglise dans le monde de la communication et dans celui de la politique ou, si on veut, auprès de cette réalité insaisissable que nous sommes habitués à appeler (sans savoir exactement ce que c'est) «opinion publique». Eh bien, pour être honnête, la chose ne m'angoisse pas plus que cela.

Il faut créditer De Rita de représenter fidèlement la prise de bec qui a cours entre les homme d'Eglise et les médias: "Les choses que nous disons ne sont pas correctement valorisées" (ndt: paroles des clercs) - "Ils ne nous disent rien d'important" (ndt: paroles des professionnels des medias).
Moi aussi, cela me dérange, quand les informations, après avoir consacré des dizaines de minutes à Berlusconi et à Fini, réservent seulement quelques minutes à un événement ecclésial d'une certaine importance (ndt: cela, c'est en Italie: en France, on n'en parle même pas!). Cela me dérange quand la télévision ne parle pas de 100.000 jeunes catholiques rassemblés Place Saint-Pierre, mais accorde de l'espace à quelques dizaines de membres des "victimes" d'abus sexuels qui se sont rassemblés au Chateau Saint-Ange. Mais je me demande aussi quel besoin a le Père Lombardi de venir "exprimer sa solidarité" (allusion à un épisode récent) ... Parfois, il semble que nous allions au devant [des ennuis] (comme quand le soir du Consistoire, l'Osservatore Romano a publié des anticipations du livre-interview Pape: pouvons-nous ensuite nous plaindre que les médias n'aient pas parlé du Consistoire?) [ndt: en France, ils n'en auraient pas parlé de toutes façons].

Donc, l'attitude des médias envers l'Eglise m'irrite moi aussi (et j'admire les gens comme l'archevêque de New York qui leur tient la dragée haute, sans complexe d'infériorité). Mais ce n'est pas que cela provoque en moi un sentiment de frustration. En fait, je suis de plus en plus convaincu que la plus grande partie de la crise actuelle n'est pas, comme le croit De Rita, une crise de la «culture catholique», mais plutôt de la «modernité» avec laquelle l'Eglise devrait renouer le dialogue. Si quelque chose est à l'agonie en ce moment, il s'agit bien de la modernité.

Personnellement, je suis d'accord que l'Eglise doit dialoguer avec la modernité, mais certainement pas pour être plus «importante» (lire: pour paraître davantage dans les mass média); mais plutôt de sauver quelque chose de cette modernité irrémédiablement destinée à mourir. Certes, il y a en elle des valeurs qui méritent d'être préservées. Exactement ce que fit l'Église lors de l'effondrement de l'antiquité classique: ce furent les chrétiens qui conservèrent le meilleur que la civilisation avait pu exprimer (philosophie, littérature, art, droit, etc ..)

Pour le reste, je suis d'accord avec [mon correspondant]. Sauf peut-être au temps d'Innocent III, l'Eglise a toujours été sans importance. Et pourtant, elle est encore là. Où sont passés tous ces civilisations, ces cultures, ces idéologies, ces systèmes politiques, qui de temps à autre se sont présentés comme le nouveau qui allait bientôt remplacer l'ancien? Où sont aujourd'hui l'Empire romain, les différents régimes révolutionnaires, Napoléon, Hitler et Staline? Sommes-nous vraiment convaincus que les puissants d'aujourd'hui sont meilleurs que ceux qui les ont précédés?

On dira: mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, c'est l'Eglise elle-même qui est en crise. Naïfs ... L'Église dans le passé n'était-elle pas en crise? Était-elle en un seul morceau? Il suffit d'étudier un peu l'histoire pour s'apercevoir que l'Eglise dans le passé, a traversé des crises, pas seulement externes mais aussi internes, bien pires qu'à l'heure actuelle.
Le problème, c'est qu'on ne tient pas compte de la véritable nature de l'Église: ce n'est pas une institution simplement humaine, mais divine. Humainement parlant, elle fera eau de toutes parts, mais ce n'est pas ce qui détermine son destin. Ce qui la rend impérissable, c'est la présence en elle du Christ ressuscité, qui " sacrifié sur la croix, ne meurt plus, et avec les signes de la passion, vit immortel" (Préface de Pâques, III).

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