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Jeannine a lu "Lumière du monde"

Elle nous livre ses impressions. Elle sont en réalité très proches des miennes (3/12/2010)

 


Lumière du Monde: pourquoi tant épiloguer sur les raisons qui ont poussé notre Pape à réaliser ce livre-entretien? Il a répondu par un sourire au Père Lombardi et lui seul, Benoît XVI, connaît la réponse. Les deux interlocuteurs se retrouvent dans un cadre privilégié que notre Pape affectionne ils se connaissent,même pays d'origine : la Bavière, même langue maternelle. Pour les deux le temps est compté, donc on va à l'essentiel avec un texte clair, précis. On retrouve le même phrasé, le même ton, la même spontanéité que dans le Sel de la Terre et Voici quel est notre Dieu. Entre temps le cardinal est devenu pape mais le journaliste dit qu' "il facilite considérablement la tâche du visiteur. Ce n'est pas un prince de l'Eglise, mais l'un de ses serviteurs, un grand homme qui donne et qui puise toute sa force dans son don". "Près de lui on perçoit "un éclat de la lumière du monde qui devient singulièrement visible, un reflet du visage de Jésus Christ, qui veut rencontrer chaque être humain et n'exclut personne" (préface p.15).
Benoît XVI a choisi un interlocuteur ordinaire, je précise : pas un vaticaniste, pas un religieux mais un Bavarois comme lui, de quoi rendre les échanges plus libres. Le jeu des questions-réponses fonctionne à merveille. Notre Saint-Père excelle dans ce contexte où il fait preuve d'humour, de spontanéité, à bon escient toutefois.

Le livre est destiné à un large public; pas question d'un traité de théologie, d'un volume sur la liturgie, d'un recueil de paroles tirées des Ecritures des Pères de l'Eglise. Tout est simple, à l'image de celui qui se prête au jeu. Dans un emploi du temps minuté il sait mettre à profit le peu de liberté de décision qui lui reste pour finaliser un souhait personnel. Le professeur, le théologien n'ont pas été étouffés par la lourdeur de la fonction. Je suis plus qu'admirative.

Il y avait longtemps que les associations, les catholiques ordinaires et d'autres n'avaient pas donné de la voix; apparemment tout ce monde se réveille. Je suis fataliste : qu'il parle ou qu'il se taise Benoît XVI aura toujours tort. Encore un petit effort et l'on va dire qu'il incite à la débauche. Ce Pape, comme tout autre sait fort bien ce qui se passe même dans les milieux catholiques bien pensants. Ce n'est pas un doux rêveur, un peu naïf. Lorsqu'il ne veut ou ne peut pas répondre, il le dit (p. 105) Si les personnes décident d'enfreindre les règles édictées par l'Eglise, elles sont libres . Dans ce cas elles engagent leur responsabilité et il est malvenu de se plaindre, de gémir sur cette Eglise qui ne comprend rien à l'évolution des mentalités, à la soif de liberté, à la sexualité qu'Elle ne pratique pas. Ce n'est pas en faisant tout et n'importe quoi que l'on est libre, on se dévalue et cela n'a rien d'attirant. Je suis d'accord avec l'article de Vittorio Messori dans le Figaro Magazine (1) mais je l'ai lu avec mon optique personnelle sans me soucier de ce que les autres vont en penser. Benoît XVI sait qu'il a contre lui une pensée moderne guidée par une trinité: le sexe, l'argent, la liberté. Mieux que quiconque cet homme est au fait des grands problèmes. Lorsqu'il était cardinal, et de par sa fonction il a parcouru le monde lors de visites rapides, discrètes bien ciblées. Maintenant les évêques en visite ad limina lui apportent de précieux renseignements, on peut y ajouter celles des ambassadeurs et de tant d'autres personnalités. Les pays qui l'invitent à venir célébrer dans leurs basiliques ou sur leurs stades ne sont pas des modèles de vertus mais aux yeux du Saint-Père ils font partie du troupeau sur lequel son cœur de père veille. Il défend de toutes ses forces le catholicisme en sachant fort bien que ses paroles ne vont pas être bues avec ravissement et qu'elles n'auront pas un effet immédiat. Il faut répéter sans cesse pour convaincre.

Benoît XVI se définit avec beaucoup de simplicité. Répondant à l'inévitable comparaison avec son prédécesseur il dit : "je suis comme je suis, je ne cherche pas à être un autre" (p. 152), j'apprécie . Page 93 il ressort qu'il ne se laisse pas enfermer dans une ligne dictée par ses prédécesseurs et expose ce qu'il considère être la tâche primordiale pour notre temps et la conduite à tenir (p. 95)

Le cas de la démission du pape est abordé et il ne l''évite pas ( pages 50 et 51) .Etant donné que l'avenir n'est connu de personne je considère que les paroles prononcées peuvent, suite à des circonstances imprévisibles, être amenées à être appliquées. J'avoue que ce sujet m'est très sensible lorsqu'il s'agit de Benoît XVI, d'autant qu'il signale que ses forces ont diminué ( préface p. 12) et : "je remarque que mes forces faiblissent" (page 30). Avec les années qui passent et la complexité de la tâche c'est normal me dira-t-on mais je sais que je suis attentive à des tas de détails qui sont peut-être sans importance mais qui m'inquiètent.

Les nominations n'ont pas échappées aux questions du journaliste et Benoît XVI ne s'est pas dérobé pour donner son avis (p. 116 et 117). Il n'a pas évité de même de parler du célibat des prêtres, des réactions à la levée des excommunications, de l'affaire Williamson. J'ai appris des choses mais je reconnais que je suis fort peu informée sur le fond de ces problèmes. Pareil pour le port de la burqa, du camauro ( pourquoi y avoir attaché de l'importance), toujours des réponses directes.

Sur le problème des abus sexuels (p. 55 à 63) j'ai trouvé certaines précisions utiles pour moi (p.59). Page 46 le rappel que l'amour doit être exigeant est plus qu'utile à notre époque où aimer c'est dire amen à tout, ne pas contrarier, ne pas interdire. Pour moi l'amour par définition est exigeant.

Les voyages pastoraux ont été longuement étudiés. Le Saint-Père a parlé des inquiétudes et des joies. J'ai particulièrement noté (p.157) l'appréciation élogieuse de l'esthète, de l'homme de foi, raffiné, mélomane, ayant apprécié l'amalgame de la beauté du cadre et de la "musique grandiose" qui l'avait comblé à Notre-Dame de Paris. Toujours dans le même paragraphe : "on a vu ici la lumière et l'éclat de la grande culture catholique".

Ce qui est adoubé par la science a de la valeur, c'est le critère suprême qui élimine toute dimension religieuse et bien évidemment le Saint-Père le déplore. Il cite un fait entendu à la télévision (p. 179) . Il regrette également l'importance accordée aux sondages, aux statistique (p.192-193). Il est possible de faire dire ce que l'on veut aux chiffres, d'orienter les réponses que l'on souhaite obtenir aux sondages. Un jour l'économie redémarre chiffres à l'appui et le lendemain le créneau porteur est en plein effondrement,etc, etc. Plus grave sur le plan de l'Eglise, étant donné la franche hostilité manifestée à l'égard de cette vieille dame moribonde toutes les fantaisies sont permises; on voit ce dont les médias civils et religieux ont été capables depuis avril 2005. Ces réflexions sont de moi.

Le troisième secret de Fatima fait partie des sujets abordés; Notre Pape n'est pas un mystique, c'est lui qui le dit page 34 et son interprétation est différente de celle de Jean-Paul II. Benoît XVI prie beaucoup, est-ce cela qui lui a valu tant de fois d'être qualifié de mysticisme par des vaticanistes ou des personnes se disant proches de lui.

Qui est Benoît XVI?, apparaît-il différent? L'homme est d'une très grande humilité. Parlant de la bienveillance de Jean-Paul II à son égard, il la juge imméritée (p. 21). Il se considérait comme un débiteur essayant, avec sa modeste stature, de poursuivre ce qu'a fait Jean-Paul II, ce géant (p.39).. Il parle de sa façon de prier, le pape étant un simple mendiant devant Dieu, plus encore que tous les autres hommes (p. 35). Dans ce même livre il répond à ceux qui lui reprochent de ne pas avoir cette foi mariale que Jean-Paul ii a imposée à l'Eglise. Marie a sa place mais la foi de son enfance, de sa famille a été centrée sur le Christ (p. 213-214). Est-ce cette simplicité qui a poussé Don Mietek à transmettre une consigne sans appel au nouveau Pape : "Le pape a toujours porté la soutane, vous devez faire de même". Il est vrai que pour ce personnage le Pape était son Saint-Père Jean-Paul II et que le remplaçant n'avait pas à innover. Etant donné que dans une voiture banalisée le défunt pape quittait le Vatican pour s'aérer je pense que la soutane blanche devait être remplacée par un vêtement plus simple. Peut-être est-ce à cela que P. Seewald fait allusion page 105. (...).
La solitude est souvent évoquée pour Benoît XVI. Il n'a pas une cour soigneusement entretenue mais il n'est pas pour autant un ermite. Il mène la vie qui lui est imposée par sa fonction et qu'il a adaptée à son goût et comme il est raisonnable il voit le bon côté de ces nouvelles contraintes. (p. 105) aidé en cela par l'âge. Il livre un peu de lui mais toujours avec sobriété et c'est ce que j'aime. Le mois de décembre va être une période de grande activité mais notre Pape va veiller à ne pas se laisser écraser par un activisme désordonné et à pouvoir ainsi faire ce qui lui tient à cœur : maintenir et développer la foi en Jésus Christ. Je voudrais tant qu'il ne se fatigue pas trop vite.

J'ai lu ce livre en sachant que les commentaires allaient fuser. J'en avais entendus certains sur RND et RV qui n'étaient que louanges liées au choc médiatique mais avoir parlé du préservatif, ce produit de consommation courante, allait fatalement entraîner des réactions allergiques.
Le livre est lancé, Benoît XVI continue son ministère avec la même foi et marque son pontificat par des nouveautés. La veillée pour la vie naissante et la prière composée à cet effet en sont un bel exemple. J'ai été très touchée par le magnifique message lu par Mgr Gänsweiln aux obsèques de Manuela. Sous la sobriété on retrouve la sensibilité de notre Benoît XVI, son attachement à cette famille qui l'entoure depuis plus de cinq ans et qui recrée une ambiance propice à sa sérénité.

Luce del mondo: un lecteur m'écrit