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Enfin une réflexion originale - et intelligente - celle de don Filippi di Giacomo, dans l'Unità, dont devraient s'inspirer les "opérateurs de medias" qui parlent de démission du Saint-Père et qui répètent comme une ritournelle "le Pape a 85 ans": et alors? (12/4/2012)

     



L'article a été écrit avant le voyage apostolique au Mexique et à Cuba.
(original ici: http://settimocielo.comunita.unita.it/)

Les deux splendides images du Pape sont de l'AG d'hier, et sont à découvrir, avec beaucoup d'autres, sur le Benedetto XVI Forum.



Les catholiques et l'âge du Pape
21 mars 2012
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Le 16 Avril, Benoît XVI aura 85 ans, et deviendra ainsi le Pontife le plus âgé des cent dernières années. Puis, le 19 du même mois, il terminera la septième année de son «glorieux pontificat» (ce seront les maîtres mots des documents officiels de l'Église) et débutera sa huitième année de service pastoral à l'Eglise universelle.

Dans quelques jours, il partira pour l'Amérique latine, puis il voyagera encore en Italie et dans le monde. Il ira au Liban et, comme le soupçonnent les vaticanistes, dans les semaines à venir, il y aura des indications vers d'autres destinations.
En été, il nous fera discuter avec le troisième volume de sa trilogie sur Jésus.

En somme, Benoît XVI vit et se bat avec nous, et quand la lutte devient difficile (ne serait-ce que pour des raisons personnelles), les durs commencent à lutter. Jean XXIII, le pape conservateur qui sut être rebelle, quel âge avait-il quand il convoqua le Concile? Et Paul VI, quand il appela les terroristes «frères»? Et Jean-Paul II, quand il nous confia la partie la plus poignante, les cinq dernières années, de son aventure de pauvre chrétien?
Il est vrai qu'à force de diviser l'ovule en quatre (ndt: traduction littérale...) et de se demander si les "couples de fait" (ndt: DICO = PACS à l'italienne), peuvent être considérés comme des formes de familles, avec ou sans «mariage»; d'attribuer à tour de rôle à Pierre, Paul ou Jacques la représentation politique présumée des catholiques; de faire passer pour un ami des pauvres un certain évêque d'Ombrie (?), menant vie mondaine (y compris les samedis et dimanches) dans sa luxueuse villa sur le Janicule à Rome; le débat intra-ecclésial semble lui aussi n'agir que pour ne pas perdre sa place dans les revues de presse.

Noam Chomsky , prince de la linguistique contemporaine, observe que les humains utilisent des grammaires différentes selon leur culture, mais que sous les grammaires de surface, il existe une grammaire générique qui manifeste, sous chaque latitude et dans chaque peuple, l'existence d'une humanité cachée qui aspire à surmonter toute hostilité culturelle et religieuse. Peut-être est-ce à cela, à ce que risque de perdre une humanité qui ne se limite pas seulement à la culture occidentale, que devraient penser ceux des catholiques qui «rêvent» Benoît XVI retournant en Bavière pour profiter d'une retraite bien méritée. Le Pape avance en âge, et alors? Pourquoi devrait-il être déprimé, jusqu'à démissionner, à cause d'une vieillesse plus ou moins avancée? Qui peut dire que le «point culminant» de toute condition existentielle est atteint au bout de seulement quelques décennies derrière soi?

Toute l'Écriture judéo-chrétienne est envahie par une sacralisation de la <senioritas>, de la vieillesse. Sur l'Horeb (1), pour la Pâque, durant l'Exode, Moïse confie aux anciens le témoignage et la mémoire du projet de libération de Dieu pour son peuple. Dans les Évangiles et les Actes des Apôtres, les anciens sont appelés à la responsabilités du témoignage et de l'évangélisation. Dans l'Apocalypse, vingt-quatre vieillards (http://fr.wikipedia.org/wiki/Tenture_de_l'Apocalypse ) font partie du Tribunal de Dieu en représentation de son peuple. La Parole de Dieu n'est jamais vaine, enseigne saint Paul. Donc, c'est là le «statut» que la foi chrétienne reconnaît aux baptisés de toutes les époques.

Dans l'Evangile , le Christ utilise des mots et des enseignements pour faire comprendre comment et à quel point la vérité est ailleurs: entre Dieu et le monde, il y a l'abîme. Celui qui croit en Jésus-Christ ne doit pas dire «je suis», mais «je veux devenir». Et pour ce faire, il doit rester ouvert au futur, même quand il devient Pape. Pour lui, comme pour tout autre baptisé à la recherche de la vérité, ses pensées, ses opinions personnelles, arrivent en avant-dernier: celles définitives seront toujours révèlées par un Autre.

Mais nous vivons une époque étrange. Depuis plus de deux siècles, notre civilisation a cru progresser en détruisant les mythes qui l'avaient structurée et animée pendant des millénaires. Mais les mythes ne meurent pas, s'ils sont attaqués, ils se cachent pendant un certain temps, ou se déguisent.
Ainsi, la senioritas (ndt: culte de l'ancienneté) sacrée de notre tradition culturelle est devenue la sanioritas (culte de la santé), c'est à dire ce «vitalisme» qui prévaut dans les pays occidentaux, basé sur des mythes que nous n'avons pas annulés, mais soulignés au point de devenir les modèles du système médiatique. Tant et si bien que, dans un monde condamné à une nourriture insuffisante, le système nutritionnel occidental oscille entre des archétypes physiques qui planent entre l'anorexie et la boulimie, des formes esthétiques construites artificiellement, l'exaltation d'une situation générationnelle (la jeunesse) destinée (comme l'indiquent les projections démographiques de l'Occident) à devenir minoritaire.
«Tous les révolutionnaires meurent à vingt ans, même quand ils durent cent ans», a écrit je ne sais plus qui. Il suffit de regarder autour de soi pour voir comment et pourquoi, après et au-delà de toute utopie, c'est aussi la longévité du Pape, qui aide les catholiques d'aujourd'hui, ceux qui cherchent la sagesse du cœur, à restituer à leur existence le sens de la vie.

Notes

(1) Filippo di Giacomo tient un blog intitulé (comme le blog personnel de Sandro Magister) "Settimo Cielo", et hébergé par les pages de l'Unità (http://settimocielo.comunita.unita.it/ ). Je lis, dans sa présentation:
"Il part pour le Congo à 19 ans, en 1971, et sa formation théologique se déroule comme élève-interne, unique européen, au Séminaire de Kananga".
Sa photo, et le journal pour lequel il écrit, m'induisent à penser qu'il n'est pas un prêtre traditionaliste!! Et pourtant, il a déjà écrit sur le Pape des pages plus belles que beaucoup de ce que j'ai pu lire dans la presse française dite "catholique" - même s'il est évidemment assez critique par rapport au "système". Certaines ont été traduites dans ces pages.

(2) Le mont Horeb est le lieu où le Deutéronome place l'épisode de la remise du Décalogue à Moïse par Dieu. Il est décrit dans deux passages (Exode, III, 1 et I Rois, XIX, 8) comme la « Montagne de Dieu ». C'est aussi le lieu de la rencontre d'Élie avec Dieu.
D'autres passages de la Bible présentent ces événements comme se déroulant sur le Mont Sinaï, et bien que le Sinaï et Horeb soient souvent considérés comme étant des noms différents du même lieu, certains considèrent qu'il s'agit de deux endroits distincts (wikipedia, sous réserves...)