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Une lecture du discours du Saint-Père à la Scala de Milan, par l'euro-député Mario Mauro, qui nous rappelle que l'Hymne à la joie est aussi l'hymne officiel de l'Union Européenne. (8/6/2012)


>> A lire sur ce sujet:
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La IXe Symphonie, à la Scala
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Mario Mauro, sur ce site.

     



L'Euro-député Mario Mauro (1) est un de ceux qui nous inciteraient à ne pas désepérer totalement de la politique.
On rêverait qu'un homme politique français en dise même le quart.
Dans un éditorial du quotidien italien Il Sussidiario, il revient sur le discours extraordinaire (et largement ignoré par les medias) prononcé par le Saint-Père à la Scala de Milan, à l'issue du concert, donné en son honneur, où a été exécuté l'Hymne à la Joie, dont il nous rappelle que c'est l'hymne officiel de l'UE.

Article en italien: http://www.ilsussidiario.net
Ma traduction.

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L'Europe selon Benoît
Mario Mauro

8 Juin 2012
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Il y a tellement de suggestions et d'images qui restent gravées dans les cœurs et les esprits après la visite du Pape à Milan à l'occasion de la rencontre mondiale des familles.
Dans les discours que le pape Benoît XVI a prononcés à Milan, il y a plus d'une référence à la situation où se trouve l'Europe. Le grand rassemblement des familles est déjà en soi un événement créé aussi dans l'inquiètude que suscite la crise de la famille au sein de l'Union européenne.
Le Souverain Pontife, dans son discours à la Scala après le concert en son honneur, a offert à l'Union européenne une interprétation merveilleuse de son hymne officiel.
Ce n'était pas seulement un moment dans lequel il a donné une preuve de sa culture immense et de son amour pour la musique, mais aussi un message politique clair destiné à ceux qui gouvernent l'Europe et aux dirigeants de ses États membres.
Parlant de l'Hymne à la joie, le pape révèle l'importance de la présence de Dieu dans l'un des symboles choisis pour représenter le peuple européen dans le monde. Et ce n'est pas le seul, le drapeau européen aussi (fond bleu avec douze étoiles disposées en cercle), a en effet des origines religieuses: les étoiles sont celles du douzième chapitre de l'Apocalypse: «Dans le ciel apparut un signe grandiose: une femme revêtue de soleil avec la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles » (2).

Benoît XVI a ainsi décrit la joie de Beethoven: «C'est une vision idéale de l'humanité, celle que Beethoven dessine avec sa musique: "la joie agissante dans la fraternité et l'amour mutuel, sous le regard paternel de Dieu" (Luigi Della Croce ). Ce n'est pas une joie spécifiquement chrétienne, celle que chante Beethoven, c'est la joie, cependant, de la coexistence fraternelle des peuples, de la victoire sur l'égoïsme, et c'est le désir que le chemin de l'humanité soit marqué par l'amour, presque une invitation qu'il invite à chacun, au-delà de toute barrière et conviction »...« Nous n'avons pas besoin d'un discours irréel d'un Dieu lointain et d'une fraternité qui n'engage pas. Nous sommes à la recherche d'un Dieu proche. Nous sommes à la recherche d'une fraternité qui, au milieu des souffrances, soutient l'autre et contribue ainsi à nous faire avancer».

Cette fraternité qui nous soutient dans les moments difficiles, comme celui que traversent les populations victimes du tremblement de terre, est aussi la pierre angulaire sur laquelle a été construit ce projet appelé Europe unie.
C'est donc un appel clair du Saint-Père à la situation dans laquelle verse l'Union européenne, au chaos et aux divisions résultant de la crise. La question européenne ne sera résolue que si l'hymne à la joie devient vraiment une ode à la fraternité et à la coexistence civile. Et la joie sera la joie de partager les difficultés, de se mettre ensemble au nom d'un idéal de solidarité et d'amour pour le sort de ceux qui sont à côté de nous, à travers lequel on pourra surmonter les obstacles de toutes sortes.

L'égoïsme de certains Etats membres de l'UE et la myopie de ceux qui régissent les institutions communautaires, sont d'autre part un témoignage vivant de la façon dont on peut détruire une oeuvre grandiose comme celle qui a été créé après la Seconde Guerre mondiale.


«Merci au Maestro Daniel Barenboim, aussi parce que le choix de la Neuvième Symphonie de Beethoven nous permet de livrer un message à travers la musique, qui affirme la valeur fondamentale de solidarité, de fraternité et de paix» - poursuit le Pape - « et il me semble que ce message est également précieux pour la famille, parce que c'est dans la famille que l'on expérimente pour la première fois combien la personne humaine n'est pas créée pour vivre repliée sur elle-même, mais en relation avec les autres; c'est dans la famille, que nous comprenons comment l'auto-réalisation n'est pas de se mettre au centre, guidé par l'égoïsme, mais dans le don de soi».

Ceux qui gouvernent l'Europe ne peut ignorer les paroles du Saint-Père, et ne peuvent pas laisser échapper son message: si l'Union européenne et ses Etats membres étaient considérés aujourd'hui comme une grande famille, où l'on collabore et se se donne les uns pour les autres pour porter son propre plan de vie, peut-être serions-nous dans une situation totalement différente.


Notes

(1) Mario Mauro. Né en 1961.
Député européen depuis 1999, actuel président du groupe des députés du Popolo della Libertà (Berlusconi)
Voir son site internet, et son credo, ici: http://www.mariomauro.eu/in-cosa-credo

Ce que je crois
L'Europe compte. Et pour vous, elle compte comment?
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Peut-être peu de gens savent-ils que plus de 70% des lois qui sont faites en Italie sont la ratification des directives venant de Bruxelles. Il est également vrai, cependant, qu'on ne sait peu ou rien de l'Union européenne. Cette institution est souvent perçue comme éloignée de la vie de ses citoyens. Les données confirment cette thèse: face à cent notes de caractère politique, seulement 2 expliquent ce qui se passe en Europe. Il est donc légitime de se demander quelle direction prend l'Europe.
Si en Europe on décide beaucoup de choses, qui affectent grandement la vie des gens, dans le même temps le manque de clarté sur la façon dont ces décisions sont prises génère un véritable déficit démocratique.
Face à ce défi, nous sommes appelés à assumer la responsabilité de défendre ce qui nous tient à coeur, redevenir protagonistes, être en Europe avec notre visage. Nous sentons la nécessité de donner à l'Europe une nouvelle empreinte et nous battre pour que l'Europe, qui est aujourd'hui à un carrefour entre relance et déclin, prenne la bonne direction.
Nous voulons compter plus, en même temps, réaffirmer que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. Mais parce que de ce jugement ne peut sortir une sujétion envers la bureaucratie et les "pouvoirs forts" (ndt: curieusement, cette expression très suggestive en Italie, elle a même été récemment utilisée par le Premier Ministre Monti, n'a pas d'équivalent en français: sans doute parce que ne pas nommer l'inommable, c'est nier son existence?) il est essentiel de faire revivre nos idéaux: l'irréductibilité de la personne humaine, sa dignité, son désir d'accomplissement par le travail, l'entrepise, la construction d'expériences de charité et d'éducation.
Et puis, il y a des urgences qui sont imposées par le moment historique particulier dans lequel nous vivons: l'engagement dans la défense des chrétiens persécutés, les luttes pour faire valoir le principe de subsidiarité, l'urgence éducative, la protection du droit à la vie et la valeur de la famille.
En un mot, notre Europe: celle dans laquelle la ressource principale n'est constituée ni par les banques ni par les gouvernements, mais par les personnes. Nous voulons, par conséquent, une Europe dynamique et compétitive, acceptant les défis. Une Europe cohérente, libre et démocratique.
Nous voulons une Europe qui mise sur les jeunes, et qui valorise leurs qualité. Nous voulons une Europe qui, chérissant ses enfants, leur assure un avenir de paix et le développement. Nous voulons une Europe qui, tout en reconnaissant ses racines chrétiennes, soit capable de retrouver son propre horizon et sa propre dimension, et pour cela, s'ouvrir à un dialogue non formel avec chacun.
Nous voulons choisir une Europe qui a vraiment à cœur le bien de ses peuples.

(2) L'histoire du drapeau européen a été racontée ici par Vittorio Messori: http://benoit-et-moi.fr/2011-III/