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Du Mont-de Piété aux Caisses d'épargne… et à l'explosion de la bulle immobilière. Un article d'un blogueur espagnol, qui nous rappelle que des moines du Moyen-Age sont à l'origine de ces "Monts de Piété", ou leur équivalent, ce que nous nommons aujourd'hui "micro-crédit". Traduction de Carlota. (21/6/2012)

     



Carlota:

Déjà à l’époque de Mme Lagarde et du gouvernement de Nicolas Sarkozy, la France (mais pas seulement elle), a rendu possible la finance « vertueuse » islamiste c'est-à-dire le prêt dit sans intérêt, avec de l’argent venant de pays de l’Islam.
Et pendant ce temps-là, la crise qui touche l’Espagne (notamment) a obligé les caisses d’épargne espagnoles à fermer.

Un article trouvé ici (tradiciondigital.es/) fait un intéressant rappel sur la finance vertueuse pratiquée sous l’impulsion de l’Église catholique depuis l’origine.
Un lecteur complète l’article en rappelant que le premier équivalent du Mont de Piété espagnol dont on a la trace écrite fut créé dans l’Espagne wisigothe, à l’initiative de l’évêque de Mérida, un certain Masona (571-605). Pour nos éventuels lecteurs qui ne le sauraient pas, Mahomet n’était pas encore né !
Cette région de l’Est de l’Espagne eut son premier évêque au IIIème siècle (Martial, mort en 255).

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La destruction de la banque catholique : du Mont de Piété au transfert de Ronaldo
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Les caisses d’épargne sont les tristes protagonistes du sauvetage bancaire dont la nation espagnole est le sujet malade.
Peu d’Espagnols connaissent cependant l’origine de ces caisses d’épargne. Dans mon enfance, leur nom officiel - et parfois l’enseigne des établissements - incluait encore «Mont de Piété». Dans les années 1980, il disparut.
En ce troisième millénaire ils ont pris des noms infantiles, prétentieux et néanmoins quelconques.

L’origine de ces bankias, caixas et bancaixas réside dans l’initiative des moines médiévaux qui après avoir constaté la misère que l’usure apportait au peuple, introduisirent le «crédit populaire». C'est-à-dire ce qu’aujourd’hui on désigne sous le nom de «microcrédit»

Selon Wikipédia (ndt: en espagnol), les «Monts de Piété» apparurent, «dans le nord et le centre de l’Italie au XVème siècle, à l’initiative des franciscains, comme moyen de combattre les misères de l’usure. Les premiers Monts de Piété furent établis entre 1462 et 1490 à Pérouse, Savone, Mantoue et Florence ».
On y apprend aussi qu’en France, «les Monts de Piété ne furent créés qu’après 1777 (ndt: Louis XVI est devenu roi en 1774) mais que la Révolution détruisit cet espèce de monopole qu’exerçaient ces établissements d’où l’apparition d’innombrables caisses de prêts où se pratiquaient des taux d'usure énormes ».
Très significatif !

Madrid ne fut pas une exception, comme on le découvre sur le portail de la Caisse d’Épargne de Madrid, la «CAJA MADRID» ici en VO . En effet cet organisme «a son origine dans le Mont de Piété fondé par le prêtre aragonais Francisco Piquer le 3 décembre 1702. Sa finalité initiale était de traiter les demandes des classes sociales qui avaient le plus besoin de protection, à travers l’octroi de prêts gratuits, garantis sur des bijoux et des vêtements, et d’essayer en cela d’adoucir les abus de l’usure».

La transformation en Caisse d’Épargne se fit peu à peu. D’abord fut créé la Caisse : « en 1836, pour la première fois fut prévu le paiement d’intérêt sur les prêts consentis, pour couvrir les frais d’administration que générait l’activité du Mont de Piété et pour assurer son avenir économique. Deux ans plus tard, le 25 octobre 1838, est créée la Caisse d’Épargne de Madrid, avec l’objectif de permettre aux classes sociales les moins aisées d’y déposer de petites quantités d’argent».

Plus tard les deux organismes ne vont plus faire qu’une seule entité. Ainsi le 22 avril 1869 est constitué le «Mont de Piété et la Caisse d’Épargne de Madrid». Par la suite, en raison de l’importance de la fonction acquise par la Caisse d’Épargne par rapport au Mont de Piété, l’ordre d’appellation de l’organisme fut inversé.

Voilà ce qu’il en est de l’histoire jusqu’à nos époques les plus récentes, celles de l’actuel régime juancarliste (1) durant lequel s’est produit un processus de concentration et de politisation qui a mené ces caisses d’épargne à la ruine par leur implication imprudente dans des investissements politiques, et pour avoir accepté des risques excessifs dans le financement de la bulle immobilière (2).

Dans les années 80, on leur a octroyé un caractère de « fondations » (ndt: Une fondation est une personne morale de droit privé à but non lucratif créée par un ou plusieurs donateurs, eux-mêmes pouvant être des personnes physiques ou morales, pour accomplir une œuvre d'intérêt général. Les fondations sont rattachées à la famille des structures composant l'Économie sociale. Cf. fr.wikipedia.org/ : je ne sais pas si le mot a le même sens juridique en Espagne).
Leur conseil d’administration a été constitué principalement de membres provenant des gouvernements régionaux (ndt régions autonomes d’Espagne) et des syndicats.
Les caisses d’Épargne n’ont pas d’actionnaires, et elles doivent donc consacrer leurs bénéfices à des fins sociales. De fait elles fonctionnaient comme les banques publiques des « autonomies » (ndt et en Espagne comme d’ailleurs en France la décentralisation a fait exploser les dépenses des régions, sans générer d’économie pour le gouvernement central).

Parmi les cas les plus retentissants il y a les accords donnés aux clubs sportifs pour l’acquisition de joueurs de football. Ainsi la Caisse d’Épargne de Madrid a payé le transfert de Ronaldo (ndt voir éventuellement ici pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de ce joueur . Mais en France nous avons même des petites villes de province qui font venir des joueurs étrangers pour des équipes qui jouent dans des stades quasiment vides de spectateurs la plus grande partie de l’année…).

La crise immobilière a entraîné une dépréciation dramatique des activités des caisses d’épargne (dans un pays qui souffre de la dénatalité, de la désindustrialisation, des impôts toujours plus élevés sur des actifs de moins en moins nombreux, les gens se sont retrouvés au chômage et n’ont pas pu payer leurs prêts ou ont renoncé à acheter, les constructeurs immobiliers qui avaient emprunté pour construire des logements en grand nombre ne peuvent plus payer leurs dettes, etc.).
La stratégie de fusionner les caisses d’épargne pratiquement en faillite ne pouvait mener bien loin. On a créé de grandes entités qui créent des risques systémiques [encore plus grands] (« elles sont trop grandes pour s’écrouler »).
Le 8 juin dernier le gouvernement espagnol a été forcé d’accepter un sauvetage international de 100 000 millions d’euros (3) , qui n’a cependant pas éliminé les doutes que les marchés ont sur la solvabilité du système financier espagnol et du royaume lui-même (4).

Notes complémentaires :
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(1) L’auteur de cet article semble montrer en employant ce terme qu’il est sans doute plus de conception conservatrice de la monarchie espagnole que de celle où d’un monarque (version Juan Carlos ou Elisabeth II d’Angleterre) qui sous le couvert de la sacralisation de la démocratie laisse mener des politiques dévastatrices pour les peuples de ces royaumes par gouvernements élus qui poursuivent un intérêt qui n’est sûrement pas celui des peuples et des royaumes en question. Ce texte est tiré d’un site qui ne s’appelle pas par hasard tradiciondigital et qui est sans doute plus d’idéal carliste que juancarliste mais qui peut néanmoins présenter des articles intéressants et qui sortent du langage habituel du système.

(2) On peut se rappeler avec profit que si les banques sont responsables, les États ont aussi imposé certaines pratiques aux banques comme par exemple le prêt à des ménages qui n’avaient pas, raisonnablement, de revenus suffisants pour acheter leurs logements. Cette bulle a commencé aux Etats-Unis. La consommation était sensée relancer l’économie, mais l’économie ne peut se relancer que par la véritable création de richesses et pas par les dépenses. La réalité des choses présente toujours la facture à un moment ou à un autre.

(3) Environ 17 millions d’Espagnols ont actuellement un emploi (et 5 millions au chômage) sur une population d’environ 46 millions d’habitants. Ce prêt correspond grosso modo aux salaires/smic de 13 millions d’Espagnols pendant un an. Il est bien évidemment impossible à rembourser, et ne sauvera pas l’économie de ce pays.

(4) La crise est mondiale, l’on ne peut impunément avoir fait marcher la planche à billets verts depuis les accords de Bretton Woods (1944) sans conséquence. Toutes les fausses monnaies dans l’Histoire des hommes (que cela soit au départ avec des pièces dont la valeur métal était frauduleusement diminuée, déjà à l’époque romaine), les assignats des révolutionnaires ou la monnaie virtuelle actuelle, montrent leurs limites en quelques décennies, nous y sommes malheureusement et comme d’habitude ce sont toujours les plus vulnérables qui en pâtissent les premiers.