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Carlota a traduit le commentaire de JL Restan sur la nomination du préfet de la CDF: "Benoît XVI a pris sa décision après avoir étudié, dialogué et prié, comme c'est son style. Il a pris une longue année pour choisir et finalement il a de nouveau regardé vers l'Allemagne". (3/7/2012)

Original ici: Paginas Digital.

>>> Voir aussi:
¤ Un nouveau préfet à la CDF
¤ Mgr Müller, nouveau préfet de la CDF (suite)

* * *

Müller déménage pour Rome
José Luis Restán
03/07/2012

Quand Benoît XVI prononçait sa grande homélie à l’occasion de la fête de Saint Pierre et de Saint Paul, il avait déjà pris la décision. Ce serait son « jeune » ami, l’évêque de Ratisbonne, Gerhard Ludwig Müller, le nouveau Préfet de la Foi. En terminant son homélie, le Pape Ratzinger s’est adressé aux évêques métropolitains, qui venaient de recevoir le pallium les invitant à se sentir ensemble « des coopérateurs de la vérité », laquelle est une, et symphonique, et réclame de chacun de nous et de notre communauté la persistance constante de conversion à l’unique Seigneur dans la grâce de l’unique Esprit .

Faire que resplendisse dans le monde (et avant, dans chaque cœur humain) la vérité qui est une et symphonique, c’est la tâche très spéciale du Successeur de Pierre, mais elle requiert d’avoir à son côté un homme d’une grande connaissance théologique, d’une vertu éprouvée, doté de largeur de vue, de courage et d’épaules larges. Un homme d’une foi rigoureuse enracinée dans la Tradition, mais un homme qui connaît (et si possible qui aime) son époque.
Juste après avoir commencé son pontificat, Karol Wojtyla avait pensé à un jeune archevêque allemand qui à son avis réunissait toutes ces caractéristiques. Cela ne lui a pas été facile mais il a fini par arracher Joseph Ratzinger à sa bien-aimée Bavière et à l’installer près du siège de Pierre. Nous connaissons la suite de l’histoire.

Peu de temps après son élection, Benoît XVI a appelé l’américain William Levada pour jouer ce rôle.
Descendant d’immigrés portugais et établi sur la côte Pacifique, dans une ville aussi paradoxale que San Francisco, qui lui avait occasionné autant de bonheurs que de difficultés, Levada était accouru rapidement à l’appel du nouveau Pape. Il a été un homme fidèle, rigoureux et discret, un homme de véritable confiance bien qu’il n’ait pas été aussi brillant que certains de ses prédécesseurs dans la fonction. Son dernier grand service a été l’intervention romaine dans la principale association de supérieures religieuses en Amérique du Nord (ndt : La LCWR, voir Des sœurs américaines sous enquête). Un vieux dossier dont Levada s’est chargé en bon connaisseur de l’affaire et pour laisser ce chemin dégagé à son successeur . De fait il avait exprimé au Pape son souhait de faire retour à sa patrie dès que possible, une fois passée la ligne des 75 [ans].

Benoît XVI a pris sa décision après avoir étudié, dialogué et prié, comme c’est son style.
Il a pris une longue année pour choisir et finalement il a de nouveau regardé vers l’Allemagne.
Cela n’a pas été facile. D’abord pour la grandeur de l’engagement que personne ne connaît mieux que lui. Il ne s’agit pas principalement, de faire entendre raison à des théologiens turbulents, dans ce poste, Ratzinger le sait bien, il faut aimer autant l’ordre que la vie. Aux portes de l’Année de la Foi le Pape ne se trompe pas : il ne s’agit pas de défendre les dernières tours de la forteresse mais de générer de nouveau la vie, et cela exige des dons peu communs.
D’autre part nous sommes à un moment très délicat à l’intérieur du Saint Siège, et Benoît XVI cherche à compléter une équipe qui se consacre avec un dévouement total et sans réserves à la tâche qu’il a reçu, surtout parce que le temps presse. Évidemment, plus tôt que tard, un chapeau [de cardinal] rouge attend le nouveau Préfet. Mais il y avait une difficulté supplémentaire : le Pape sait qu’en amenant l’élu à Rome, il perd une pièce peut-être clef, sur un échiquier âpre et difficile qu’il aime tant, celui de l’Église qui chemine en Allemagne.

Eh bien donc, Müller est l’élu. Il a 64 ans et depuis 2002 il était le pasteur du diocèse de Ratisbonne, où il n’est pas passé inaperçu. Avec courage et sans complexes il a tenu tête à certaines organisations laïques qui prétendaient contrôler son diocèse en le retirant de l’unique champ légitime, celui de l’évêque, successeur des apôtres. Il n’a pas été non plus galant avec les manchettes des journaux (ndt dans le sens large des médias) quand elles attaquaient l’Église et en particulier le Pape, ni avec les politiques si habitués en Allemagne à intervenir comme de pseudo-théologiens. Donc Müller est une sorte de bête noire pour l’opposition sauvage de mouvance progressiste (1). Mais il y a aussi un monde traditionnel qui ne lui fait pas confiance, le considère trop ouvert et murmure sur son amitié avec le théologie péruvien Gustavo Gutiérrez (2), un des fondateurs de la Théologie de la Libération. Eh bien, cette amitié mentionnée ne semble pas faire peur au Pape.

Pour celui qui se sentirait perplexe, disons que Benoît XVI a voulu que ce soit l’évêque Müller qui s’occupe personnellement de l’édition de son « Opera Omnia ». Cela ne semble pas être une mission pour un homme douteux, dans un domaine où Joseph Ratzinger accumule autant de compétence.

Ce qu’il y a, peut-être, c’est que Müller, comme son mentor, est un homme difficile à classer et que les étiquettes simplistes lui vont mal. À Madrid, Gerhard Müller est bien connu et il ne manque pas d’amis ; durant des années il a été un professeur invité de la Faculté de Théologie San Damaso et sa connaissance de notre langue lui permet de prêcher une homélie sans notes. Il connaît bien notre histoire et notre fibre spirituelle, avec ses forces et ses faiblesses, de la même façon il a une sensibilité très particulière pour toute la zone de l’Amérique hispanophone.

Les lettres de créances ne lui manquent pas, mais reprenons quelques paroles du Pape dans son homélie de la célébration des Saints Pierre et Paul, quand il a fait référence au bon combat de la foi : « ce n’est certainement pas le combat d’un meneur, mais celui de quelqu’un qui annonce la Parole de Dieu, fidèle au Christ et à son Église, à qui il s’est remis totalement ». C’est « le bon combat » que nous souhaitons à Mgr Müller dans sa nouvelle étape romaine.

* * *

Notes :

(1) Excellente nouvelle: selon ce site allemand (http://www.stimme.de/), l'ineffable Küng (s'il n'existait pas, il faudrait l'inventer!!) trouve la nomination de Mgr Müller "désastreuse".

(2) Gustavo Gutiérrez, évêque péruvien né en 1928 (voir avec les réserves d’usage sa fiche sur le wikipedia fr). L’encre de l’ « abitur » de Mgr Müller était donc à peine sèche que le prélat péruvien quadragénaire, et formé en théologie à Louvain et à Lyon, avait déjà « théorisé» la théologie de la libération (1971). Un religieux hispanophone, d’un des pays les plus riches du monde, peut sans être marxiste, s’intéresser à l’approche de Mgr Gutiérrez, originaire d’un pays plein de contrastes et où l’effroyable parti terroriste marxiste léniniste et maoïste « Sentier Lumineux » a sévi plus particulièrement entre 1980 et 1990 (environ 70 000 victimes). Le Pérou qui comptait environ 10 millions d'habitants en 1960, en compte trois fois plus aujourd’hui.