Actualités Images Visiteurs La voix du Pape Livres Lu ailleurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil Actualités

Actualités


Voyages apostoliques 2005-2009 La lettre de Jeannine Affaires de pédophilie dans l'Eglise Benoît XVI à la Synagogue Affaire Williamson, un an Voyages 2010 Intentions de prière

La cour des gentils, de France

Deux textes français" pour" le Pape, appréciables, mais tardifs, de la part de deux représentants - à des degrés divers - de la "Cour des Gentils": Rioufol et Besançon. (21/4/2010)

Deux bons textes (même si tardifs), aujourd'hui, sur Internet: il y en a de plus en plus, c'est un fait, hors du cercle des "fidèles" dès le début, qui se reconnaissent facilement, car ils n'ont pas accès aux revues de presse et aux "têtes de gondoles" de Google et Yahoo.

A quelques petites réserves près: je ne suis pas d'accord avec la "nullité communicative" (*) du Vatican affirmée par Y. Rioufol (accusation dont j'ai déjà démontré l'inanité, d'autant plus que sur la dernière tempête, le Saint-Siège, à défaut de communiquer, a réagi dans la réfutation systématique et la transparence - j'aurais personnellemnt préféré une attitude plus agressive, donc encore moins "communicative"), et je ne suis pas d'accord non plus avec la qualification de "nombreuses" pour les affaires de pédophilie, avancée par A. Besançon: d'autres (Introvigne, Mastroianni), chiffres à l'appui, ont montré qu'elles étaient en réalité très marginales.

Le premier texte est celui d'Yvan Rioufol, qui partage avec moi une opinion qui se répand de plus en plus: la succession des polémiques commence à faire "pschitt...!", les gens qui réfléchissent commençant à trouver les ficelles vraiment trop grosses, et parmi ceux qui ne réfléchissent pas trop, beaucoup sont indifférents aux indécents diktats médiatiques, faute de leur prêter attention. (voir ici: Pour se remonter le moral >| tout ça pour ça)
Le second est l'hommage de l'intellectuel français Alain Besançon, au parcours sinueux, puisqu'il est passé par le parti communiste, publié par l'Osservatore Romano (merci à ESM), et qui se conclut par un constat assez terrible: La gloire de son pontificat n'est pas visible. C'est celle du martyre.


<<< Haut de page 

Y. Rioufol

Le Pape, plus écouté que ne le disent les médias?
Par Ivan Rioufol le 19 avril 2010
(Source: http://blog.lefigaro.fr/rioufol/... )
-------------------------
Et si le Pape était plus écouté et soutenu que les médias ne l'assurent?
A l'occasion du cinquième anniversaire de son élection, ce lundi, les commentaires s'accordent pour dire que l'Eglise catholique est déconnectée du monde, renfermée, solitaire, autiste, ridicule. Le théologien Hans Küng, qui pilonne Le Vatican à la Grosse Bertha, assure (Le Monde, 18-19 avril) : "Un nombre inimaginable de gens ont perdu confiance en l'Eglise".
A-t-il des chiffres?
Ce même week-end, en tout cas, la Pologne enterrait son président, Lech Kaczynski, et son épouse, dans une ferveur catholique impressionnante, tandis que Malte accueillait le Pape dans la liesse populaire. Ces deux pays sont, il est vrai, les plus catholiques d'Europe. Pourtant, j'ai le sentiment que la furie médiatique qui s'est abattue sur Benoît XVI, au nom de la défense de l'Homme moderne, déconsidère davantage la meute que la victime. Ces donneurs de leçons qui se donnent en exemple et veulent faire fléchir la plus vieille institution encore debout sont-ils certains de n'être pas, eux-mêmes, déconnectés des gens ?

Le Vatican est nullissime en communication, c'est évident. Le Pape lui-même, cérébral et introverti, n'a pas le goût des foules et de la scène de Jean-Paul II. La majorité des polémiques de ces cinq dernières années a été la conséquence de propos hâtifs, non coordonnés, mal compris. Quant à la gestion du drame des prêtres pédophiles, elle a été faite de telle manière que le Pape apparaît comme celui qui a cherché à étouffer ces crimes alors qu'il en a été le dénonciateur. De ce point de vue, une politique de communication plus moderne doit de toute évidence être mise en place afin de mieux construire les messages à faire passer et de pouvoir répondre dans l'instant aux éventuelles mises en cause. L'Eglise doit faire l'effort de ces concessions à une époque en recherche de transparence, dans la mesure où elles ne dénaturent pas son message. Mais pour le reste, son meilleur atout est de demeurer elle-même, c'est-à-dire une force de résistance à l'air du temps.

Le conservatisme de l'Eglise irrite les médias qui vouent un culte au "bougisme". Mais c'est une vertu qui pourrait être de plus en plus recherchée, en réaction au relativisme qui mélange les valeurs et à une modernité tyrannique qu'un volcan islandais, l'Eyjafjöll, suffit à effrayer. Surtout, parce qu'elle sait tenir tête au terrorisme intellectuel de ceux qui croient avoir raison contre près de deux mille ans de civilisation, l'Eglise est, en dépit de ses maladresses, exemplaire d'un courage qui se fait rare. Benoît XVI a bien illustré ce rôle dans sa dernière homélie: "Aujourd'hui, grâce à Dieu, nous ne vivons pas sous des dictatures, mais il existe des formes subtiles de dictatures", liées au "conformisme qui oblige à penser comme tous les autres, à agir comme tous les autres" et qui conduisent à "une agression subtile- ou moins subtile - contre l'Eglise". Conservatisme, non-conformisme : ces mots ne sont pas ceux des médias suiveurs. Mais ils répondent, j'en suis persuadé, à beaucoup de ceux qui s'exaspèrent du poids de la pensée unique et de ses oukases.


<<< Haut de page 

Alain Besançon

Les cinq années de pontificat de Benoît XVI
Alain Besançon : La restauration de l'intelligence
-----------------
L'élévation du cardinal Ratzinger au Siège de Pierre, il y a cinq ans, a été accueillie avec confiance par l'Eglise catholique, et par les chrétiens du monde entier. On se souvenait de l'équipe remarquable qu'il avait composée avec son prédécesseur Jean-Paul II. Le Pape polonais, doué d'une personnalité puissante et d'un charisme irrésistible, avait eu la sagesse, et l'on peut dire l'humilité de s'adjoindre un grand esprit à l'allemande, qui avait reçu une formation classique plus complète que la sienne; un Herr Doktor Professor, le plus savant gardien possible de la foi reçue des apôtres. Jean-Paul II laissait, croyait-on, une Eglise remise sur pied. On estimait que l'Eglise avait maintenant besoin de calme et de réflexion. Nul n'y était mieux préparé que Benoit XVI, et il indiqua dès ses premiers actes quel serait l'esprit de son pontificat.

Son nom: Benoît, celui du sage Benoît xv qui essaya en vain de mettre fin à la guerre de 14, celui de Benoît XIV, le Pape des Lumières, si docte et large d'esprit, celui de saint Benoît, le père fondateur de l'Europe. Sa première encyclique, Deus Caritas est, mettait fin à la confusion, si propre à notre temps, entre l'Eros, l'Agapè chrétienne et la Philia des Anciens. Il ne condamnait nullement Eros, source de toute vie, mais le mettait à sa place au service de l'Amitié et de la Charité. De la même façon, la seconde encyclique indiquait le juste discernement entre la vertu d'Espérance, et ce qu'on peut raisonnablement espérer, enfin les contrefaçons utopiques et révolutionnaires. Inlassablement, Benoît XVI luttait pour la clarté et la précision. Rien ne lui semblait plus dangereux que le relativisme qui s'accorde avec la société démocratique moderne. N'importe quel groupe organisé peut légitimer une opinion en tant qu'elle est la sienne, sans avoir à la soutenir en raison. Dans le domaine religieux, le pendant du relativisme est l'humanitarisme vague, hostile aux affirmations dogmatiques parce qu'elles créent des frontières et provoquent les conflits. Il est mal de proclamer la vérité, il est mal en soi d'avoir des ennemis.

On voyait bien que ce Pape s'était attelé à une tâche de longue haleine: la restauration de l'intelligence, au sein de l'Eglise. La Réforme, la Révolution française, le communisme, le nazisme, avaient été autant de chocs dramatiques qui menaçaient l'Eglise dans sa survie et qui ne laissaient guère de place pour l'otium, ce loisir tranquille dont la pensée a besoin. Le Pape a indiqué ce qu'il fallait faire en prononçant aux Bernardins à Paris une magnifique leçon, digne des plus augustes pères de l'Eglise. Il fallait profiter de ce moment de paix pour effectuer un travail de fond. En particulier, on pourrait réfléchir aussi à la structure administrative de la Curie qui datait fondamentalement du Concile de Trente, que Vatican II avait cherché à assouplir. Le Pape, grand musicien, avait fait venir son vieux piano. On avait, semblait-il, du temps devant soi.

Or il ne l'a pas eu. L'histoire est imprévisible. En cinq ans, le Pape a dû affronter deux accidents inattendus.

Autant que ses derniers prédécesseurs, Benoît XVI est attaché à la cause de l'œcuménisme. Il a salué avec joie l'accord obtenu avec les communautés luthériennes. Du côté des orthodoxies, l'enlisement dure (??), bien qu'on ne puisse se résigner à ce que ces Eglises soient séparées de celle de Rome par la même foi, comme on a dit que l'Angleterre et l'Amérique sont séparées par la même langue. Il est trop tôt pour juger des résultats de la démarche commencée en direction de l'anglicanisme. D'autre part, le Pape a cherché la bonne entente avec les religions non chrétiennes. Or s'est tout de suite posée de façon aigüe la question de l'islam. Premier accident.

Le discours de Ratisbonne était savant, modéré, bienveillant. Aussitôt il a suscité des réactions très brutales, mettant en danger les dernières Eglises chrétiennes qui survivent dans la condition de Dhimmi. Il a révélé aussi l'incompréhension des humanitaires parce qu'ils ne supportent pas que l'islam soit séparé de leur christianisme nébuleux par des différences de fond. Evidemment, si on tient l'Incarnation, la Rédemption, la Trinité pour des mystères périmés et sans importance, qu'est-ce qui empêche d'accueillir l'islam comme une variété de la même religion pour tous? La démesure de la réaction a révélé surtout l'ignorance dramatique du clergé et des fidèles touchant la religion de l'islam, et sans doute de la leur propre, car on ne peut comprendre l'une que si l'on comprend l'autre. Là encore, la nécessité d'un redressement de l'intelligence chrétienne s'impose absolument. Saint Thomas d'Aquin, à la question de savoir si la stupidité (stultitia) était un péché, a répondu qu'elle en était un quand elle a pour cause l'oubli des choses divines. Selon le même docteur, l'ignorance est aussi un péché quand elle porte sur des choses qu'on est tenu de savoir.

L'autre accident s'est produit à un niveau beaucoup plus bas. Des affaires de pédophilie nombreuses et anciennes se sont brusquement fait jour, orchestrées par un tourbillon médiatique comme nos sociétés en engendrent de plus en plus souvent, mais qui ont pris cette fois une ampleur inouïe. On reproche au clergé catholique des faits, qui sont incontestables et d'avoir voulu les taire et les cacher, ce qui a été souvent le cas.

Je voudrais à ce propos faire deux observations.
La première est que l'échelle des crimes a subi dans l'opinion publique, au cours du dernier demi-siècle un remaniement considérable et que souvent le droit s'est mis à la remorque de l'opinion. En matière sexuelle, bien des actes sont aujourd'hui permis, parfois loués, qui en d'autres temps, étaient punis des peines les plus graves. Le poids de ces fautes désormais acquittées, s'est porté tout entier sur l'acte pédophilique, le dernier qui reste interdit dans ce domaine.

La seconde est que le point de vue propre de l'Eglise est celui de l'offense à Dieu et que le péché est pour elle une notion distincte de celle du crime ou du délit. Elle n'excuse pas le crime, laisse au magistrat le soin de le punir, mais la considération du péché lui est immédiate et soumise à sa juridiction. Elle a le pouvoir des clés, elle absout ou n'absout pas.

Or, la première chose que sait et que dit l'Eglise, est que l'homme est pécheur. Dans toutes ses prières, elle le rappelle, comme une marque identitaire de l'homme. "Ora pro nobis peccatoribus". "Je ne fais pas le bien que j'aime et je fais le mal que je hais". Devant la faute la plus effrayante, elle ne s'étonne pas: "Nous sommes tous capables de tout", écrivait sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. C'est donc par un étrange préjugé que l'on est surpris que des hommes, pour avoir embrassé l'état clérical, soient différents des autres et forcément meilleurs. On n'a pas trouvé jusqu'ici le moyen de rendre les hommes autres que ce qu'ils sont: orgueilleux, cupides, luxurieux, colères, pécheurs toujours. Ce n'est pas par un examen psychologique ou médical préalable qu'on le déterminera.

Il n'empêche que l'immense maelström médiatique charrie avec lui des choses qui n'ont rien à voir: le mariage des prêtres, l'ordination des hommes mariés, etc, questions radicalement différentes. Ces questions adventices traduisent de la haine pour le nom chrétien ou une perte d'autorité et de confiance dans l'Eglise catholique.
En tout cas, c'est au Pape de porter le fardeau de cette confusion. Son pontificat après cinq ans me semble douloureux.
Jean-Paul II combattait contre un régime politique monstrueux, le communisme, mais il avait pour lui la société et l'humanité entière. Benoît XVI a contre lui l'ensemble de la société moderne, celle issue de la crise des années soixante, avec sa nouvelle morale et sa nouvelle religiosité. Il se retrouve dans une situation analogue à celle de Paul VI, quand, après le Concile de Vatican II, il eut affaire à ce qu'il a appelé "la autodemolizione" de l'Eglise. Cette fois, c'est l'autodémolition de toute la société, de la nature et de la raison.
La gloire de son pontificat n'est pas visible. C'est celle du martyre.



<<< Haut de page 

Note (*)

Après l'affiche "Donnez, que diable" placardée à Nancy afin de raviver la mollesse des dons pour le denier du culte, la communication de l'Eglise, ce serait cela? (http://yvesdaoudal.hautetfort.com/... )

<<< Haut de page 
Les trois "M"... plus un Les audiences extraordinaires du mercredi