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Temps de tribulation, temps de grâce

Un superbe article de José-Luis Restàn, entre autre sur le voyage à Malte, traduit par Carlota (25/4/2010)


Quatre-vingt trois ans. Et cinq de pontificat. Un collègue me susurrait avec un brin de commisération : « Pauvre Pape ». Je me retourne : Pourquoi ?
Une lectrice du journal Avvenire avait envoyé une lettre au directeur, dans laquelle elle affirmait que Benoît, ces derniers temps, était un évangile vivant. « Je croyais qu’avec cette lettre, je lui donnais mon appui, mais je me suis rendue compte que c’est lui, avec sa parole et avec ses gestes, qui nous aide chaque jour à vivre ».
C’est ainsi qu’a parlé le peuple, le bon peuple de Dieu. Il nous aide vraiment à vivre: Peut-être que c’est en cela que consiste le travail de Pierre ?

Le petit voyage à Malte nous offre une parabole singulière du pontificat. On avait même peur de protestations de rue et on avait averti que divers groupes organisés embarqueraient dans différents aéroports européens pour boycotter la visite. Les cendres du volcan islandais les ont laissés au sol. Justice poétique. Et la vieille et belle île qui a livré tant de batailles pour protéger la chrétienté, a ouvert son coeur au « doux Christ sur la terre ». Quel paradoxe que l’identité de cette petite nation soit née d’un naufrage, celui de Paul de Tarse en route pour Rome où il devait prêcher et mourir. Le Pape le saisit au vol : « Les naufrages de la vie font partie du projet de Dieu pour nous et ils peuvent être utiles pour de nouveaux départs de notre vie ».

Tous étaient en attente de chaque geste, de chaque mot et de chaque silence. Depuis la BBC jusqu’au New York Times en passant par la Repubblica et Der Spiegel, ceux qui l’ont massacré avec une hypocrisie coupable ces dernières semaines. Mais lui, il ne pense pas à eux, il ne rend pas les coups. Il pense seulement à son peuple, aux petits gens qui accourent sur l’esplanade de Floriana ou sur la très belle jetée du port de La Valette. Il vit pour eux, il souffre et aime pour eux. Il leur parle de cette Église que les Maltais ont toujours reconnue comme un port sûr, comme un foyer de vie. « Je sais que Malte aime le Christ et aime son Église qui est son Corps, et sait que, si ce Corps est blessé par nos péchés, le Seigneur aime cependant son Église, et son Évangile est la véritable force qui purifie et soigne.

Quelques jours auparavant, à Rome, il avait parlé de la tempête médiatique, la reconnaissant comme une grâce pour nous ouvrir à la pénitence. Et le Pape chemine devant, il assume le fardeau de tant de souillure, comme toujours il accompagne le cheminement pénible de ce Corps. Il se met en face des huit victimes maltaises d’abus sexuels de prêtres; il les écoute un par un, il les regarde dans les yeux, il pleure de rage et d’émotion. Ensuite il parle à l’oreille à chacun d’entre eux, il leur impose les mains sur le front avec le même geste que celui des apôtres. L’un d’entre eux avouera plus tard qu’il s’est senti libéré d’une grande oppression, que maintenant il se sent de nouveau fils de l’Église.

Ensuite il arrive en bateau à la rencontre de milliers de jeunes qu’ils l’attendent avec leurs questions ouvertes, avec leur désir et leurs désarrois de chaque jour. Il écoute leurs représentants avec ce regard profond et accueillant, plein de paix. Il leur parle de la profondeur et de l’intensité inimaginables de l’amour de Dieu pour chacun d’entre eux. Un amour qui se fait rencontre personnelle et que peut dissoudre la haine et la rage qui nichent dans chaque cœur, comme c’est arrivé avec l’irascible Saül, persécuteur de l’Église. C’est un Dieu qui ne rejette personne, comme l’Église ne rejette personne, mais qui avec un grand amour invite chacun à changer et à se purifier.

Benoît ne cache pas aux jeunes l’opposition que l’annonce de l’Évangile rencontrera toujours dans le monde (Benoît le provocateur), cette opposition qu’il avait rappelée quelques jours avant en évoquant les dictatures qui persécutèrent cruellement les chrétiens au XXème siècle, mais aussi de cette forme subtile de dictature qui consiste dans un conformisme obligatoire, dans l’obligation de penser comme tous et d’agir comme tous. Il avait alors dit que l’obéissance à Dieu est le fondement de la liberté humaine, et là il demande aux jeunes de ne pas avoir peur, de vivre la joie d’avoir rencontré le Christ et de le suivre dans le peuple de l’Église.

De retour à Rome, le Pape déjeune avec les cardinaux (Repas d'anniversaire avec les cardinaux) pour le cinquième anniversaire de son pontificat. Il leur parle d’un moment de tribulation pour l’Église mais sans dramatiser. Il assure qu’il ne se sent pas seul et rappelle son maître Augustin d’Hippone qui décrivait le cheminement de l’Église comme un pèlerinage « entre les persécutions du monde et les consolations de Dieu ». Il démontre une fois de plus sa liberté et sa simplicité en parlant sans faux semblants d’une Église blessée par les péchés de ses enfants et il surprend encore en ajoutant que dans cette conjoncture de faiblesse se ressentent avec la plus grande force les consolations de Dieu.

En ces jours la figure du Pape Benoît nous rappelle tout spécialement Paul VI à la fin des années soixante, à qui il voulut rendre hommage à Brescia, sa ville natale. Dans la terrible tourmente de son époque, qu’on suppose un véritable martyre pour le Pape Montini, beaucoup lui demandaient des gestes retentissants, des interventions énergiques et décisives, mais lui considérait que « il fallait suivre uniquement la ligne de la confiance en Jésus Christ, qui se préoccupait plus qu’aucun autre de son Église…Il calmera la tempête…Il ne s’agit pas d’une attente stérile ou inerte, mais bien plus d’une attente vigilante dans la prière ». Ce sont les mots du discours de Benoît XVI en novembre 2009 à Brescia, qui illuminent particulièrement le cinquième anniversaire de son pontificat.
Le grand intellectuel français Alain Besançon ( La cour des gentils, de France -> Alain Besançon) a comparé les deux moments historiques dans l’Osservatore Romano, en disant que la gloire des deux pontificats n’est pas visible (ni remplie de clameurs), parce que précisément c’est la gloire du martyre. J’ai de la sympathie pour l’intuition de Besançon, mais je ne sais pas si je suis tout à fait d’accord avec lui : c’est une gloire marquée par la douleur, mais bien visible pour celui qui a les yeux ouverts, comme la lectrice de l’Avvenire avec laquelle commençait cet article.




Joseph l'irakien Pour moi non croyant, Benoît XVI est fascinant