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La famille, et pas la "Sainte Famille"

Superbe texte, traduit par Carlota d'un site catalan de langue espagnole, avant la visite du Saint-Père (7/10/2010).

Texte original ici: http://www.germinansgerminabit.org/


Le Pape vient-il bénir la Sainte Famille?
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Est-ce que quelqu’un croit vraiment que le Pape, celui qui est aujourd’hui à la tête de l’Église Catholique, c'est-à-dire Benoît XVI, vient bénir la « Sainte Famille « ? Quelqu’un le croit-il vraiment ? Je fais référence, bien évidemment, à l’église mondialement connue et admirée de la Sainte Famille, œuvre du génial Gaudí. Vous croyez vraiment qu’il vient pour cela ? Et précisément à Barcelone? Le Pape, justement ce Pape. Quelqu’un croit-il qu’il vient à Barcelone, avec pour principal objectif de bénir ce monument consacré au culte et à la gloire de Dieu pour la sanctification des âmes, quelque chose que bien peu aujourd’hui connaissent? Un temple qui, s’il est le symbole de quelque chose, serait plutôt beaucoup plus celui de la Barcelone babylonienne que de l’Église Catholique ?

Ne nous y trompons pas. Le Pape en visitant l’Angleterre anglicane, la perfide Albion comme l’appelaient les Romains, savait qu’il se jetait dans la gueule du loup.
Mais précisément là-bas, en Angleterre, il avait à accomplir une grand mission, et c’est là-bas qu’il l’a remplie, in situ.
Il savait, - qui ne le sait pas - que la Sicile est le repaire de la mafia, et puisqu’il devait positionner sans équivoque l’Église sur cette question, il est allé là où sa voix allait résonner avec plus de force encore.
Et Benoît XVI sait, il le sait parfaitement, que Barcelone est l’une des capitales de l’anti-catholicisme ; il connaît la désaffection d’une grande partie du clergé envers sa personne ; et il sait que cette désaffection peut être un facteur de poids pour éclipser sa présence à Barcelone. Il n’a pas entendu le détachement avec lequel tant de membres du clergé catalan qui se sont érigés en uniques interprètes du Concile Vatican II parlent de sa visite, et quel désintérêt ils témoignent pour la visite du Saint Père. Il ne les a pas entendus. Il n’a pas écouté la tiédeur avec laquelle quelques uns de ces prêtres annoncent sa visite. Il n’a pas perçu non plus le silence du mauvais esprit communicatif des autres.

Rien de cela n’échappe au Pape, et cependant IL VIENT À BARCELONE, à la froide pour ne pas dire religieusement glaciale Barcelone, pour y accomplir sa mission. Et quelle est-elle cette mission ? Ce ne sera pas celle de consacrer la Sainte Famille ! De grâce ne me faites pas croire que vous êtes aussi naïfs. Le Pape Ratzinger, comme aiment l’appeler ses ennemis, le béni et providentiel Benoît XVI comme nous aimons l’appeler et le considérer, nous qui, parce que nous nous sentons catholiques sans plus d’adjectifs, de distinguos et de réticences, nous qui avons accepté tous les Papes avec lesquels nous nous sommes trouvés à vivre, sans nous ériger en leurs juges ; le Pape Benoît XVI, dis-je, justement ce Pape n’a pas comme mission pour son voyage à Barcelone, la Consécration de la Sainte Famille. Ça, mettez-vous le bien dans la tête.

Le Pape Benoît XVI, qui, ainsi qu’il paraît à des personnes très intelligentes non seulement parmi les croyants mais aussi parmi les incroyants, est la personne la plus intelligente qui foule aujourd’hui la terre, quoi qu’il en coûte à ses cordiaux ennemis ; justement ce Pape ne va pas tomber dans une semblable naïveté. Tout au contraire, avec sa sagacité plus que prouvée, il profitera de l’énorme attraction de la Sainte Famille pour remplir, depuis ce cadre inégalable, sa grande mission, et lancer son message à l’Église et au monde, aux croyants et aux incroyants.

Ce Pape, Benoît XVI, justement ce Pape-là, que l’Église nous a apporté si tard, il n’est pas facile de le tromper. Il sait parfaitement que le desideratum de l’Église catalane, avec ses pasteurs à sa tête, c’est d’obtenir une Église nationale, une Église établie, ou comme dit Newman en parlant de l’anglicanisme, une Religion Nationale (ndt : en France, on parle de gallicanisme ?). Si l’élaboration de ces aspirations n’est pas arrivée à lui, dans ce « retournement de chaussette » qu’on a donné de la phrase de Torras i Bages (*), ce sera pur miracle. Quand l’évêque de Vic a dit « Catalunya serà cristiana o no serà », les ecclésiastiques progressistes-nationalistes de Catalogne qui sont en majorité, et qui montrent un si grand désintérêt et même du dépit à la visite du Pape, ont corrigé : « L’Église sera catalane ou ne sera pas ».

Benoît vient de visiter une Église Nationale. Et comme prévu, parce qu’il sait interprété les signes du temps, l’Angleterre est déjà blasée d’une Église aussi nationale, aussi institutionnelle et aussi incardinée dans l’establishment. Et contre tout pronostic, les Anglais qui avaient mis en lui ses espérances, étaient beaucoup plus nombreux que ceux qu’avaient escomptés ou tout simplement dictés les maîtres de l’opinion. Nous, pauvres de nous, nous ne sommes pas capables d’observer si la Catalogne est réellement dominée par la religion nationale prétendue par tant de curés et encouragée depuis le plus haut niveau de la hiérarchie, ou si elle a déjà été purifiée de la lie du nationalisme, et se tournera vers le Pape qui fait flotter la bannière du catholicisme.

Cela, nous ne le savons pas. Mais en contrepartie ce que nous savons et d’une façon certaine c’est que des paroisses se sont mobilisées avec enthousiasme pour accueillir le Pape avec vénération et affection, et qu’il n’a même pas été nécessaire qu’une voix s’élève pour susciter l’enthousiasme des fidèles. Et nous savons aussi que le Saint Père a choisi l’incomparable cadre de la Sainte Famille, vers lequel le monde entier aura les yeux tournés, pour lancer son message urbi et orbi. À la ville, oui, à la ville de Barcelone qui en a bien besoin, mais aussi au monde entier.

Et quel message plus urgent et nécessaire que celui de la défense de la FAMILLE ?

Rien que la défense, ou plutôt la CONSÉCRATION DE LA FAMILLE - cette institution chrétienne si menacée - à la Sainte Famille formée par Jésus, Joseph et Marie, dans cette église qui leur est consacrée ? Ou peut-être même qu’il entreprendra la CONSTRUCTION DE L’ÉGLISE DE LA FAMILLE CHRÉTIENNE en forme de grand mouvement, guidé par le Pasteur suprême de l’Église, qui rassemble et réunit les actions qu’elle mène dans tous les domaines d’activités pastorales en faveur de la famille ? Face à la grave situation d’urgence dans laquelle se trouvent aujourd’hui la Famille et la Vie, avec une signification toute particulière dans la Barcelone païenne, est-ce que ce sera pour lui l’occasion, autour de ces deux grands objectifs, de donner de l’impulsion à la res catholica in civitate dont parlait Léon XIII ?

Nous n’avons pas la réponse à ces questions. La seule chose que nous tenons comme la plus absolue des certitudes morales, c’est que le grand protagoniste de la venue du Pape à Barcelone, ce ne sera pas l’édifice de pierre de la Sainte Famille, comme le prétendent les promoteurs de cette visite, mais l’ÉDIFICE VIVANT DE LA FAMILLE, qui pour l’Église est sacré.

* * * *
Le texte original du 7 octobre 2010 signé de Cesáreo Marítimo (pseudonyme) est consultable ici sous le titre « El Santo Padre ¿Sólo viene a bendecir la Sagrada Familia? »

 

Note


(*) Ndt
Le vénérable Josep Torras i Bages (1846-1916) fut un prélat d’origine catalane (évêque de Vic, Catalogne) et écrivain qui notamment dans son œuvre « La tradition catalane » 1892, présenta et défendit les valeurs de la culture et de l’identité catalanes. Il écrivit également des textes pastoraux réputés. Il a été déclaré vénérable en 1931. Il est enterré dans un magnifique tombeau dans la cathédrale de Vic. Aujourd’hui il est présenté comme le plus grand représentant du nationalisme catalan de l’époque, mais conservateur et catholique. Je dirai sans trop de risque de me tromper qu’il, n’est, bien évidemment, plus beaucoup lu des Catalans d’aujourd’hui, mais la présumée devise de son œuvre : « La Catalogne sera chrétienne ou ne sera pas », est sans cesse citée, en tant que revendication nationaliste par certains. Ce qui ne paraît pas avoir forcément été la pensée politique de cet homme d’église qui faisait peut-être parfaitement la distinction entre la petite et la grande patrie (comme le faisait Frédéric Mistral, - 1830-1914, pour la Provence et la France) et qui vivait dans une Catalogne déjà très industrialisée et « moderne » par rapport au reste de l’Espagne, d’où cette image du « retournement de chaussette » utilisée par l’auteur de l’article.

Pour plus de détails, et avec les prescriptions d’usage voir wikipedia en catalan ici.

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