Attentat à Bagdad (III)
Le courageux Mgr Luigi Negri, l'évêque de Saint-Marin. Il s'exprime clairement. D'autres devraient prendre exemple! Traduit par Carlota (4/11/2010)
Je n'ai pas besoin de rappeler à quel point j'apprécie Mgr Negri, souvent rencontré dans ces pages (cf. le moteur de recherche interne http://www.google.com/) et je me réjouis de savoir qu'en juin 2011 le Saint-Père se rendra en visite pastorale dans le diocèse dont il est le (bon) pasteur.
Carlota a trouvé ce discours qui m'avait échappé sur un site espagnol, et l'a traduit.
Le texte original en italien est sur le très beau site du diocèse: www.diocesi-sanmarino-montefeltro.it/...
Un grand merci pour sa vigilance!
À l’issue de la célébration de l’Eucharistie de la Toussaint, dans la Cathédrale de Pennabili, Monseigneur Luigi Negri, évêque de la république de Saint Marin, a adressé le message ci-dessous.
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Sans aucune hésitation ni incertitude, en faisant usage de l’autorité qui m’est conférée comme Évêque de l’Église particulière mais qui vit le sentiment profond de l’Église universelle, je veux inscrire dans la multitude des Saint ces 37 de nos frères, parmi lesquels deux prêtres, qui ont été violemment assassinés à l’intérieur d’une église catholique en Irak par un acte de terrorisme dont le bilan provisoire, cependant, selon la première estimation, fait monter à 50 le nombre total des victimes et à plus de 80 celui des blessés.
On voit chaque jour qui passe, malgré tous les irénismes et toutes les recherches de modérations, que le terrorisme international a un objectif explicite: la conquête islamique du monde et, dans cet objectif qui sera certainement à plus longue échéance, un objectif plus immédiat qui est la destruction du christianisme en Terre Sainte, au Moyen Orient et ensuite, plus ou moins, dans tous les pays y compris d’ancienne tradition chrétienne.
Ce sont des martyrs, nous le pensons ainsi ; ce sont des martyrs qui ont offert leur vie presque sans le savoir, sans s’y attendre, sans le décider, un sort de nouveaux saints innocents qui étaient dans l’église pour prier et qui ne sont pas rentrés chez eux. J’espère que la Sainte Église Catholique n’aura pas de tergiversations ni d’incertitudes, qu’elle aura le courage d’indiquer en cela un évènement absolument extraordinaire de martyre subi de la part de ceux qui, je le répète, ont dans le fond du cœur l’intention d’éliminer la vie chrétienne, la présence du Christ dans l’Église et dans le monde. Ce n’est pas parce que c’est arrivé en Irak que nous pouvons être tranquilles ; la théorie, selon tout un chacun, que Montefeltre (ndt Diocèse de Saint Marin Montefeltre) est une île bienheureuse, ne tient plus debout. Dans cette île est arrivé l’hédonisme qui détruit nos familles, est arrivée la drogue, est arrivée tout une façon de ressentir et de vivre la vie qui a secoué profondément les racines de notre culture de peuple chrétien.
C’est pour cela que j’espère que l’inespérée et très réelle rencontre avec le Pape Benoît XVI (ndlr: visite annocée pour juin 2011) nous encourage sur notre chemin pour récupérer les racines de notre tradition chrétienne. Ne pensez pas que cela ne pas arrivé ici ; ne pensez pas que dans le cours du temps, peut-être d’ici une génération ou même moins, il ne puisse arriver que les chrétiens de Montefeltre qui iront à l’église pour prier ne reviennent plus chez eux. Ce n’est pas pour alimenter les alarmismes mais pour la prise de conscience du niveau auquel est arrivé cet affrontement de notre époque entre le Christ, entre le christianisme et ceux qui veulent le détruire. Nous avons cette conscience et pour cela nous demandons au Seigneur qu’il nous concède la force : le père Abbondio (*) dit à son Cardinal : «Le courage, on ne pas peut se le donner », son grand Cardinal lui répondit : « On ne peut pas se le donner mais on peut le demander ».
Commençons à demander à notre Seigneur Dieu, par l’intercession de la Vierge des Grâces, le don d’une vaillance qui nous fasse être des témoins limpides de la foi dans le Christ face à ce monde qui partout est loin, qui même quand il semble près, en substance est loin du Seigneur. Qu’il nous concède cette force, qu'il limite si c’est possible nos difficultés, mais surtout qu’il nous fasse nous enraciner dans sa présence pleine de joie et de sacrifice.
Pennabilli, le 1er novembre 2010
+ Luigi Negri
Évêque de Saint Marin - Montefeltre
(*) Curé italien, personnage d’un des premiers romans historiques de la littérature italienne, - « Les Fiancés » écrit dans au début du XIXème siècle par Alessandro Manzoni. Le père Abbondio, petit curé d’un village dans la Lombardie du XVIIème siècle. Il a pour paroissienne, Lucia, une jeune fille convoitée par un méchant seigneur espagnol, Don Rodrigo, et tout au cours de l’histoire, ce petit curé se sent dominé par la peur face au puissant occupant.