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Un commentaire de Mgr Chaput

, archevêque de Denver (Colorado). A propos des anticipations sur Lumière du monde, il s'en prend ouvertement et sévèrement à l'OR, "le journal semi-officiel du Vatican [qui] a violé l'embargo sur la publication du livre et publié des extraitS". Ma traduction (23/11/2010)

Il ne m'échappe pas qu'il contredit d'une certaine façon mon "intime conviction". Je dois humblement reconnaître que son avis a plus de valeur que le mien (et ses soupçons, sur les intentions de l'OR, s'ils étaient confirmés, auraient de quoi décourager...)
Quoiqu'il en soit, ce qu'il dit du saint-Père est très beau.
Texte en anglais ici: http://www.firstthings.com/...
Ma traduction.

Ouvert, désarmant, et inévitablement mal compris
21 novembre 2010
Charles J. Chaput
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Dans sa préface à ce livre remarquable - structuré comme une conversation entre Benoît XVI et le journaliste Peter Seewald -George Weigel fait l'éloge du pape allemand pour "sa franchise, sa clarté et sa compassion".
Ceci est très vrai. C'est aussi un euphémisme. Aucun évêque de Rome en fonction n'a jamais parlé si ouvertement et de façon si désarmante que Benoît XVI ne l'a fait dans "La lumière du monde: Le Pape, l'Eglise et les signes des temps".

Benoît (comme l'ex-cardinal Joseph Ratzinger) et Seewald ont travaillé ensemble dans le passé. Bien que Seewald pose des questions franches, la confiance que le Pape lui témoigne est clairement très grande. L'échange qui en résulte entre les deux hommes est vivifiant et mémorable, une lecture absolument obligatoire pour quiconque veut comprendre de l'intérieur le sens du ministère pétrinien et ses charges.

Et pourtant, on sort de ce texte avec un mélange d'exaltation et de sympathie.
L'exaltation jaillit de rencontrer en Benoît XVI une intelligence chrétienne extraordinaire, articulée et sans filtre; un homme prudent, généreux, et pénétrant dans son jugement, franc dans son auto-critique, brillant, mais accessible dans sa pensée, et inébranlable dans sa foi.
La sympathie coule de la prise de conscience que, dans le climat actuel des médias, presque tout ce que Benoît dit peut être détourné pour servir d'autres objectifs.
Et c'est exactement ce qui s'est passé avant même la sortie officielle du livre (..).

Seewald couvre beaucoup de terrain, avec ses questions, de la Chine à la liturgie, à Fatima, à la théologie de la Fin des Temps. Chaque lecteur ira vers les thèmes qui l'intéressent le plus. Mais quelques-unes méritent une attention particulière.

Tout d'abord, Seewald traite abondamment du scandale de la pédophilie dans l'Eglise. Les réponses de Benoît XVI sont patientes, tranquilles, humbles et honnêtes. Ce Pape n'est pas un dirigeant qui minimise les dommages causés à des enfants innocents et des familles, ou se soustrait à ses responsabilités, ou s'excuse pour de mauvaises actions. Il est bien conscient de l'ampleur des abus sexuels dans les autres communautés religieuses et les institutions publiques, mais il ne s'en sert pas comme d'un alibi pour les péchés du clergé catholique. Et il ne s'écarte jamais de la priorité de la guérison pour les victimes.

Deuxièmement, pour un homme déjà méchamment caricaturé comme le gendarme de la doctrine de Rome, Benoît XVI parle avec une sensibilité convaincante sur le caractère sacré de la liberté humaine et de la conscience, et la dignité des croyants d'autres religions. Comme son prédécesseur, Jean-Paul II, Benoît XVI a un profond respect pour le judaïsme comme la racine du christianisme, et le peuple juif comme "nos pères dans la foi".
Ses propos sur les défis inhérents au dialogue avec le protestantisme moderne, qui prend tant de formes différentes , sont magistraaux par leur charité fraternelle et leur sincérité.

Et, tandis que certains lecteurs pourront trouver son évaluation de l'islam trop optimiste et irénique - le temps nous dira si c'est la laïcité ou bien l'islam qui pose le plus grand défi pour les croyants chrétiens d'aujourd'hui - Benoît note avec sagesse que:
L'islam est vécu de façons très différentes, en fonction de ses diverses traditions historiques. . . . La chose importante [est] de rester en contact étroit avec tous les courants dans l'Islam qui sont ouverts à, et capables de dialogue afin de donner à un changement de mentalité une chance de se produire même là où l'islamisme associe encore la prétention à la vérité et la violence .

Enfin, et peut-être le plus puissamment, Benoît propose une critique cinglante de la notions moderne de «progrès» et de la pratique de l'athéisme qui infecte presque toutes les sociétés développées, à commencer par l'Europe. Pour le pape, les véritables lignes de combat dans le monde moderne ne divisent pas le christianisme des autres traditions religieuses.

Au contraire, "Dans le monde [d'aujourd'hui], la laïcité radicale se situe d'un côté, et la question de Dieu, sous ses diverses formes, de l'autre". Quand la société laïque cherche à réduire le progrès au développement matériel, à exiler Dieu de la vie publique et à ignorer les profonds besoins religieux de l'humanité, elle affame l'esprit humain et attaque le vrai progrès de l'homme, qui a toujours une dimension morale.

Ironiquement, le message de ce Pape bon et brillant a été entravé presque autant par les manquements déconcertants de certains de ses collaborateurs que par la couverture hostile des médias du monde. L'une des questions sensibles que Benoît traite dans ce livre est la question du sida en Afrique et l'utilisation des préservatifs pour prévenir la propagation de l'infection. Aucune institution en Afrique n'a fait plus pour lutter contre le sida et venir en aide à ses victimes que l'Eglise catholique.

Mais de vives controverses, du moins en Europe et aux États-Unis, ont toujours entouré le rejet catholique de l'utilisation du préservatif dans la prévention du sida. L'Église considère que l'utilisation du préservatif est moralement répréhensible de par sa nature, et que, tout aussi important, l'utilisation du préservatif ne prévient le SIDA et peut réellement permettre sa propagation en créant un faux sentiment de sécurité.

Dans le contexte du débat, dans le livre, autour de la contraception et de l'enseignement catholique sur la sexualité, les commentaires du Pape sont moralement très pénétrants. Mais sortis de leur contexte, ils peuvent facilement être interprétés comme une approbation du préservatif dans certaines circonstances. On peut raisonnablement espérer que des collaborateurs du Saint-Père auront prévu un plan de communication, et impliqueront les évêques et les médias catholiques en temps opportun afin d'expliquer et de défendre les propos du Saint-Père.

Au lieu de cela, le journal semi-officiel du Vatican, l'Osservatore Romano, a violé l'embargo sur la publication du livre et publié des extrait. Sans surprise, les médias ont foncé droit sur la question du préservatif, et le reste de ce merveilleux livre semble déjà comme une réflexion dépassée .

Ne laissons pas cela se produire. Ne laissez pas la confusion dans la presse laïque vous dissuader d'acheter, de lire pour vous-même, et de partager ce texte extraordinaire. Il s'agit d'un portrait étonnant d'un homme étonnant.

+ Charles J. Chaput, archevêque de Denver.

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