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Lumière du Monde: le commentaire de S. Magister



sur son site "chiesa". Très beau, malgré quelques réserves. Splendide, l'image du bon pasteur, à la recherche de la brebis perdue. (26/11/2010)

Difficile de passer sous silence le commentaire de Sandro Magister, incontournable par la notoriété de son auteur, sa grande culture, sa connaissance parfaite des arcanes du Vatican, et la qualité constante de ses analyses (il est permis de ne pas être d'accord avec tout, c'est ici le cas...).

Sur son célèbre blog (http://chiesa.espresso.repubblica.it/... ), il reproduit l'article qu'il a publié dans "L'Espresso" - un journal qu'il qualifie lui-même d'hebdomadaire de pointe de la culture laïque (ndlr: pour ne pas dire fortement de gauche: il appartient au même groupe de presse que La Repubblica, mais aussi Limes, et Micromega, bien connues pour leur papophobie, c'est important de le souligner), et dont il est, ce qui ne laisse pas de surprendre, un collaborateur régulier.
Il y a aussi un article publié en 2004 dans la revue catholique progressiste The Tablet, sous la plume d'un religieux Suisse, Martin Rhonheimer, professeur d’éthique et de philosophie politique à l’Université Pontificale de la Sainte Croix, l'université romaine de l'Opus Dei, [et qui] expose avec la maestria d’un spécialiste de la théologie morale les arguments qui sont à la base de "l’ouverture" de Benoît XVI en ce qui concerne l’utilisation du préservatif dans des cas déterminés et avec une finalité déterminée.

Dans la "présentation", Sandro Magister écrit:
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"Lumière du monde" est un livre d’une audace sans précédent pour un pape. Transcription intégrale de six heures d’interview spontanée et sans censure, il aborde un nombre incroyable de sujets, y compris les plus délicats.
Les réponses sont rapides et vont à l’essentiel. Le langage est familier mais précis et simple, les termes techniques en sont totalement absents. Ici ou là brillent des éclairs d’ironie.

(...)
C’est une vraie discussion qui est maintenant portée à la lumière par le pape, avec des opinions parfois vivement opposées. "Chacun est libre de me contredire", avait écrit Benoît XVI dans la préface de son "Jésus de Nazareth". C’est ce qui se passe aujourd’hui à propos du préservatif, certains groupes et dirigeants "pro life" se montrant très critiques à l’égard des points de vue exprimés par le pape dans le livre-entretien.
(...)
C’est tout le panorama de ce pontificat qui apparaît d’un coup, en une magnifique synthèse.

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Il y a des passages vraiment inspirés, dans cet article, comme celui où est évoquée l'homélie du 24 avril 2005, avec l'image du "pasteur qui va à la recherche de la brebis perdue, qui la prend sur ses épaules comme la laine d'agneau du pallium qu’il porte, et qui éprouve beaucoup plus de joie pour la brebis retrouvée que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui sont dans la bergerie".

Il y a aussi des choses plus contestables.
Lorsque Sandro Magister écrit, pour accentuer le côté sensationnel, que "Benoît XVI est le premier pontife de l’histoire à franchir ce Rubicon" , on lui objectera qu'il n'est pas si évident qu'il ait "franchi" quoi que ce soit, et que le problème du préservatif ne se posant que depuis le pontificat précédent, cette remarque n'a de toutes façons pas grand sens.
Je suis surtout très réservée sur ce passage:
"[si] cette compréhension affectueuse s’applique à un pécheur, elle peut à plus forte raison s’appliquer au cas classique que rencontrent en Afrique et ailleurs les prêtres et les missionnaires : celui de deux époux dont l’un est malade du sida et utilise le préservatif pour ne pas mettre la vie de l’autre en danger" : le saint-Père n'a pas choisi cet exemple, dont on voit bien que les implications sont différentes, nous n'avons donc pas le droit de le faire à sa place.

L'article dans l'Espresso

LE BON PASTEUR ET LA BREBIS PERDUE
(http://chiesa.espresso.repubblica.it/... )
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En six heures d’entretiens avec le journaliste bavarois Peter Seewald dans le calme estival de Castel Gandolfo - réparties sur six jours comme ceux de la création et transcrites telles quelles dans un livre qui vient d’être imprimé - Benoît XVI a transmis au monde l’image la plus véridique de lui-même. Celle d’un homme charmé par les merveilles de la création, joyeux, incapable de supporter l’idée d’une vie qui serait vécue toujours et seulement "contre", convaincu avec bonheur qu’en ce qui concerne l’Église "beaucoup de gens qui semblent être dedans sont dehors ; et beaucoup de gens qui semblent être dehors, sont dedans".

"Nous sommes des pécheurs", dit le pape Benoît lorsque l'intervieweur le met dos au mur à propos de l'encyclique "Humanæ vitæ", celle qui condamne tous les actes contraceptifs non naturels. Paul VI l’a écrite et publiée en 1968 et, depuis cette année fatidique, elle est devenue l'emblème de l'incompatibilité entre l’Église et la culture moderne. Joseph Ratzinger ne désavoue pas une virgule d’"Humanæ vitæ". Elle est la "vérité" et elle le reste. "Fascinante", dit-il, pour les minorités qui en sont intimement convaincues. Mais le pape tourne tout de suite sa pensée vers les immenses foules d’hommes et de femmes qui ne vivent pas cette "morale élevée". Pour dire que "tous, nous devrions chercher à faire tout le bien possible, nous soutenir et nous supporter mutuellement".

Voilà le pape que fait apparaître le livre-entretien "Lumière du monde". C’est le même qui s’était révélé tel lors de la première messe qu’il avait célébrée après son élection comme successeur de Pierre. Un pasteur qui va à la recherche de la brebis perdue, qui la prend sur ses épaules comme la laine d'agneau du pallium qu’il porte, et qui éprouve beaucoup plus de joie pour la brebis retrouvée que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui sont dans la bergerie. (*)

Seulement, à ce moment-là, peu de gens l’avaient compris. Longtemps le Ratzinger des images est resté le professeur glacial, l'inquisiteur de fer, le juge impitoyable. Il a fallu cinq ans, après la tempête parfaite des prêtres pédophiles, pour déchirer définitivement cette fausse image.

(La suite ici: http://chiesa.espresso.repubblica.it/...)

(*) MESSE INAUGURALE DU PONTIFICAT DU PAPE BENOÎT XVI
Source: site du Vatican
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En réalité, le symbolisme du pallium est encore plus concret: la laine d’agneau entend représenter la brebis perdue ou celle qui est malade et celle qui est faible, que le pasteur met sur ses épaules et qu’il conduit aux sources de la vie. La parabole de la brebis perdue que le berger cherche dans le désert était pour les Pères de l’Église une image du mystère du Christ et de l’Église. L’humanité – nous tous – est la brebis perdue qui, dans le désert, ne trouve plus son chemin. Le Fils de Dieu ne peut pas admettre cela; il ne peut pas abandonner l’humanité à une telle condition misérable. Il se met debout, il abandonne la gloire du ciel, pour retrouver la brebis et pour la suivre, jusque sur la croix. Il la charge sur ses épaules, il porte notre humanité, il nous porte nous-mêmes. Il est le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. Le Pallium exprime avant tout que nous sommes portés par le Christ. Mais, en même temps, le Christ nous invite à nous porter les uns les autres. Ainsi, le Pallium devient le symbole de la mission du pasteur, dont parle la deuxième lecture et l’Évangile. La sainte inquiétude du Christ doit animer tout pasteur: il n’est pas indifférent pour lui que tant de personnes vivent dans le désert. Et il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l’abandon, de la solitude, de l’amour détruit. Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l’homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands.

L’homme qui a parlé préservatifs avec le Pape Lumière du Monde, vu par le Père Scalese