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Une interviewe du Cardinal Ratzinger (II)

Marie-Anne a peaufiné le chapitre 1, et nous propose la suite. C'est vraiment exceptionnel. (19/10/2010)

Cf. Une interviewe du Cardinal Ratzinger (I)


Stephen von Kempis suit les traces de Messori et de Seewald.
Il semble d’ailleurs connaître ce dernier dont il décrit dans son livre, la conversion ; ancien rédacteur de Spiegel où il a fait publier un article peu flatteur sur le Cardinal Ratzinger, mais il a eu la bonne idée d'interviewer ce dernier en 1997. Et au fil des entretiens il a été complètement retourné ; de loup, il est devenu agneau ; il était ému aux larmes au contact de notre « Cardinal », si bien qu'il a pleuré sur son lit dans sa chambre d’hôtel entre deux entretiens, puis, il est allé danser sur la place St Pierre pour exprimer la joie de sa foi retrouvée.
Nous comprenons ainsi pourquoi ses deux autres propositions d’interviewe auront été acceptées d’abord par le Cardinal en 2000, puis tout récemment par notre pape.
Bénissons Bayard qui nous en fournira la traduction !
(Marie-Anne)


- Monsieur le Cardinal, vous avez choisi comme devise épiscopale : “Nous sommes collaborateurs de la Vérité.” Et durant toute votre vie vous avez gardé sous les yeux ce fil conducteur. Pouvez-vous nous dire : “Qu’est-ce que la Vérité” ?

- C’est une question difficile Elle a été posée jadis à Jésus par Ponce Pilate… D’abord, il y a une façon subjective de considérer la vérité : je dis ce que je pense. Ensuite, il y a un degré suivant qui consiste en ceci : Ce que je dis, ce que je pense doit correspondre à une réalité qui existe. C’est-à-dire : c’est lorsque ma pensée correspond à une réalité objective, c’est alors que je suis dans le vrai. Mais… est-il possible de penser, de dire ce qui est juste ? Y a-t-il une réalité qui dépasse ce qui est purement matériel et dont pourtant beaucoup de gens se contentent tout simplement ? Nous sommes devenus aveugles spirituellement, voilà pourquoi cette réalité ne saute plus immédiatement aux yeux. Mais Dieu, dans l’histoire du salut s’est efforcé à nous ouvrir les yeux de façon à nous apprendre à voir. La devise que j’ai choisie vise principalement Celui qui est la Vérité, c‘est-à-dire le Christ par qui l’invisible s’est rendu visible dans notre monde. Et non seulement pour que nous le voyions mais surtout pour que nous vivions selon ses critères. Car la Foi n’est pas d’abord une théorie, elle est surtout une norme, une règle de vie.

- Dès votre jeunesse, vous avez étudié la théologie pour mieux connaître le Christ et son Église. Dans vos recherches actuelles, y a-t-il un déplacement d’accent par rapport au passé ?

- Oui, mais dans la continuité. Certes, il y a des changements nécessités par les nouveaux défis de notre temps. Il y a 50 ans, la chrétienté était encore plus ou moins stable dans la société occidentale, c’est pourquoi, à l’époque, notre tâche a consisté de voir comment pouvions-nous améliorer par notre Foi la société. Mais aujourd’hui, la Foi est pratiquement mise de côté ; la personne du Christ est réduit à sa dimension purement humaine – cette mentalité se reflète dans l’appellation “Jésus”. Dieu se trouve refoulé dans la sphère privée. La question qui se pose actuellement, c‘est la suivante : Est-ce qu’il y a une réalité objective au-delà de ce que nous pouvons expérimenter ? Est-ce possible de parvenir à la connaissance de Dieu ? Or, si l’on ne peut pas concevoir l’existence de Dieu, cela entraîne comme conséquence que chacun doit inventer sa e vie. Voilà pourquoi toutes ces questions doivent être posées de façon plus radicale qu’il y a 50 ans.

- Monsieur le Cardinal, vous avez souvent deploré le fait que l’Église s’occupait trop d’elle-même, avec le danger de l’introspection. Que conseillez-vous à l’Église maintenant qu’elle est entrée au 3e millénaire ?

- D’après Vatican II, l’Église doit se présenter comme une fenêtre par laquelle le monde devrait avoir un apercu de Dieu. Elle doit trouver le langage adéquat pour parler de Dieu aux homes du monde moderne. Et ceux qui travaillent au service de l’Église doivent être tout d’abord eux-mêmes des croyants. Il est très important de cultiver d’abord sa proper relation au Christ pour pouvoir ensuite en témoigner. Car c’est la vie qui rend témoignage avant même les paroles. Il importe donc de vivre avec justesse.

- Selon l’avis de beaucoup, le Sermon sur la montagne, notamment les Béatitudes, donnerait un portrait du Christ. Vous-mêmes, vous l’avez considéré comme un programme, un chemin à parcourir. Et vous avez analysé ce texte sans équivoque par ex. À l’époque où vous aviez pour tâche de clarifier la théologie de la libération. Quel est le message du Sermon sur la montagne pour les chrétiens d’aujourd’hui ?

- Il ne s’agit pas, bien entendu, d’une recette politique. Cela veut dire que nous sommes en relation avec ce Dieu que nous confessons. Et à partir de là, nous essayons de suivre le Christ de façon radicale. Je pense que les Béatitudes contiennent, en effet, une sorte d’auto-biographie du Christ reflétant son propre cheminement. C’est Lui qui est vraiment pauvre, doux, pacifique, etc. Par delà des détails il s’agit en fait de se rapprocher du Christ le plus près possible, d’exprimer par sa propre vie la communion avec Lui, en se laissant guider par Lui.

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- Il y a quelques années on répétait la formule suivante : “Oui au Christ, non à l’Église.” Aujourd’hui on dit : “Oui à Jésus, non à l’Église.” Que pensez-vous de cette affirmation ? Comment doit-on poser la question de Dieu aujourd’hui avec justesse, Monsieur le Cardinal ?

- Tout dépend, bien sûr, de la présence de Dieu. Il y a beaucoup d’athées ou d’agnostiques qui mènent leur vie sans se poser la question de l’existence de Dieu. La réflexion théolo­gique doit prendre en considération cette nouvelle manière de vivre des incroyants, des sans-Dieu. La question de Dieu n’est pas d’abord une question théorique, Dieu ne concerne pas d’abord la pensée, comme s’Il pouvait être inventé par l’homme. Mais il s’agit de faire l’expérience de Dieu dans sa vie. Ensuite, dans l’Église il existe des catéchuménats qui introduisent progressivement les néophytes dans la vie de foi. Ce qui est important aujourd’hui, c’est qu’il y ait des lieux, des oasis où l’on ose faire ensemble l’expérience de Dieu de façon à vivre selon les normes de Dieu. Ensuite, nous pouvons penser et dire avec notre raison que Dieu existe, mais dans un premier temps, nous devons expérimenter Dieu en tant qu’Amour.

– Changeons de sujet. Certains pensent qu’en ce moment l’œcuménisme piétine au lieu d’avancer. Que conseillez-vous à ceux qui sont attelés à cette tâche ? Peut-on imaginer un temps où tous ces problèmes difficiles seront résolus pour l’Église ?

– Nous savons déjà par notre propre expérience personnelle que la vie connaît des difficultés souvent insurmontables. Une histoire multiséculaire ne peut pas être changée non plus sans souffrance. Je voudrais surtout dire qu’il nous faut être patients. Sans faire des calculs pour obtenir des succès rapides comme cela se fait dans la vie politique. Nous ne devons pas tenter Dieu en lui imposant notre façon de penser, mais bien au contraire, nous devons savoir qu’il s’agit bien de Son Église et non pas d’une association purement humaine comme c’est le cas dans le domaine politique.

– Et maintenant je vais poser au Préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi une question brûlante : Le rôle des femmes et le gouvernement centralisé de l’Église. En effet, on parle souvent des femmes qui devraient avoir plus de place dans la vie de l’Église. Selon vous, l’Église serait-elle hostile aux femmes ?

– Si nous parcourons la longue histoire de l’Église, nous constatons le rôle important joué par les femmes. Lorsque j’étais jeune professeur, je me souviens d’avoir entendu ce grief en sens inverse, à savoir que l’Église était trop féministe par rapport aux hommes qui se sentaient lésés. Je voudrais donc dire que l’Église a toujours parlé au cœur des femmes, commençant par la Mère de Dieu, en passant par les grandes saintes, car le message évangélique semble être plus proche des femmes que des hommes.

– Et le second aspect de la question ? Le gouvernement de l’Église, est-il trop centralisateur ?

– Le pape exerce une collégialité fraternelle avec les évêques. Vis à vis de la conférence allemande par exemple, le Saint Siège a usé de patience, pour trouver par le dialogue une entente, une harmonie.

A suivre…

Une interviewe du Cardinal Ratzinger (I) Une interviewe du Cardinal Ratzinger (III)