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Le très beau commentaire de José-Luis Restàn à l'homélie du saint-Père lors de la messe chrismale. (11/4/2012)

-> Voir ici: Le Pape s'adresse à ses prêtres (
benoit-et-moi.fr/2012-I/)

Rien ne décrit mieux Benoît XVI que le titre de son billet.
Article original en espagnol: www.paginasdigital.es
Traduction de Carlota.

     



Cœur de père, âme d’enfant

José Luis Restán
11/04/2012
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Le temps court vite et les nouvelles s’accumulent.
Mais il y a des choses qui ne devraient pas restées enterrées, et parmi elles l’homélie prononcée par Benoît XVI lors de la messe chrismale du Jeudi Saint dernier. Et non pas pour la « réprimande » que quelques uns ont vue aux curés mutins d’Europe Centrale, mais parce qu'une fois de plus, le Pape nous a appris en quoi consiste le travail de Pierre, le pêcheur galiléen que dans les jours précédents la Pâque n’apparaît pas bien arrêté dans les récits de l’Évangile. Ou peut-être que si?

Il est curieux que plus ce Pape déploie sa science théologique et sa vaste culture, plus il me semble que transparaît en lui la figure de l’enfant dont Jésus fait l’éloge dans les Évangiles.
Et en réalité comme disait le maître von Balthasar, Pierre a toujours une âme d’enfant. Combien sommes-nous à avoir pensé que l’Église dans quelques pays de la vieille Europe touche une situation où il manquerait une thérapie de choc, qu’il faudrait imposer l’ordre coûte que coûte. Et dans toutes ces réflexions, il y a quelque chose de vrai, mais ce sont toutes des choses avant-dernières. La Pape va jusqu’au fond, à poitrine découverte, avec les seules armes qu’a toujours eues Pierre : la simplicité de la foi, l’obéissance ultime de la foi, qui mystérieusement ouvre la raison et la liberté. C’est pour cela que le pêcheur a été choisi, malgré tout. C’est pour cela qu’ils ont désigné il y a sept ans Joseph Ratzinger.

L’obéissance de la foi ; quel mot déconcertant, Seigneur !
Je l’ai entendue dire à Cuba et maintenant je poursuis la même piste. Le Pape ne nie pas la nécessité d’une rénovation toujours douloureuse dans le corps de l’Église, il concède même que ce juste désir peut se nicher chez ceux qui se lèvent avec arrogance contre Rome et présentent leur défi sous forme d’ultimatum. Comme un père, plus encore, comme une mère qui voit l’orientation dangereuse de ses enfants, il se met devant eux à cœur ouvert et il leur répond : « la désobéissance peut-elle vraiment être un chemin ? Peut-on y voir quelque chose de la configuration au Christ, qui est le présupposé à tout renouveau, ou n’est-ce pas plutôt seulement le souhait désespéré de faire quelque chose, de transformer l’Église en fonction de nos désirs et de nos idées ? ».

Peut-être que le monde habitué aux équations du pouvoir et de l’influence sourirait devant cette façon de parler, devant cette correction faite directement, sans une goutte de calcul ou de diplomatie. Oui, Pierre, doit nécessairement héberger une âme d’enfant, sinon sa tâche serait simplement impossible.

Il es sûr que Jésus a souvent corrigé les traditions des hommes, de son propre peuple, mais toujours « pour réveiller de nouveau l’obéissance à la véritable volonté de Dieu, à sa parole toujours valide, parce qu’Il est précisément préoccupé par la véritable obéissance, face à l’arbitraire de l’homme ». Parce que dans le fond, que cherchons-nous ? L’obéissance incommode au chemin du Seigneur ou notre projet de redessiner l’Église conformément aux catégories du monde, aux projets idéologiques ou à notre géniale intuition ?
Et Benoît offre une clef pour répondre : il n’y a que celui qui se laisse configurer au Christ, obéissant jusqu’à en mourir, qui peut être un facteur de renouveau dans l’Église. Le reste n’est que pur bruit, même s’il fait la une à l’ouverture des actualités télévisées.

Le Pape ne parle pas d’abstractions, il invite à regarder ceux qui ont été des protagonistes dans l’histoire récente de l’Église, «des moments pleins de vie », des moments qui obligent à penser à l’action efficace de l’Esprit Saint. Et nous découvrons que « pour une nouvelle fécondité, il est nécessaire d’être remplis de la joie de la foi, de la radicalité de l’obéissance, du dynamisme de l’espérance et de la force de l’amour.

Celui qui a des oreilles (et pas seulement les curés autrichiens) qu’il entende.