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Dans son dernier billet, JL Restàn revient sur un propos du Saint-Père dans le message video à l'issue du Congrès Eucharistique de Dublin (22/12/2012)

L'image ci-contre est celle qu'a choisie JL Restàn pour illustrer son article... Interprétation ouverte.

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La reconnaissance et la joie pour une aussi grande histoire de foi et d’amour ont été récemment ébranlées de façon épouvantable par la révélation des péchés que des prêtres et des personnes consacrées ont commis au détriment de personnes confiées à leurs soins. Au lieu de leur montrer le chemin vers le Christ, vers Dieu, au lieu de leur apporter le témoignage de sa bonté, ils ont abusé de ces personnes et miner la crédibilité du message de l’Église. Comment pouvons-nous expliquer que des personnes qui reçoivent régulièrement le Corps du Christ et confessent leurs péchés dans le Sacrement de la Pénitence aient offensé de cette manière ? Cela reste un mystère. Néanmoins, de toute évidence, leur christianisme n’était plus alimenté de la joyeuse rencontre avec Jésus-Christ : il était devenu simplement une question d’habitude.

(Benoît XVI, Message pour la clôture du 50e Congrès Eucharistique à Dublin)

* * *

La foi réduite à l’habitude
José Luis Restán
19/06/2012

Texte en espagnol: www.paginasdigital.es/
Traduction de Carlota
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On a beaucoup parlé du message vidéo envoyé par Benoît XVI pour la clôture du Congrès Eucharistique International célébré à Dublin. Le courage et la clarté du Pape au moment de reconnaître le terrible mal provoqué par les péchés de quelques membres de l’Église ne cesse de surprendre.
Mais en cette occasion, il y a un jugement de fond qu’il convient de souligner. Le Pape reconnaît que le mal qui a grandi sur le terrain de l’Église continue à être un mystère mais il ajoute cette perspective : « évidemment, leur christianisme n’était plus alimenté par la rencontre joyeuse avec le Christ, elle s’était transformé en une simple question d’habitude ».

Benoît XVI situe le fond du problème dans la dramatique réduction de la foi à un simple formalisme, à une simple habitude qui n’influence déjà plus la vie.

Une fois de plus, nous comprenons l’épicentre de tous ses efforts : clarifier la signification de la foi, la présenter avec toute son amplitude et sa profondeur, la montrer comme le cœur de la vie et non comme un ajout juxtaposé à la vie.
Quelques jours auparavant, durant la Lectio Divina avec laquelle s’ouvrait le Congrès annuel du diocèse de Rome, le Pape avait présenté cette question en expliquant le sacrement du Baptême.

Il a commencé avec une des ses provocations paradoxales en affirmant que, dans un certain sens, arriver à être chrétiens c’est quelque chose de passif. Ce n'est pas moi qui décide que « maintenant je me fais chrétien ». Évidement cela requiert ma libre adhésion, ma réponse, mais d’abord c’est l’action de Dieu qui sort à ma rencontre, que « me tire » vers sa hauteur. Notre « activité » consiste, en premier lieu, à « saisir cette initiative de Dieu ». En second lieu cet être pris par Dieu implique le fait d’être inséré dans le nous de l’Église, nous lié aux autres avec une mystérieuse solidarité qui est le tissu du Corps du Christ dans l’histoire.

Ensuite Benoît XVI explique que la formule positive du Baptême n’est pas simplement une formule mais un véritable dialogue qui implique la vie de celui qui désire le recevoir. Fondamentalement, il s’agit d’un chemin, un chemin qui se prolonge toute la vie et qui requiert toujours de la raison, de l’affection et de la liberté, et rien de cela ne vaut d’un coup et pour toujours, c’est quelque chose qui doit être dramatiquement renouvelé chaque matin, comme nous le montre la vie des saints. La profession de foi, précise le Pape, n’est pas seulement quelque chose qu’il faut comprendre et retenir (bien que cela soit certainement cela aussi) c’est quelque chose qui touche notre vécu. « La vérité du Christ ne peut se comprendre que si seulement l’on a compris son chemin…la vérité qui ne se vit pas ne s’ouvre pas ; il n’y a que la vérité vécue, la vérité acceptée comme style de vie, comme chemin, qui s’ouvre aussi comme vérité dans toute sa richesse et sa profondeur ».
Résonne ici l’écho de cette formulation qui ouvrait le préambule de l’encyclique Deus Caritas Est : « on ne commence pas à être chrétien par une décision éthique ou une grande idée, mais par la rencontre avec un évènement, avec une Personne, qui donne un nouvel horizon à la vie, et avec lui, une orientation décisive ».

Quel rapport avec les cas d’abus sexuels ?
Dans la mesure où la foi se vide de sa propre substance et se réduit à un schéma intellectuel, à un discours moral, une simple formule doctrinale ou de piété, elle cesse de « toucher notre vie », elle se retrouve à la longue insignifiante.
La fatigue de la foi dont il a parlé avec profondeur dans son discours à la Curie en décembre dernier (ici, dans l'introduction) a à voir avec cette réduction, ou mieux encore, avec cette altération profonde de la substance de la foi. Et c’est cela qui se reflète dans cette incapacité à parler au cœur de nos contemporains, cette facilité à accepter les analyses des idéologies en vigueur.

Dans son message à une portion branlante de l’Église, comme celle qui marche dans l’île verte de Saint Patrick, Benoît a dit que « l’effort du Concile était orienté à dépasser cette forme de christianisme et redécouvrir la foi comme une amitié personnelle profonde avec la bonté de Jésus Christ ». Il ne s’agit pas d’adapter l’Évangile à l’air du temps, mais de le faire briller dans toute sa splendeur à l’intérieur de cette époque spécifique avec toutes ses possibilités et tous ses dangers.
Et c’est ce qui continue à être aujourd’hui la grande tâche de l’Église, incomprise par ceux qui s’accrochent à une transcendance fossilisée et à ceux qui se livrent à la dissolution culturelle dans la mentalité de l’époque. Les uns et les autres, ennemis de la grande mission de Benoît XVI.