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Carlota nous avait parlé du débat devant opposer le 28 juin à l'Université catholique d'Avila l'ex "premier" espagnol et le Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin. Les medias ont retenu que Zapatero avait été hué, stigmatisant une prétendue intolérance du public catholique. Retour sur un quiproquo et mise au point. (1er/7/2012)

>> Cf.
Un Pape pour notre temps



Carlota:
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Le cardinal Cañizares était donc à Avila le 28 juin 2012 pour participer à un débat sur l’humanisme à notre époque, à l’Université catholique de la ville. L’autre invité était José Luis Rodriguez Zapatero.
Je n’espérais guère de cette rencontre car même en essayant de me persuader que toute personne peut un jour entendre la voix du Seigneur, le cas de l’ancien chef du gourvernement espagnol me semble pour l’instant assez désespéré (un petit rappel plus bas de son attitude envers le Pape et dont nous avons déjà eu l’occasion de parler). Il n’y a pas eu en effet un vrai débat, ce qui n’a pas échappé à la nombreuse assistance (amphithéâtre de 2000 personnes comble) dont des prêtres et en plus de l’évêque des lieux, deux de diocèses voisins : « ce fut plus deux monologues, et celui de Zapatero, de ce qu’il y a de plus mielleux et sans fondement » (cf www.religionenlibertad.com/). Néanmoins deux hommes qui tout oppose dans les idées, étaient assis à la même table. Aussi malgré ce que j’avais annoncé ici (Un Pape pour notre temps ) j’ai renoncé à traduire le compte rendu de cette rencontre (dont je n’ai d’ailleurs pas encore trouvé l’enregistrement complet ou la transcription intégrale).
Globalement Zapatero a regretté la trop grande confiance accordée au système bancaire (façon de dire : « c’est pas moi, c’est l’autre, c’est la fatalité ») et a, bien sûr, prôné plus de fédéralisme et plus d’Europe pour arranger les choses. Et pour l’anecdote j’ai lu que l’homme politique aurait fait aussi une « bourde » très révélatrice en déclarant : «comme l’a dit Sancho Pansa, la liberté est le bien le plus précieux » (cf ici).
Or, dans l’œuvre de Cervantès, ce n’est pas Sancho Pansa mais son maître Don Quichotte qui précise à son serviteur: « La liberté, Sancho, est l’un des dons les plus précieux que les cieux ont donné aux hommes ; […] pour la liberté, ainsi que pour l’honneur, on peut et l’on doit risquer sa vie, et au contraire, la captivité est le plus grand mal qui puisse arriver aux hommes » (ma traduction car je n’ai pas d’édition française sous les yeux du génial Cervantès qui lui savait ce qu’était la privation de liberté notamment pour avoir connu pendant plusieurs années les geôles mahométanes d’Afrique du Nord).
Le cardinal Cañizares, quant à lui, a repris les arguments évoqués ici (Où allons-nous, Europe?) sur ce que doit être la civilisation européenne, pas celle des marchands, et en insistant sur la crise qui n’est pas d’abord économique mais morale.

Par contre les médias ont, en général, préféré insister sur le fait que Zapatero avait été hué par la foule (cela évite de parler du fond, tout en lui réservant le beau rôle).
Luis Antequera, journaliste et blogueur que nous avons déjà traduit, revient sur cet incident tel qu’il a été présenté par les medias pour rétablir les circonstances de cette affaire, et ne pas montrer un public sous un jour fallacieux, donnant une fois de plus une image négative du monde catholique, y compris universitaire.

Original: http://www.religionenlibertad.com

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Des clefs pour comprendre « l’accueil par des huées » de Zapatero à Avila
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Le débat sur l’humanisme qui s’est déroulé à l’Université Catholique d’Avila entre le Cardinal Cañizares et M. José Luis Rodríguez Zapatero (en des temps pas très éloignés, inimaginable, compte tenu de la trajectoire de ce dernier) est prêt à passer à l’histoire à cause de l’accueil par des huées qu'a dû subir le précédent président du gouvernement de la part du public présent dans la salle.

Les médias sont nombreux à décrire ce qui s'est passé avec ce mot « huées ».
Ainsi « Periodista Digital » titre : Réapparition dans une manifestation à côté du cardinal Cañizares. Le miracle de Sainte Thérèse (ndt évidemment d’Avila) n’a pas réussi à éviter des huées assourdissantes à l’égard de ZP (ndt pour Zapatero) à Avila ».
Le journal « 20 minutos » s’exprime dans des termes identiques: « Zapatero est hué à Avila lors de sa réapparition dans une manifestation à côté du cardinal Cañizares ».
« El País » dit : « Huées pour Zapatero à son arrivée à un débat avec Cañizares ».

La vérité est différente
D’abord, les titres, et même dans certains cas, le contenu de la nouvelle, impliquent la grossièreté et aussi -de façon intéressée - induisent la confusion, car ils font penser que les faits ont eu lieu à l’extérieur de l’édifice à l’arrivée du responsable socialiste et d’une manière plus ou moins préméditée, alors qu'en fait, ils ont eu lieu d’une façon spontanée et inattendue et à l’intérieur de la salle, quand les deux protagonistes se trouvaient assis à la table de conférence et étaient présentés par M. Marhuenda (ndt directeur du journal plutôt de centre droit « La Razón », chargé de la gestion du débat).

II est important d’expliquer d’une manière précise et correcte ce qui s'est passé.
Et c’est autre chose que des sifflets isolés ... comme tant d’autres reçus par l’ex-président du gouvernement, même s’il est juste de reconnaître qu'en effet, c’est ainsi que cela a été perçu par les trois personnes à la table de conférence, l’animateur Francsico Marhuenda, le cardinal Cañizares et l'intéressé M. Rodriguez Zapatero lui-même, comme le démontrent le sourire avec lequel il a répondu, un sourire identique à celui qui a accompagné d’autres effronteries du même genre, et les réponses qu’ont fournies l’animateur et le cardinal (ndt le cardinal a demandé au public de les laisser parler puisqu’ils étaient venus pour cela).

Ce qui a en réalité irrité le public et provoqué ce qu’il faudrait plutôt définir comme une protestation.. que comme des huées, c’est que M. Marhuenda a fait référence à M. Rodriguez Zapatero, en utilisant les terme Excellentissime M. le Président Rodríguez Zapatero (ndt: en espagnol Excellentissime correspond comme en français au superlatif de l’adjectif excellent, mais est aussi un adjectif protocolaire très codifié employé pour certaines fonctions), ce à quoi une bonne partie du public, et pas que quelques uns, a objecté « qu’il n’était pas président mais ex-président du gouvernement ». Sans se rendre compte du pourquoi de l’irritation du public, M. Marhuenda a réutilisé le terme à deux ou trois reprises. […] Ce n’est qu’à la fin du débat que M. Marhuenda a fait référence au responsable socialiste comme « ex-président », une allusion que le public a reçu alors dans un parfait silence.

Or, tout ceci étant exposé, et pour une parfaite et complète analyse du sujet, la question est : « M. Marhuenda a-t-il agi d’une manière erronée en faisant référence à M. Rodriguez Zapatero comme « Excellentissime M. le Président Rodríguez Zapatero » et non comme «ex-président ».
Et bien non (ndt c’est la même chose dans le protocole français, l’on continue à dire M. le Président aux anciens présidents de la République, ou M. le ministre aux anciens ministres).
[…].
Il est curieux de voir que les questions de protocole ont finalement abouti dans ce cas à un véritable conflit, ou une incompréhension protocolaire. « C’est le direct » dirait l’un, « C’est la vie » diraient d’autres. […].
Marhuenda n’a pas fait d'erreur en présentant l’ancien président du gouvernement.

Mais nous ne devrions pas parler, nous les journalistes (si nous voulions réellement être loyaux avec la réalité et acceptions pour une fois de nous dépouiller de toute autre intention que celle de décrire la réalité), de huées, mais de protestation. Je ne dirais pas que cette protestation n’était pas empreinte d’une certaine crispation. Et même une protestation relevant d’une erreur de compréhension si l’on veut, comme nous l’avons vu. Mais une protestation. Des huées, et encore moins prémédités ou orchestrés, jamais.

* * *

Notes de traduction
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Luis Antequera dans un article (en lien ici) rappelle quelques «goujateries protocolaires » de M. Zapatero à l’égard du Saint Père, et qui sont bien plus graves que la protestation d’un public ne connaissant pas l’appellation d’un ancien chef du gouvernement espagnol. J’en donne quelques éléments ci-dessous :

« M. Zapatero quand le Pape est venu en Espagne aurait du participer aux cérémonies qui ont amené en Espagne le chef spirituel des catholiques du monde entier (1,2 milliards). D’abord parce que les Espagnols qu’il représentait et qui avaient voté pour lui continuent à être majoritairement catholiques. Ensuite parce que, par un minimum de politesse, le Pape était l’invité du Gouvernement espagnol présidé par M. Zapatero. Sans cette invitation il n’aurait pas fait cette visite par tout le pays. Troisièmement parce que le Pape n’est pas seulement le Chef d’État d’une nation souveraine mais l’un des personnages les plus importants et des plus influents de la scène internationale. […]
C’est paradoxale que dans sa recherche d’un lieu sûr où se refugier, fuyant Benoit XVI, il ait cru le trouver, précisément parmi les militaires espagnols, tellement disciplinés eux (s’ils pouvaient parler, que de choses ils diraient !).

Carme Chacon

Et à eux non plus, on n'a pas épargné les effronteries et les humiliations: la première, ce départ inutilement humiliant d’Irak sous le tam-tam des œufs lancés par leur collègues italiens (ndt juin 2004 . Je complète en disant qu’il y a eu aussi le même genre d’attitudes de la part de soldats portugais, polonais, et hispaniques nord-américains vis-à-vis des militaires espagnols quittant l’Irak et notamment des hommes de la Légion espagnole dont le prestige est considérable); la dernière, leur donner comme ministre une personne provenant d’un milieu nationaliste (ndt comprendre indépendantiste) et antimilitariste (ce qui est moindre, il faut nous en convaincre, femme et enceinte) [ndt il s’agissait de Mme Carme Chacón, furieusement socialiste et aux dents longues en vue d’une longue et prometteuse carrière ! Evidemment cela n’a pas forcément de rapport avec ce qui se passe actuellement en France]