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Angela Ambrogetti a interviewé Greg Burke. Regret: Dieu est entièrement absent de ses réponses et le Pape y fait juste une apparition-éclair.
Après le discours de Ratisbonne, John Allen avait écrit: "
Qui dira non à Benoît XVI?" Aujourd'hui, j'ai l'impression que son idée s'est imposée. Et je n'aime pas vraiment... (2/7/2012)

>>>
Voir aussi: Un "spin-doctor" au Vatican?
>>> Censurer le Pape à la source ? (ce texte date de 2007, mais en toute immodestie, je trouve qu'il décrit bien la situation actuelle): http://beatriceweb.eu/

     



Greg Burke:
Mon défi est que la presse recommence à parler du message du Pape

Angela AMBROGETTI (1)
2 Juillet 2012
(Texte en italien: korazym.org, ma traduction)
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Son travail commence aujourd'hui, lundi 2 Juillet.
Greg Burke, le journaliste qui doit conseiller la stratégie de communication du Saint-Siège dispose d'un bureau à la Terzia Loggia (ndt: le troisième étage du Palais Apostolique, où il y a l'Appartement privé du Saint-Père, mais aussi la Secrétairerie d'Etat) où il y sera très présent.
Un travail très différent de celui de correspondant et envoyé à Rome, commencé il y a une vingtaine d'années. Nous nous connaissons depuis lors. Je l'ai rencontré lors de son dernier jour de travail à la Fox, au siège du network, à proximité du Vatican. Rien de somptueux, un sous-sol avec des salles de montage efficaces et des studios d'enregistrement, wifi, et postes de travail. Du reste, le travail se fait à travers le monde.
Dans le Palais apostolique, il ne sera pas loin du Pape et du Secrétariat d'État, et son travail se déroulera désormais à «l'intérieur».

Tout en parlant, je pars justement de cela:

Angela Ambrogetti: Cela t'ennuie de quitter la Fox, ton travail de correspondant et d'envoyé?
Greg Burke: Enormément! Oui, bien sûr, parce que le travail que j'ai fait à Fox était une sorte de "dream job" le travail de mes rêves. J'étais basé à Rome, mais j'ai beaucoup voyagé dans toute la Méditerranée. J'étais souvent à Jérusalem au moins une fois par an, cinq ou six fois en dix ans, j'ai été au Liban, j'ai également suivi la guerre ....

A: Mais tu vas retourner au Liban en Septembre avec le Pape?
GB: Je ne sais pas encore si je serai du voyage, on va voir, je suis curieux .... Mais tu sais, j'ai dit non au début pour deux raisons: j'avais une «frousse bleue» de cette place ...

A: Il y a des collègues qui feraient n'importe quoi pour être à ta place ...
GB: J'imagine, mais il faut aussi être conscient que c'est quelque chose de sérieux, très exigeant, très sérieux. Et puis j'avais un bon travail. Je pensais rester encore d'autres années et renouveler le contrat avec la Fox. Pour moi, travailler à la Fox était une belle chose, après, on peut penser ce qu'on veut de la Fox, mais j'y ai travaillé vraiment bien, c'est un travail prestigieux et le travail était très agréable. Neuf missions sur dix étaient exactement ce dont je rêvais comme journaliste, même si c'étaient des événements dramatiques.

A: Donc, pour toi, passer du terrain à un bureau, à l'intérieur, ce sera difficile?
GB: Oui, pense qu'en dix ans, je crois que je n'ai jamais assisté à une réunion, et je pense que mon travail va maintenant être très «à l'intérieur», un travail complètement différent, je vais avoir des réunions.

A: Tu as dit au début que ta fonction ressemble à celle d'une personne à la Maison Blanche. Mais le Vatican n'est pas vraiment la Maison Blanche, alors qu'est-ce que cela signifie?
GB: Oui, bien sûr, je dois faire très attention avec cette comparaison, car en fait, je ne suis le directeur de rien, mais le rôle de la Maison Blanche est très semblable à celui-ci: tu es dans les coulisses. A Washington, tout le monde sait qui est le blond, Jay Carney (ndt: le second "press secretary" de la Maison Blanche), qui chaque jour fait le briefing; le directeur de la communication, si l'on n'est pas dans le coup, on ne sait pas qui c'est, il apparaît parfois, mais ce n'est pas son rôle, son rôle est de rester derrière, savoir ce qu'il faut faire, etc. Un rôle passionnant et difficile en même temps.

A: Mais en somme, nous te verrons, dans la salle de presse, tu parleras aux journalistes?
GB: Avec mesure, avec beaucoup de mesure, ce n'est pas mon rôle. Il est important de ne pas faire une salle de presse parallèle. Certes, la tentation est là. Puisque je parle anglais, si l'AP (Associated Press) Television m'appelle et me demande une déclaration de 30 secondes, la tentation sera forte. Mais il est important que le porte-parole et le Bureau de presse du Vatican maintiennent leur rôle.

A: Tes interlocuteurs directs seront le Substitut du secrétaire d'Etat, l'archevêque Angelo Becciu et Mgr Peter Wells assesseur pour les Affaires générales?
GB: Oui, j'ai fait la connaissance de l'archevêque à cette occasion, tandis que Wells, je l'ai connu avant qu'il ne soit assesseur, il me voyait toujours lorsque je faisais mon 'stand up' (ndt: sans doute son néditorial) près du château Saint-Ange, et qu'il rentrait chez lui, et ainsi nous avons fait connaissance.

A: Alors, faisons un test: lorsque l'affaire Williamson a éclaté, par exemple, toi, qu'est-ce que tu en as pensé?
GB: Williamson a été sans doute la chose la plus frappante. C'est une affaire qui aurait pu être évitée, et le pape lui-même l'a dit. C'est un peu comme regarder deux trains sur le point d'entrer en collision et que personne ne fait rien pour les arrêter, je ne sais pas pourquoi. Mais, par exemple, le discours de Ratisbonne, quelque journaliste, mais c'est toujours plus facile avec le recul, m'a dit : oui, j'avais dit de faire attention! Mais si c'est vrai, je ne sais pas! Le discours était long et complexe.

A: C'était un discours articulé et souvent on prend une seule phrase et on ne lit pas vraiment le texte pour faire ressortir une phrase qui est vraiment le résumé du texte ...
GB: En fait, je crois qu'il s'agissait d'un cas plus compliqué. Le problème est un peu comment il a été lu et interprété, et aussi où il a été dit. Il n'a pas été dit à une grande foule, mais je suis toujours convaincu que le pape est un universitaire, s'il avait fait ce discours à un petit groupe d'intellectuels pour discuter d'un texte délicat mais intéressant, il ne serait rien passé. Mais il y a façon et façon de dire les choses. (ndt: comment se permet-il?)

A: Un autre test: s'il devait arriver que tu doives aller chez le Secrétaire d'État ou chez le Pape pour dire: ceci est un mauvais choix, ce n'est pas la bonne façon de communiquer, il ne faut pas faire ça. Tu auras le courage de le faire?
GB: J'espère que j'aurais ce courage! (ndt: même remarque!!) Et j'espère être écouté. Je ne suis pas un magicien. Cela arrive aussi dans les entreprises. Il y a les directeurs de la communication qui disent une chose ou l'autre, et puis ils ne sont pas écoutés. Nous verrons. J'espère que j'aurai le courage de dire les choses, mais je ne prétends pas avoir de pouvoir.

A: Nous journalistes, nous chercherons à te faire dire des choses, et peut-être que toi, tu essaieras de nous «éviter», mais nous pouvons aussi te suggérer des choses, tu as l'intention de recevoir des conseils?
GB: J'ai déjà demandé à des amis d'écrire quelques pages sur les choses qui vont ou ne vont pas, comment ils les voient, les choses qui peuvent être améliorées, même si je ne pense pas que les changements peuvent se produire très rapidement. Et l'un d'eux avec une vingtaine d'années d'expérience, m'a demandé: tu veux dire deux volumes? (ndt: John Alen?). Mais plaisanterie à part, j'espère écouter au début, et ensuite voir ce que je peux faire et ne peux pas faire. Ce sera un «feed back» parce qu'ensuite, je ne verrai plus les choses «de l'extérieur». Je pense que c'est important. Ensuite j'espère pouvoir être disponible. Ma vie a changé ces derniers jours. Jusqu'à il y a une semaine mon téléphone ne sonnait que trois fois par jour, désormais, il est brûlant.

A: Donc, nous voyons non pas une salle de presse parallèle, mais une tâche de communication interne?
GB: Oui, sans doute. Je ne suis pas un pur vaticaniste, je me suis occupé de différentes choses, y compris du Vatican. Mais nous en avons aussi parlé avec le Père Lombardi. C'est plus un travail pour préparer les nouvelles, afin que chacun puisse vraiment comprendre le message qu'on veut donner. Pour ce qui est de la coordination de toutes les institutions du Vatican, il s'agit d'un véritable défi, mais beau et grand. Mais mon office est ailleurs et nous avons les mêmes chefs. Et donc nous devons travailler ensemble. Nous devons bien préparer les nouvelles. Nous ne devons pas être en défense, une communication efficace est un peu comme le football: si l'on joue trop en défense, on prend des buts. Mais ce n'est pas facile de changer les mentalités.

A: Comment coordonner la communication, par exemple des chefs de dicastère, etc ....
GB: Il faut admettre que ce sera la chose la plus difficile. Ce sera facile de dire à mes chefs: si nous disons cela, la réponse sera cela, ou bien attention à ne pas faire ces deux choses en même temps pour ne pas perdre l'effet, et ainsi de suite. Il est plus difficile de comprendre tous les dicastères et la structure du Saint-Siège ...

A: Tu as déjà commencé à étudier l'Annuaire pontifical?
GB: Pas encore mais je vais le faire, je vais le faire ... Je ne suis pas un vaticaniste pur, c'est vrai.

A: On peut dire que le fait de t'avoir choisi est une manière de choisir quelqu'un qui n'est pas trop conditionné aussi par la presse italienne?
GB: Ça peut aussi être cela. Je n'y ai pas pensé, mais je peux aussi accepter cette idée dans un certain sens, mais je pense que la chose principale, c'est que je suis anglophone, dans ce monde nouveau, cela a une certaine importance. En somme, le défi est de savoir comment revenir au message fondamental de Benoît XVI au lieu de rester dans l'étang des thèmes habituels, l'IOR, les corbeaux, les scandales. Une chose que je ferai certainement sera de beaucoup suivre la presse et les nouvelles (en effet, cest le moins!), jusqu'à présent, je lisais un journal ou deux. Et je vais essayer de bien étudier ce qui se passe. Bien sûr, j'ai lu beaucoup de choses vraiment amusantes, et ridicules.

A: Alors, on attend une nomination?
GB: Il n'y aura pas de nomination, c'est juste une nouvelle, un contrat de travail. Je ne pense pas qu'il y aura une fonction dans le prochain annuaire, ensuite nous verrons.

A: Le fait que la nouvelle soit d'abord sortie sur l'AP a été étudiée, délibérée ou accidentelle?
GB: Elle a été accidentelle, la nouvelle ne devait sortir que le jeudi 28 Juin. Et puis elle est sortie à New York, d'après moi, ce n'était pas voulu, mais pour moi c'était mieux de cette façon parce qu'il y a eu un peu de temps pour l'assimiler.

A: Ta dernière participation en tant que journaliste avec nous a été la visite de l'IOR (2), c'était une découverte, pour toi? Tu étais déjà entré ainsi à l'intérieur du Vatican?
GB: Eh bien j'y pensais! Il y a peut-être vingt ans, j'ai vu les guichets pendant deux minutes. Mais je n'avais certainement pas eu d'occasion de ce genre. C'est bien que le directeur de l'IOR ait parlé ouvertement pour «dévoiler» un peu les choses, comme il a dit. Ça s'est très bien passé. Parce qu'on a écrit à peu près tout, et je pense que c'était la bonne réponse: Parlons-nous ouvertement. Chaque pas dans le sens de l'ouverture me semble être une bonne chose.

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Note

(1) Elle avait écrit juste avant sur le site korazym.org un article intitulé "Qui veut délégitimer l'Eglise catholique?" .

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Depuis que la papauté existe, une de ses plus grandes difficultés est de gérer la Curie romaine. Qui ne devrait jamais être confondue avec l'Église catholique. La Curie est un organisme humain, plein des limitations mais aussi des merveilles des êtres humains.
Pour cette raison, ceux qui traitent de la Curie d'un point de vue journalistique savent, ou du moins devraient savoir, que parmi les nombreux courants d'air et brises, il n'y a qu'un vent qui souffle en permanence, c'est le souffle de l'Esprit. Et c'est celui qui compte. C'est le vent qui souffle dans les voiles de la barque de Pierre et la fait avancer depuis plus de deux millénaires. Par exemple, en ces jours torrides de fuites de documents et d'informations de contrebande, la visite à l'Institut pour les Œuvres de Religion, qui a été concédée aux journalistes par le directeur général Paolo Cipriani a été un geste providentiel. Désormais, il est facile de dire qui va écrire de bonne ou de mauvaise foi sur les faits de l'IOR.

Quelle est l'institution financière (ndt: voir ci-dessous) qui ouvre ses portes à 50 journalistes du monde entier pour se raconter?
Information institutionnelle, bien sûr, mais malgré tout acte de courage qui devrait être respecté et apprécié. Mais non. Même au sein du monde catholique, il y en a qui, par ressentiment personnel, considèrent cette information comme «bidon», et reviennent sur la thèse éculée de comptes bancaires secrets de politiciens et d'escrocs. Dans l'attente de preuves concrètes, on lance les cailloux: certains cardinaux disent au Pape que IOR ne tourne pas rond. Ce serait bien d'en avoir la preuve, peut-être des cardinaux eux-mêmes, qui aideraient les croyants à comprendre, et l'Eglise à offrir une image claire d'elle-même. En attendant, tenons-nous en à la connaissance des faits «officiels» qui ne sont pas obligatoirement «bidons». Au moins, pas plus que pour d'autres institutions humaine.
Le pape travaille sur le problème de la Curie, en essayant de ne pas être influencé par ceux qui cherchent à créer une fracture violente entre «diplomates» et «pasteurs». Une opération que certains, à l'intérieur de la Curie, ont mise en œuvre. Mettre en opposition le secrétaire d'Etat et le secrétaire personnel est une action lâche. Et même trop évidente. Et qui prête le flanc à ceux qui continuent, à l'extérieur, le jeu habituel de délégitimation de l'Église pour pouvoir la détruire, pour la rendre peu crédible, en la confondant avec la gestion de la Curie.

Lundi 2 Juillet commence le service du nouveau consultant pour la communication, au Secrétariat d'Etat. Ce serait bien s'il pouvait préciser pour quelques journalistes que suivre les courants d'air, les "dictées" et les idées préconçues, ce n'est pas du journalisme. Et que les lecteurs sont intéressés par les faits plutôt que les papiers de tel ou tel.

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(2) http://www.7sur7.be/

Le Vatican, en pleine tempête "Vatileaks", a laissé jeudi la presse internationale pénétrer dans son Institut pour les oeuvres de religion (IOR), objet de tous les fantasmes, pour tenter de la persuader qu'il n'est que le bras financier de ses oeuvres de charité.
Convaincant ou non, l'exercice, arbitré par le directeur général de l'IOR, Paolo Cipriani, aura attiré 55 journalistes, en majorité de la presse italienne, mais aussi de l'étranger, parfois venus exprès à Rome. D'autres n'ont pas été admis faute de place. "
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