L'année 2010 de Benoît XVI
... racontée par le Père Lombardi (Radio Vaticana) (29/12/2010)
-> Texte en italien ici: http://www.oecumene.radiovaticana.org... (version audio: http://212.77.9.15/audiomp3/00241524.MP3 )
Ma traduction.
-> Relire aussi mon propre résumé: Le Pape en 2010: le vol de l'aigle.
L'année 2010 de Benoît XVI: une année intense racontée par le Père Federico Lombardi
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Cinq Voyage internationaux, quatre visites pastorales en Italie, une Exhortation apostolique, un consistoire et le synode, 45 audiences générales avec celle de demain, un livre-interview. Ce sont quelques-uns des chiffres qui ont caractérisé l'année 2010 de Benoît XVI. Une année, a reconnu le pape dans son allocution à la Curie romaine, marquée par le scandale des abus commis par le clergé. C'est précisément de cette triste affaire que part la réflexion du directeur de la Salle de presse du Vatican, le père Federico Lombardi , qui, dans cet entretien avec Alessandro Gisotti met l'accent sur les passages saillants du 2010 du pape:
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R. - Le problème de cette année n'est pas entièrement nouveau. Dans des pays comme les États-Unis, il avait déjà été posé il y a une douzaine d'années avec une grande intensité. En Irlande aussi, le problème remonte aux années passées et, en 2009, il avait déjà été affronté par le Pape, avec plusieurs évêques irlandais: le pape avait annoncé sa lettre aux catholiques d'Irlande sur cette question. Il est vrai, cependant, que cette année, le problème s'est posé avec force dans d'autres pays européens, et ceci a suscité une réaction considérable, et la consternation. Le pape a fait de nombreux documents et de nombreuses interventions qui ont été exemplaires, sur la façon de traiter, et dans quel esprit, cette question. Il a démontré avec l'écoute des victimes à plusieurs reprises, une attitude de disponibilité à écouter, à comprendre, à participer à la souffrance. Il a souvent invité l'Eglise à un profond renouveau: on se souvient du discours à la fin de l'Année sacerdotale, qui nous a tous touchés profondément. Il a également encouragé concrètement tous ceux qui sont engagés dans la prévention, le soin de ces blessures. Nous sommes donc dans la bonne direction pour surmonter la tragédie de ce scandale, qui a profondément blessé de nombreuses personnes, mais qui devrait être considéré comme une occasion pour un renouvellement, une capacité à écouter, à réfléchir en profondeur sur tous les sujets. Non seulement, donc, la question de la sainteté sacerdotale, mais aussi sur les questions de la sexualité et du respect de la personne dans le monde d'aujourd'hui, où si souvent manque ce respect concernant la dimension de la sexualité et de l'affectivité. De cette grande tragédie, j'espère que pourra émerger pour l'Eglise une impulsion de renouveau et aussi un engagement sur des frontières plus approfondies pour un service à la dignité de la personne humaine, à la sainteté de la vie.
Q. - Le pape a consacré à la liberté religieuse, le message pour la Journée mondiale de la Paix: un thème d'actualité dramatique aujourd'hui, compte tenu également de la résurgence des persécutions anti-chrétiennes ...
R. - D'habitude, en pensant aux persécutions, aux difficultés des chrétiens, nous regardons principalement vers le Moyen-Orient, mais il est vrai, malheureusement, que, dans de nombreuses autres régions du monde il y a des problèmes: pensons aux événements survenus en Inde, aux Philippines et dans d'autres parties de l'Asie. Ce qui nous a beaucoup peinés, surtout ces derniers mois, ce sont les problèmes posés à la liberté de religion, de conscience, pour les chrétiens en Chine. Sur ce point, il y a eu des interventions très explicites et importantes de la part des autorités du Vatican. Le document pour la Journée mondiale de la Paix de cette année, cependant, a également invité à élargir notre vision à l'Occident, aux sociétés sécularisées. Le terme «christianophobie» a été utilisé pour la première fois par le pape dans son allocution à la Curie romaine, et c'est quelque chose qui touche aussi notre pays et nos cultures, cette tentative d'exclure de la vie publique, en particulier, les signes chrétiens et les expressions de la vie chrétienne. Insister sur le droit de pratiquer librement et explicitement la foi chrétienne, dans toutes les régions du monde, y compris dans les pays laïques, comme contribution à la bonne vie dans la société, a été l'un des messages les plus importants du Saint-Père au cours du voyage au Royaume-Uni et il a été très écouté, en particulier dans le discours à Westminster Hall.
Q. - Un des moments forts dans la vie de l'Eglise en 2010 a été le Synode des évêques pour le Moyen-Orient. A cette occasion aussi, le Pape nous a rappelé, comme il le fait constamment, combien les chrétiens, et pas seulement en Terre Sainte, sont des promoteurs de la réconciliation, des bâtisseurs de la paix ...
R. - Oui, même si malheureusement il y a eu, même après le Synode, des signes de violence et de difficultés pour les chrétiens - on se souvient de l'attentat à l'église de Bagdad- le Synode a donné une impression de vitalité, d'engagement, de désir de témoigner activement, de la part des chrétiens des différents rites, dse différentes communautés dans la région. Donc, cela a été également un signe d'espoir, malgré les difficultés qui persistent.
Q. - Benoît XVI a accompli de nombreux voyages cette année: quatre en Italie et cinq internationaux. Celui au Royaume-Uni, comme vous l'avez dit, fut mémorable, aussi pour la béatification de John Henry Newman ...
R. - La figure de Newman était importante, pour ce voyage. La figure de Newman pour ce Pape est un personnage d'une importance cruciale pour la relation entre foi, raison et spiritualité. Dans le dernier discours à la Curie romaine, le pape a souligné un aspect de plus, qu'il n'avait pas approfondi lors du voyage au Royaume-Uni, celui de la conscience (cf. Voeux à la Curie: la conscience, selon Newman): que signifie la conscience, pour le cardinal Newman, comme critère de guide sur le chemin de la recherche de la vérité. La personnalité de Newman, en particulier dans le monde anglophone, mais aussi pour l'Eglise universelle, est donnée par le Pape comme une figure lumineuse, à une époque où l'on doit trouver, même au milieu des difficultés, mais avec constance, son chemin, dans le contexte d'un débat difficile, culturel, religieux, et spirituel.
Q. - Parmi les décisions de vaste horizon prises par le pape cette année, il y a la création d'un dicastère pour la Nouvelle Evangélisation. Nous pensons aussi à la formule de la "cour des Gentils", proposé par Benoît XVI pour les hommes de notre temps ...
R. - La création d'un nouveau dicastère a peut-être été une surprise, car personne ne pensait que nous avions besoin de nouvelles institutions dans le cadre de la Curie romaine. C'est un message, toutefois, très clair: le message de la priorité d'annoncer l'Evangile, dans la mission de l'Eglise, toujours et à travers les âges, même dans des situations difficiles. Le dicastère de la Nouvelle Évangélisation est un message spécifique, mais il doit toujours travailler dans le contexte de la mission plus ample de l'Eglise, thématisant l'annonce explicite de l'Evangile dans le monde d'aujourd'hui.
Q. - Vous avez qualifié le livre-interviewe, 'Lumière du Monde' (cf. Luce del Mondo) d'"acte de vrai courage communicatif". Quel est le défi, que, selon vous, Benoît XVI lance aux opérateurs de communication, ce phénomène qui distingue, et presque qui définit l'ère dans laquelle nous vivons?
R. - Nous continuons à découvrir les caractéristiques spécifiques du Pape Benoît XVI dans le sens de la communication. Il y avait l'idée qu'il n'était pas un pape communiquant, par rapport à son grand prédécesseur. En fait, il est en train de trouver des formules qui lui sont propres, caractéristiques, mais nouvelles - même de la part d'un pape - pour communiquer le message. Pensons au livre "Jésus de Nazareth" dont nous attendons le second volume et dont nous espérons qu'il sera complété par un troisième volume: un livre de caractère théologique et spirituel, écrit personnellement par un Pape théologien est aussi un grande nouveauté de ce pontificat, comme l'est aussi le livre-interview. Cela montre certainement la réflexion et la recherche de la part du pape pour trouver la voie juste et convenable, aussi, à sa communication personnelle. Je voudrais ajouter les autres formes classiques de sa communication, qui sont les homélies, catéchèses ou grands discours. Les homélies, en particulier, qualifient le service du Pape comme une grande contribution à la synthèse entre la théologie et la spiritualité pour l'Eglise d'aujourd'hui: c'est un maître d'homilétique (?) pour toute l'Eglise. (Ap)
