Articles Images La voix du Pape Lectures, DVD Visiteurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil La voix du Pape

La voix du Pape


Voyages 2011, en deux collages Liens Le Pape en Espagne Nicolas Sarkozy chez le Pape Synode pour le Moyen-Orient La luce del Mondo

Paul VI, avocat de la personne humaine

Première partie du texte de Joseph Ratzinger, écrit en 1995 (la suite, traduite ici, abordait Humanae Vitae).
Vatican II et la modernité: un rendez-vous manqué (29/11/2010)

-> Lire ici:
Humanae Vitae expliquée par Joseph Ratzinger

J'avais traduit hier un large extrait d'un texte du Cardinal Ratzinger, datant de 1995, qu'on peut interpréter comme un plaidoyer pour Humanae vitae, et un hommage à Paul VI: c'est d'actualité, lorsque dans certains milieux, on s'inquiéte des réponses que le Pape a données à Peter Seewald sur le sujet.

Voici la première partie du texte, où il replonge pour nous dans le contexte historique de Vatican II: on ne peut pas comprendre le Concile, et ce qui en a résulté, si on fait l'économie de ce retour dans un passé récent, celui de l'après-guerre, puis des années 68. De Vatican II et la modernité, pour faire court, on pourrait dire: Un rendez-vous manqué.
Il me semble que la lettre du prêtre espagnol, traduite par Carlota (Une lettre d'un prêtre espagnol de 83 ans ), est une illustration par la pratique, de l'analyse du cardinal, c'est-à-dire le vécu de la base.


Texte en italien: papabenedettoxvitesti.blogspot.com/...
Ma traduction:

Paul VI, avocat de la personne humaine
Joseph Ratzinger
-------------------
Avec la convocation et l'ouverture du Concile Vatican II, Jean XXIII avait légué à son successeur Paul VI la tâche d'une réforme générale de l'Église.
Lorsque le Concile commença, la phase de reconstruction d'après-guerre touchait à sa fin.
Les destructions, que la dictature anti-chrétienne de Hitler avait laissées, parlaient un langage éloquent.
Elles avaient imprimé une nouvelle orientation aux fondements chrétiens de l'Europe et suscité une volonté commune de réveiller à nouveau la vie dans ce continent torturé et démembré. Dans la nécessité du moment, était née une entente dans la pensée et l'action, qui fut dissoute au moment où le travail de la reconstruction s'acheva.
L'effort pour renouveler l'Eglise ne peut pas être compris en dehors de ce contexte social et de ses changements.
Dans la première phase d'après-guerre, l'Eglise apparaissait comme le bastion de l'humanité dans la conscience de ceux qui avaient connu la domination de l'inhumanité. Elle était la réalité sûre qui avait tenu bon, et fait ses preuves. Par conséquent, elle pouvait quitter le ghetto dans lequel le XIXe siècle l'avait cantonnée: le libéralisme et l'idée inspirée par les États-nations n'étaient plus - en tout cas, semblait-il - en contradiction avec l'Église.
L'esprit de modernité et l'Eglise ne se regardaient plus avec hostilité, mais marchaient l'un vers l'autre.
Vatican II avait commencé dans ce climat optimiste de la réconciliation enfin possible entre les temps modernes et la foi; la volonté de réforme de ses Pères en était façonnée.
Mais déjà lors du Concile, ce contexte social commençait à se modifier. L'époque moderne ne continuait pas à rester dans la situation spécifique de l'après-guerre.
L'année 1968 fut le signal d'un changement
: un monde vraiment nouveau et un homme nouveau devaient être générés par les forces de la raison et de la puissance humaine.
Les événements de 1968 signifiaient en quelque sorte une révolte de l'époque moderne contre elle-même: précisément la société libérale, organisée de manière démocratique et bourgeoise, apparaissait désormais comme la prison de l'insatisfaction et du vide qui devait être brisée pour trouver la liberté vraie, absolue la vie pleine.
La réconciliation entre la foi et l'époque moderne, qui avait en quelque sorte été l'idée conductrice de Vatican II, était ainsi mise en cause dans sa forme concrète. Cette époque moderne, avec laquelle elle avait commencé à se réconcilier, à présent, n'était plus là.
La révolution commencée se retournait contre elle, pour réaliser la vraie nouveauté, le progrès final. Ce drame éclipsa nécessairement la réception du Concile, et suscita les positions opposées que l'on sait. [Ceux qui n'avaient pas pensé à une réforme décisive à partir du contenu de la foi et de ses critères, considéraient alors eux aussi qu'ils ne pouvaient rester à la traîne des nouveautés au risque de voir le sol se dérober sous leur pieds].
Mais il y avait aussi les autres, qui déclaraient désormais que la mise en oeuvre même du Concile était un échec, et qui voyaient le salut dans la résistance contre lui.
Mener la navigation entre Charybde et Scylla fut la tâche difficile qui incomba à Paul VI.
Dans un effort presque surhumain, il lutta pour rester fidèle à la vitalité et au dynamisme intérieur de la foi soulignés par le Concile: la foi n'est jamais congelée dans le passé, mais signifie toujours le vrai progrès. En effet, elle va à la rencontre du Christ, qui est non seulement l'Alpha, mais aussi l'Omega de l'histoire. "Les œuvres du Christ ne vont pas vers l'arrière, mais vers l'avant", a dit saint Bonaventure.
La foi est toujours la véritable nouveauté et a quelque chose à dire à chaque temps; à chaque époque, elle peut parler dans sa langue. Le miracle de la Pentecôte n'implique pas seulement l'entente synchronique des nombreuses langues et cultures d'une période, mais aussi le miracle diachronique, la force de parler dans les langues de chaque présent et chaque futur. Mais dans un tel développement vivant, seule reste la foi dans le Seigneur.
C'est pourquoi le Pape a considéré comme son devoir de défendre et de mettre en lumière cette entité de la foi, au lieu de dissoudre le message dans une simple répétition , ou un simple contrepoint aux idéologies qui vont et viennent. Dans la confusion des dictatures, elle avait fait ses preuves pour sa non-disponibilité à se laisser corrompre: on doit obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes.
Si nombreux sont ceux qui classent le pontificat du pape Paul VI comme contradictoire, comme dialectique irrésolue entre le progrès et la tradition, ils négligent ce qui le caractérise le plus, cette unité intérieure de son action, qui vient du caractère ummuable et du dynamisme de l'amour dans le Christ.

Rétrospectivement, il apparaît très significatif que Paul VI ait publié en cette année fatidique de 1968, deux documents importants, qui sont un témoignage de sa capacité de compréhension et de la fermeté de son action à partir de la foi. Il y a d'abord la profession de foi, qu'il donna à l'église le 30 Juin 1968 en conclusion de l'Année de la foi qu'il avait proclamée, et puis il y a l'encyclique Humanae Vitae, le 25 Juillet de cette année.
Ces documents, 25 ans après, méritent d'être relus .
Ils correspondent à un moment déterminé et à ses défis, mais vont bien au-delà du moment historique et appartiennent au patrimoine permanent de l'Église, et même, si nous les méditons à nouveau aujourd'hui - après tout ce qui s'est passé - nous constatons à quel point ils sont actuels, et adaptés moment présent.
Les deux textes parlent d'eux-mêmes, ils n'ont pas besoin commentaires détaillés. Je voudrais seulement suggérer quelques directions.
...

[La partie relative à Humanae Vitae est à lire ici: Humanae Vitae expliquée par Joseph Ratzinger ]

Pour le repos de l'âme de Manuela Marie, notre avocate