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Des nouvelles du Synode

Des interventions remarquables: celle des deux invités musulmans, et du Rabbin. Et surtout celle du Patriarche Latin de Jérusalem. (16/10/2010)

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Il est presque impossible de suivre minutieusement les travaux du Synode pour le Moyen-Orient qui s'est ouvert dimanche dernier à Rome.. Les interventions sont nombreuses, "techniques", abordant de nombreuses questions que je connais mal, et pour tout dire, plutôt réservées aux initiés.
On ne peut donc qu'opérer un choix - forcément réducteur.
Précisons qu'il ne s'agit en aucune façon d'un problème de "communication" du saint-Siège: l'intégralité des débats est disponible sur leur site (ici) ce serait donc aux medias de faire un travail de synthèse... mais ils ne sont guère empressés. Peut-être par manque d'intérêt, dans la mesure où jusqu'à présent, aucun des "pères synodaux" n'a fait de déclaration vraiment polémique. Ou peut-être parce que le sujet est très gênant pour eux - j'opterais plutôt pour cette seconde interprétation.

Parmi les personnalités non chrétiennes invitées aux débats, il y a - et c'est normal, puisque cela concerne le point de rassemblement des trois "religions monothéistes" - deux musulmans: l'ayatollah chiite iranien Seyed Mostafa Mohaghegh Ahmadabadi et Mohammad Sammak, secrétaire du Comité national libanais pour le dialogue islamo-chrétien, et un juif, le rabbin Rosen, conseiller du Grand Rabbinat d'Israël, directeur du département pour les affaires interreligieuses de l'American Jewish committee.

Curieusement, le discours du Rabbin a fait la une de l'Osservatore Romano, et a été traduite in extenso par Zenit en français, alors que les interventions des musulmans n'ont été commentées que dans les pages italiennes.

Une autre intervention - catholique, celle-là - d'intérêt majeur (selon moi la plus belle parmi celles reproduites ci-dessous, et la seule vraiment sincère, car de toute évidence, les trois autres ne le sont que très partiellement) est celle du Patriarche latin de Jérusalem, Sa Béatitude Twad Foual (il ne s'agit pas d'une intervention lors des débats, mais à une Conférence de presse en marge du Synode).

L'impression globale (peut-être inexacte) est que les catholiques sont appelés à jouer au péril de leur vie un difficile rôle d'arbitre, dans un nid de frelons.

Sur ce thème, voir ici: Des clés pour comprendre le Synode

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Sa Béatitude Fouad Twal

Chrétiens en Terre Sainte: la vocation à rester dans la patrie de Jésus
(Source: Zenit en italien, ma traduction)
Carmen Villa Elena
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Vendredi, 15 Octobre
"La présence des chrétiens en Terre Sainte n'est pas une présence quelconque ", a dit cet après-midi, Sa Béatitude Fouad Twal, Patriarche latin de Jérusalem. Une présence qui doit en premier lieu être, "le témoignage d'un événement salvifique et de toute la vie de Jésus», a affirmé le prélat.

Le patriarche, né en Jordanie il y a 70 ans, a pris part vendredi après-midi à une rencontre avec des journalistes dans la salle de presse du Saint-Siège, dans le cadre du Synode pour le Moyen-Orient.
Le Patriarcat latin de Jérusalem étend sa juridiction aux fidèles de rite latin présents en Israël, en Jordanie, à Chypre et à l'Autorité palestinienne. Il compte 65 paroisses et 77.000 fidèles.
Pour Sa Béatitude Twal, la question des chrétiens en Terre Sainte, qui ne représentent que 3% de la population, doit être un centre de l'attention pour l'Eglise universelle, parce qu'il s'agit "des descendants de la première communauté formée par Jésus-Christ lui-même."
Le patriarche de Jérusalem a qualifié la communauté chrétienne en Terre Sainte d'"Eglise du Calvaire", et a dit que la présence des chrétiens en Terre Sainte "est une mission, et une vocation", et que Dieu les appelle d'une manière spéciale à "porter cette croix".
"Chaque mission dans la vie de l'homme implique des sacrifices humains", a déclaré le patriarche.
Face à une demande formulée par ZENIT sur le rôle des femmes dans la mission apostolique de la Terre Sainte, il a admis: "Sans les femmes, nous ne pourrions même pas marcher (cheminer)". À l'heure actuelle dans cette région, il y a 73 communautés religieuses féminines, qui représentent selon le patriarche "un trésor".

Victimes de l'occupation israélienne
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Diverses interventions synodales se sont référées au drame israélien, qui pour le patriarche "est odieux, fait du mal aux Israéliens et aux Palestiniens"; l'occupant a peur de l'occupé, et ce dernier ne fait rien d'autre qu'alimenter la haine, dans l'attente de trouver le moment de se libérer et de se venger."
"Si deux états ne sont pas possibles, en partie à cause des colonies israéliennes, a-t-il dit, "je suis disposé avec les dirigeants palestiniens à accepter un Etat unique où les Palestiniens ont le droit de vote... Tel est le défi, plus que la création de deux Etats", a-t-il dit.
"Il y a des générations de Palestiniens et d'Israéliens qui sont nés et ont grandi sous l'occupation", a déclaré le patriarche. "Quelles générations sommes-nous en train de former? Avons-nous des familles qui vivent dans la paix, ou bien la haine? ".
Sur la question du mur israélien, il a déclaré que "ce n'est un facteur de sécurité", mais plutôt un signe tangible d'un autre mur, celui de la peur et l'ignorance".

Nécessité d'éduquer au dialogue
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Le patriarche latin de Jérusalem a déclaré qu'il avait participé l'an dernier à une commission pour étudier les livres religieux en usage dans les écoles locales, et il se plaint de ce que "les institutions scolaires n'ont pas voulu tenir compte de nos livres chrétiens" . "En faisant ainsi, on ne parvient pas à une culture de paix, a-t-il averti.
Mgr Twal a ensuite rappelé le Conseil pour la situation interreligieuse à Jérusalem, composé de chefs religieux chrétiens, musulmans et juifs. Tous les six mois, il y a une rencontre avec tous les ministres des pays arabes pour étudier ensemble comment stopper l'intégrisme religieux qui rend impossible le dialogue.
En ce qui concerne le Synode, le Patriarche a admis qu'il ne s'attendait pas à des "miracles du lendemain" et qu'il faudra "du temps et de la patience pour ne pas se contenter de l'événement, mais pour en apprécier le contenu et en particulier les mots et les exhortations que Benoît XVI voudra nous adresser.
«Nous avons semé, et il faut donner du temps à la Providence pour mûrir des fruits du Synode, a-t-il dit.
Le patriarche a conclu son entretien avec les journalistes en partageant une anecdote relative à la célébration du Nouvel An. Lors de sa rencontre avec le président israélien Shimon Peres, "il y avait 12 enfants âgés de 10 à 13 ans qui ont chanté en hébreu, arabe et anglais. 4 juifs, 4 musulmans, 4 chrétiens, en uniformes scolaires. "
"Et j'ai dit à Peres: Qui est le chrétien, le musulman et le juif?", à quoi Peres a été incapable de répondre. "Si ces enfants peuvent jouer ensemble et s'il n'y a aucune différence entre eux, pourquoi ne faisons-nous pas de même?" s'est-il demandé.

À la fin du Synode, Fouad Twal, qui parle couramment l'espagnol et a été nonce apostolique au Pérou, au Honduras et en Allemagne, se rendra dans plusieurs pays d'Amérique latine pour visiter les communautés de la diaspora, et renforcer ainsi la communion avec les chrétiens de Terre Sainte.

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Les interventions des musulmans

L'émigration chrétienne préoccupe également les musulmans
(Source: Zenit en italien, ma traduction)
Les invités musulmans au Synode affirment que la coexistence est possible
Vendredi 15 Octobre 2010

L'émigration des chrétiens du Moyen-Orient représente une grande perte pour les musulmans, qui souffrent de la situation politique et sociale acctuelle.
C'est ce qu'ont affirmé jeudi les deux musulmans, sunnite et chiite,invités au Synode des évêques: Muhammad al-Sammak, conseiller politique du Mufti de la République du Liban, et l'ayatollah Seyed Mostafa Mohaghegh Ahmadabad, professeur de droit à l'Université Beheshti Shadid à Téhéran (Iran).
Tous deux ont été reçus en audience par le pape Benoît XVI jeudi après-midi, après la septième congrégation générale.
Dans leurs interventions dans la salle du Synode, ils ont fait référence à plusieurs sourates du Coran, permi lesquelles la 82e et la 45e, soulignant que les chrétiens sont des amis des croyants.

Cri commun

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Lors de son discours, le représentant sunnite Muhammad al-Sammak a affirmé que pour les musulmans arabes, les problèmes des chrétiens d'Orient sont aussi les leurs, soulignant qu'il s'agit d'une question unique.
"Notre souffrance en tant qu’orientaux n’est qu’une seule. Nous partageons nos souffrances. Nous les vivons dans notre retard social et politique, dans notre régression économique et de développement, dans notre tension religieuse et confessionnelle", a-t-il dit.
L'intolérance récente contre les chrétiens, a-t-il ajouté, est "un phénomène étranger à l'Orient, et qui plus est en contradiction avec nos cultures religieuses et nos constitutions nationales... une tentative de déchirer le tissu de nos sociétés nationales, de les démonter et de retirer les liens de leur tissu complexe construit et reconnu depuis de nombreux siècles".
"L'émigration chrétienne est un appauvrissement de l'identité arabe, de sa culture et de son authenticité», a-t-il dit, insistant sur le fait que "préserver la présence chrétienne est un devoir musulman et un devoir chrétien communs."
Pour al-Sammak, l'intolérance montre une image déformée de l'islam en raison de "l'incompréhension de l'esprit des enseignements islamiques spécifiques relatifs aux relations avec les chrétiens que le Saint Coran a appelé 'les plus prédisposé à l'amour des croyants'. "

Une autre question est le "manque de respect des droits des citoyens, dans la pleine égalité devant la loi dans certains pays."
Dans ce contexte, le représentant musulman a souligné la nécessité d'inculquer dans le monde d'Orient "le respect des principes fondamentaux et des règles de la citoyenneté, qui réalise l'égalité d'abord en droits et ensuite en devoirs"
Il a également invoqué une "culture de la modération, de l'amour et du pardon, comme respect de la différence de religion, de foi, de langue, de culture, de couleur et de race."
Muhammad al-Sammak, qui a dit qu'il avait également exprimé cette inquiétude dans un discours à la Mecque, a pour finir souligné une récente initiative du roi Abdallah Ben Abdel Aziz d'Arabie saoudite "en faveur du dialogue interreligieux et interculturel."

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Mondialisation

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Pour le représentant chiite, Seyed Mostafa Mohaghegh Ahmadabad, la nécessité du dialogue entre les religions est devenu beaucoup plus urgent en raison de la mondialisation, qui a également changé le concept même de "société multiculturelle".
"L’expérience dans les Balkans a prouvé que l’on ne peut pas défendre la domination culturelle et ethnique d’un groupe sur les autres en ne tenant pas compte des autres groupes existant au sein de cette société", mais que "pour le bien de la stabilité sociale et la santé ethnique, il est nécessaire que chacun respecte la "présence" et les "droits" des autres.
Selon Ahmadabad, "un système de pensée politique et culturel historiquement empreint de préjugés, de volonté d’expansionnisme et de suprématie... cette sorte de pensée discriminatoire et chauviniste est en train de s’affaiblir et va sans doute disparaître".
"Le monde idéal serait un État où les croyants de n’importe quelle confession peuvent vivre libres, sans appréhensions, craintes ni obligations, selon les principes de base et les modes de leurs coutumes et de leurs traditions. Ce droit qui est universellement reconnu devrait en fait être exercé par les États et les communautés", a-t-il dit.
"C’est un bien pour l’essence de chaque religion et pour ses croyants que les disciples de chaque confession puissent exercer leurs droits sans honte ni peur et vivre conformément à leur patrimoine historique et à leur culture. La stabilité du monde dépend de la stabilité des moyens d’existence des groupes, grands ou petits, et des sociétés".
En ce sens, l'ayatollah a affirmé que la relation entre l'islam et le christianisme tel qu'il est présenté dans le Coran "est basée sur l'amitié, le respect et la compréhension mutuelle."
Selon lui, "il est regrettable qu’au cours des derniers 1 400 ans, parfois du fait de considérations politiques, ces relations aient connu des moments sombres. Mais il ne faudrait pas imputer ces actes illégitimes accomplis par certains individus ou groupes à l’Islam ou au Christianisme. Selon les enseignements du Coran, dans la plupart des pays islamiques, notamment en Iran, comme la loi même l’a stipulé, les chrétiens vivent côte à côte et en paix avec leurs frères musulmans".

Et de conclure:
Enfin, je voudrais profiter de cette occasion pour exprimer ma gratitude au Saint-Père, le Pape Benoit XVI pour ses remarques opportunes et capitales dans les discours à Jérusalem et à Istanbul concernant l’importance d’assurer des relations saines et amicales continues entre chrétiens et musulmans. Une telle approche et de telles manières sont essentielles pour tous les croyants et certainement importantes pour la paix dans le monde.

(Texte intégral des discours sur le site du saint-Siège)

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Le Rabbin Rosen

Voici d'abord une dépêche de l'AFP reproduite dans la presse francophone:
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Le rabbin israélien David Rosen a affirmé que son pays "a une responsabilité spéciale vis-à-vis de ses voisins qui souffrent", mercredi lors d'une intervention devant le synode sur le Moyen-Orient réuni au Vatican jusqu'au 24 octobre.
"La détresse des palestiniens en général et des chrétiens palestiniens en particulier devrait être un sujet de profonde inquiétude pour les juifs d'Israël et de la diaspora", a affirmé le délégué du grand rabbinat d'Israël, dont l'intervention à huis clos a été distribuée à la presse.
"Nous avons une responsabilité spéciale en particulier envers nos voisins qui souffrent. Cette responsabilité est encore plus grande quand la souffrance est née d'un conflit dont nous sommes partie prenante, précisément là où, paradoxalement, nous avons le devoir moral et religieux de nous protéger et nous défendre", a insisté le religieux, directeur international des affaires interreligieuses de l'American jewish committee.
Il a confié que pour lui, à titre personnel, "l'affligeante situation de la Terre sainte et la souffrance de tant de personnes des différents côtés des divisions politiques est source de grande peine". Il a cependant souligné que cette situation difficile est exploitée pour "accentuer des tensions qui vont bien au-delà du contexte géographique du conflit lui-même".
Qualifiant de "bénédiction" l'évolution positive des relations entre l'Eglise catholique et le peuple juif, le rabbin Rosen a salué l'action de Jean Paul II, particulièrement sa prière historique au Mur des lamentations, et celle de Benoît XVI en faveur du dialogue trilatéral musulmans-juifs-chrétiens.
Pour lui, les chrétiens "peuvent être des artisans bénis de la paix".

Un peu plus tôt, lors d'une conférence de presse, le rabbin Rosen avait estimé que Benoît XVI était "malchanceux car il y avait plus de pression sur lui que sur ses prédécesseurs".
Tout en qualifiant d'"épisode le plus dommageable de ce pontificat" la levée de l'excommunication de l'évêque intégriste négationniste Richard Williamson début 2009, il a relevé que le pape avait reconnu lui-même "des problèmes de fonctionnement de la curie".
Interrogé sur la décision de Benoît XVI de faire progresser le processus de béatification du controversé Pie XII, accusé de silence face à la Shoah, il a relevé que les "oppositions ont des fondements psychologiques très profonds". Avant de procéder à cette béatification, "pour moi, il faudrait attendre que la génération qui a connu l'holocauste ait disparu", a-t-il déclaré.

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Je renvoie au discours du Rabbin, prononcé en anglais, et traduit en français par Zenit.
Extraits (pas si amicaux...):

"Aujourd'hui, les rapports entre l'Église catholique et le peuple juif connaissent une heureuse transformation qui a lieu à notre époque et qui n'a sans doute pas d'égal dans l'histoire.
Dans son discours à la grande synagogue, ici à Rome, en janvier dernier, S.S. le Pape Benoît XVI a parlé de l'enseignement du Concile Oecuménique Vatican II comme d' "un point de référence vers lequel se tourner constamment dans l'attitude et dans les rapports avec le peuple juif, marquant une étape nouvelle et décisive".
Naturellement, cette transformation frappante dans la façon dont le peuple juif est vu et présenté, a dû et doit encore affronter l'influence de siècles, voire de millénaires d'"enseignement du mépris" à l'égard des juifs et du Judaïsme, qui ne peut être éliminé, bien évidemment, du jour au lendemain, ni même en quarante-cinq ans.
...
(..) jusqu'à ces derniers temps, une grande partie de la société israélienne ignoraient les changements profonds qui ont eu lieu dans les relations catholiques-juives. Or, la situation a commencé à changer considérablement ces dix dernières années pour diverses raisons, dont deux en particulier méritent d'être mentionnées. La première, ce sont les effets de la visite de feu Jean-Paul II en l'an 2000, à la suite de l'établissement des relations bilatérales à part entière entre Israël et le Saint-Siège six ans plus tôt. Si ce dernier fait avait déjà été perçu en Israël, ce fut le pouvoir des images visuelles, dont Jean-Paul II avait si bien compris l'importance, qui révéla clairement à la majorité de la société israélienne la transformation qui s'était produite dans les attitudes et dans les enseignements chrétiens à l'égard du peuple juif, avec qui le Pape lui-même avait maintenu et renforcé l'amitié et le respect réciproque. Pour les Israéliens, voir le Pape devant le Mur occidental, vestige du Second Temple, se tenir là en signe de respect pour la tradition juive et y placer le texte qu'il avait composé pour une liturgie de pardon, qui avait eu lieu deux semaines plus tôt ici à Saint-Pierre et où il demandait le pardon divin pour les péchés commis contre les juifs au cours des siècles, a eu des effets stupéfiants et très touchants. Il reste un long chemin à faire avant que la communauté juive d'Israël surmonte son passé négatif, mais il n'y a pas de doute que les attitudes ont changé depuis cette visite historique.


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Des nouvelles du livre-interviewe avec Seewald Désinformation