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Encyclique: réactions de France

Mini "revue de presse" (8/7/2009)

J'avais décidé de "zapper". Pas par préjugé, mais par peur d'être blessée, encore une fois. Qu'attendre d'une classe mediatico-politique qui quand elle n'a pas traîné Benoît XVI dans la boue presque unanimement à plusieurs reprises dans un passé récent, sans même prendre le temps d'écouter quelques phrases, l'a défendu du bout extrême des lèvres? (alors, un texte de 46 pages!).
Même si le Saint-Père s'adresse à tout le monde, cette classe-là est définitivement intouchable, hélas.

Mais la curiosité l'a emporté.
Mon regard a été attiré par deux articles du Figaro, signés respectivement Y. Rioufol et E. de Montety.
Modérés, donc, et sans risque.

Rioufol, sur son blog souvent très intéressant, se pose légitimement la question:

Le Pape est-il encore écouté?
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La pensée unique commentera-t-elle la dernière encyclique de Benoît XVI, "Caritas in veritate" ("L'Amour dans la vérité")?, dont des extraits sont publiés, ce mercredi, dans les médias (La Croix en propose le texte intégral... mon commentaire: Le Saint-Siège aussi!! pourquoi aller chercher La Croix?). C'est peu probable. Car elle serait amenée, alors, à corriger son verdict qui a décrété (en ne laissant aucune voix à la défense ni au doute) ce Pape définitivement archaïque et déconnecté de l'élémentaire modernité. Le texte, qui analyse le nouvel ordre financier mondial au regard de la doctrine sociale de l'Eglise, est, en effet, en constante relation avec l'actualité. Ses propositions, qui sont un réquisitoire contre le capitalisme financier, rivalisent avec les politiques progressistes. Le Pape dénonce,notamment, l'appât du gain et du seul profit et fait l'éloge de la gratuité et du don.

Faudrait-il refuser d'écouter l'Eglise catholique sur ce qu'elle a dire en matière économique et sociale, au nom du respect intangible de la laïcité? Les autorités religieuses ont, au contraire, la liberté de prendre leur place dans le débat public, au même titre que toute autre autorité. Reste à savoir si Christine Lagarde, ministre de l'économie, aura vis-à-vis du Vatican les mêmes égards que pour la finance islamique. En novembre, devant la chambre de commerce franco-arabe, elle avait dit : "La finance islamique présente bien des avantages", avant de conclure : "Pour les banques qui souhaiteraient réaliser des opérations conformes aux dispositions de la charia (...) (on) les engage à considérer le territoire français comme une terre d'accueil"...

Propos pertinents, mais défense en pointillé, dont la référence à l'obscure Christine Lagarde trace pour moi les limites.
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Quant à l'éditorial d'Eric de Montety , qui fait un étalage superflu d'érudition et de technicité d'économiste à l'usage d'une prétendue élite (il utilise des termes savants et références ésotériques, LBO, Ben Bernanke...) il veut certainement être amical, mais il donne dans la dérision systématique, le fameux esprit "guignols" ( son métier de pape, mon curé chez les traders, ce brave homme de Benoît XVI, et ainsi de suite... même si c'est pour se moquer des auteurs de ces propos, c'est lassant!) parfaitement déplacé ici.

Aucun des deux, hélas, ne donne l'impression d'avoir vraiment potassé le texte. Ce n'est pas un reproche, le contraire serait surprenant car il ne date que d'hier.
Mais qu'ils ignorent jusqu'à l'existence du site du Vatican peut paraître aussi peu professionnel qu'étrange pour des journalistes de premier plan. Et leur survol indulgent et condescendant m'agace. Inconsciemment, peut-être, comme "passeurs" d'information, ils sont la preuve tangible que "Benoît XVI n'est pas écouté" ... en France.

L'éditorial d'Étienne de Montety du 8 juillet
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«Confiant dans l'homme, sa capacité d'invention et sa générosité, Benoît XVI ne décrète pas le meilleur des mondes, il dessine plus humblement les contours d'un monde meilleur.»

Son «métier de pape», Benoît XVI ne le fait pas à moitié. Depuis neuf mois, la planète est en proie à une tourmente financière aux conséquences dramatiques. De sa nef bimillénaire amarrée au cœur de la Ville éternelle, le chef de l'Église catholique pourrait observer le déluge avec compassion mais sans prendre part au débat sur les désordres économiques du monde. Mardi, il a pris la parole. Léon XIII n'avait pas fait autre chose, en pleine révolution industrielle, et Jean-Paul II, le «prédécesseur de vénérée mémoire», avait saisi l'occasion de la chute du système marxiste pour signer Centesimus Annus en 1991. Le Polonais mettait déjà en garde le système capitaliste contre des dérives que la menace communiste masquait.

On entend d'ici les remarques : qu'y connaît-il, ce brave homme de Benoît XVI, aux LBO et autres produits dérivés ? Le Pape à Wall Street, autant dire mon curé chez les traders… Qu'on se rassure, le Pape n'entend pas faire concurrence aux magiciens du FMI. Il ne vise pas la place de Ben Bernanke à la Fed. «L'Église n'a aucune solution technique à offrir», écrivait déjà Paul VI.

À chacun son rôle. Aux politiques et aux régulateurs la délicate entreprise de rétablir l'équilibre financier du monde et de relancer la machine. Au Pontife la tâche de rappeler, avec une paternelle sollicitude, au milieu d'un système aussi gigantesque que complexe, dont l'unité est souvent le milliard, l'existence d'un paramètre infiniment précieux : l'être humain. On se souvient de la question de Pascal : «Qu'est-ce que l'homme dans la nature ?» Celle de Benoît XVI est comparable : «Qu'est-ce que l'homme dans la crise mondiale ?» «Un néant à l'égard de l'infini», proposait l'auteur des Pensées.«Un tout à l'égard du néant», pourrait répondre en écho le Pape. Son credo, dans la lignée de ses prédécesseurs, réaffirme que l'homme doit être l'horizon de tout système politique, économique et social.

On cherchera en vain les sources théoriques du Pape : disciple de Keynes ? de Hayek ? de Marx ? Bien malin qui pourra le dire. On guettera tout aussi inutilement des accents d'imprécateur à la Péguy, à la Clavel. Intellectuel tempéré, Benoît XVI avance prudemment. Il se défie de l'idéologie, et retient d'abord ce qui sert le bien commun. Le marché n'est pas diabolisé mais le Pape croit sage de rappeler le rôle nécessaire de l'État et celui de la société civile (associations, syndicats, etc.). Les pays riches ne sont pas mis en accusation, pourtant il leur est rappelé que le développement doit prendre en considération «tout homme et tout l'homme» (la formule est encore de Paul VI, décidément très présent sous la plume pontificale). Cela ne veut pas dire que le Pape verse dans l'angélisme, les «faveurs particulières» les «intérêts égoïstes» et les abus d'une «classe cosmopolite de managers» sont pointés avec sévérité. Pour promouvoir la société qu'il espère, Benoît XVI n'hésite pas à utiliser des mots très doux, au charme presque oublié : gratuité, fraternité, justice, don de soi.

Confiant dans l'homme, sa capacité d'invention et sa générosité, Benoît XVI ne décrète pas le meilleur des mondes, il dessine plus humblement les contours d'un monde meilleur.

Je me réjouis par contre de trouver sur le site de La Croix, sous la double signature de Guillaume GOUBERT et Isabelle DE GAULMYN une analyse qui rejoint la mienne (Encyclique: la difficile gestation ): la date de publication de l'encyclique est vraiment providentielle, et on doit s'en réjouir.

Benoît XVI et le G8 au chevet de la planète
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Mardi était présentée au Vatican la troisième encyclique de ce pontificat, consacrée à la mondialisation. Au même moment les puissants de ce monde convergeaient vers L’Aquila, non loin de Rome, pour leur sommet annuel

La concomitance des deux événements est frappante. Mardi 7 juillet, à Rome, le Saint-Siège publiait la première encyclique sociale de Benoît XVI, Caritas in veritate («L’amour dans la vérité »). Mercredi, à L’Aquila, non loin de Rome, s’ouvre le rendez-vous annuel du G8 qui rassemblera jusqu’à vendredi les principaux chefs d’État et de gouvernement de la planète, du Nord comme du Sud.

Le texte du pape n’a évidemment pas été écrit pour cette circonstance. Mais la date retenue pour sa publication signifie que Benoît XVI veut s’appuyer sur le sommet des Abruzzes pour en amplifier l’écho. Un choix pertinent, si on le mesure par le nombre de journalistes présents mardi à la conférence de presse de présentation de l’encyclique : il n’y avait plus un siège de libre dans l’auditorium de la Salle de presse du Saint-Siège.

Nombreux, dans Caritas in veritate, sont les points qui rejoignent les débats attendus à L’Aquila. D’abord sur l’existence même de tels sommets. Benoît XVI, implicitement, salue le fait que le cercle des participants a été élargi depuis quelques années à des pays du Sud : « L’implication des pays émergents ou en voie de développement permet aujourd’hui de mieux gérer la crise. » Cependant, il estime « urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale », réglée par le droit, reconnue par tous, fondée sur les principes de subsidiarité et de solidarité.

Dans l’immédiat, souligne le pape, « l’économie intégrée de notre époque n’élimine pas le rôle des États, elle engage plutôt les gouvernements à une plus forte collaboration réciproque ». Et il ajoute : « La sagesse et la prudence nous suggèrent de ne pas proclamer trop hâtivement la fin de l’État. » Benoît XVI entérine-t-il ainsi l’idée du moment selon laquelle le pouvoir politique doit reprendre la main face à la puissance financière ? Pas tout à fait : il estime que « le binôme exclusif marché-État corrode la socialité », plaidant pour une reconnaissance des « formes économiques solidaires qui trouvent leur terrain le meilleur dans la société civile ».
"Aller au delà" du capitalisme

Il ne fallait pas attendre de cette encyclique un diagnostic technique, à l’intention des puissants de ce monde, sur la crise que traverse actuellement l’économie mondiale. Le mot « subprime » n’y figure pas ! « La crise a modifié l’encyclique, mais ce n’est pas une encyclique faite pour la crise », a souligné mardi le cardinal Renato Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix, lors de la conférence de presse de présentation. Benoît XVI estime néanmoins qu’elle est « une occasion de discernement » qui « met en capacité d’élaborer de nouveaux projets ».

Quant au discernement, on notera que le pape ne condamne pas le capitalisme en tant que tel. Benoît XVI souligne en substance que le marché, la finance ou la mondialisation ne sont pas en eux-mêmes un bien ou un mal : tout dépend de ce que les hommes en font. Le pape prend même à demi-mot ses distances à l’égard des partisans de la décroissance économique : « L’idée d’un monde sans développement traduit une défiance à l’égard de l’homme et de Dieu. » Le cardinal Martino résumait mardi : « Il ne s’agit pas d’une encyclique anticapitaliste. Simplement, elle considère le capitalisme comme une époque donnée, et veut aller au-delà. »

Certaines notations sont cependant en rapport direct avec les sujets à l’ordre du jour de ce G8. S’agissant du réchauffement climatique, le pape rappelle le « grave devoir que nous avons de laisser la terre aux nouvelles générations dans un état tel qu’elles puissent elles aussi l’habiter décemment et continuer à la cultiver ». Point à relever : il souligne que l’exploitation des ressources non renouvelables doit être réglementée « en accord avec les pays pauvres afin de planifier ensemble l’avenir ».

Alors que le G8 doit discuter d’une « initiative sur la sécurité alimentaire », Benoît XVI appelle dans ce domaine à un plus grand effort financier des pays riches. Mais il souligne que « l’aide primordiale dont les pays en voie de développement ont besoin est de permettre et de favoriser l’introduction de leurs produits sur les marchés internationaux », particulièrement en matière agricole.


Enfin, pour terminer sur une note résolument positive, il faut lire, malgré là encore quelques réserves, Patrice de Plunkett, qui a eu le courage de se frotter immédiatement au texte, en parlant d'un message (profond, magistral, chaleureux) de cohérence et d'espérance, puis, plus tard , d'évoquer des audaces qui viennent de la foi.
Cet enthousiasme est à saluer- avec joie.

Et, surtout, le site Liberté politique, sur lequel il faudra revenir, et dont je me réjouis de signaler la première analyse, sous le titre en forme de clin d'oeil: une encyclique durable!

Mgr Aillet contre le système La vie des moines comme exemple