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L'Ecologie blanche... celle du Pape

... je préfère ce concept au "Pape vert" de John Allen. Traduction de son (néanmoins) intéressant dernier article, sur le chapitre 4 de l'Encyclique. Et le commentaire talentueux de Teresa, qui oppose l'écologisme intégral du pape au message frelaté des "écologistes de cafétéria..." (2/8/2009)

John Allen commente le chapitre 4 de l'Encyclique que Benoît XVI consacre en particulier à l'écologie, et plus particulièrement le paragraphe 51.
Comme beaucoup de "libéraux", notamment les catholiques progressistes, je soupçonne qu'il est très sensible aux arguments de l'écologie politique, et partisan convaincu de la thèse du réchauffement de la planète et de l'impact des gaz à effet de serre (donc de la responsabilité de l'activité humaine).
Je ne sais pas si la séduisante (et pour moi exaspérante) dénomination de Pape vert est de lui, en tout cas, elle a été bien reprise, et une recherche sur ce terme avec le moteur Google de ce site devrait donner pas mal d'entrées à son nom.
Il tient à l'expression, et il tient plus encore (voir son analyse des relations Benoît XVI/Obama) à faire "coller" le magistère du Pape avec ses propres idées, quitte à faire subir au premier quelques légères torsions.
La lecture de l'encyclique n'accrédite pas vraiment la thèse du pape "vert", je ne l'ai personnellement pas perçue ainsi, j'y ai surtout vu la défense passionnée du respect de la vie, et d'une écologie humaine; de toutes façons, la couleur verte n'a ici aucun sens. On pourrait tout aussi bien mettre bleu, ou blanc! (tiens: l'écologie blanche, c'est une idée!)
Qu'à cela ne tienne! John Allen a décidé que c'était le vert, mais comme il sent bien que ça ne colle pas vraiment (non, décidément, le "vert" du pape n'est pas celui des pastèques!), il a recours à une astuce: c'est une autre nuance de vert (bref, ce n'est plus du vert!).

A cette "nuance" près, son analyse est bien documentée et plutôt pertinente.
Il a classé les caractéristiques de "l'environnementalisme" de Benoît avec des numéros de 1 à 3, terminant par ce que je crois le plus important:
Ce qu'il appelle "environnementalisme pro-Life".
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Au moment où j'achève la traduction de John Allen et la rédaction de ce petit texte, je trouve sur le Benedetto Forum (n° 18071, du 1er août) le commentaire talentueux de mon amie Teresa, qui rejoint le mien: sous sa plume américaine, les pastèques deviennent les écologistes de cafétéria... et le blanc pourrait devenir l'arc-en-ciel, si la palette n'était pas déjà utilisée par d'autres...
Ma traduction de l'anglais:
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John Allen met ici les choses au clair sur la conception de l'écologie du Saint-Père - " sauvegarde de la Création" - une écologie chrétienne qui est complète et intégrale, entièrement distincte de ce que nous pourrions appeler la "cafeteria ecology", mise en avant par les fanatiques du réchauffement de la planète, Greenpeace et autres activistes écologiques. Mais l'appeler le "Pape vert" ou le "Pape le plus vert" crée un amalgame erroné avec les écologistes bornés au détriment de son message écologique intégral. Les écologistes de cafétéria sont généralement les mêmes personnes qui favorisent également la contraception, l'avortement, l'euthanasie et les unions homosexuelles - i.e. qui opposent leurs propres normes culturelles au message divin intégral de la création.
Si on doit utiliser la métaphore de couleur- et il n'y a aucune raison de le faire, sinon pour renforcer des clichés - on ne devrait pas se référer à la "touche verte très personnelle de Benoît XVI", qui semblerait limiter son sens de l'écologie à une palette monochrome, alors que c'est tout autre chose!
Il serait plus correct de dire que son écologie est "panchromatique" ou "omni-chromatique" - reflétant toutes les couleurs possibles dans l'infini de la création de Dieu. Ce qu'on pourrait selon moi appeler une authentique approche arc-en-ciel, même si les activistes homosexuels se sont appropriés le terme "rainbow".
Très simplement, je qualifierais l'écologie du pape d'écologie intégrale.
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Un dernier point: l'argument des panneaux solaires sur la maison de Pentling (et non de Ratisbonne) à l'appui de sa théorie est vraiment dérisoire.
En Allemagne, où je me rends assez souvent, toutes les maisons qui effectuent des travaux de rénovation se voient équiper de panneau solaires sur leurs toitures. La raison en est simplement qu'il y a une défiscalisation. Dans tous les villages de Bavière, vous voyez partout ces fameuses plaques. Il n'y a rien de mystérieux, et je n'y vois personnellement pas d'autre raison qu'une prime du gouvernement (qui n'a évidemment rien à voir avec le Saint-Père), et pas d'autre inconvénient que leur laideur...
(photo: http://mpk.artszone.net/ )

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Benedict XVI’s very own shade of green
La touche verte très personnelle de Benoît XVI
John L. Allen, 31 juillet 2009
(ma traduction)

Les antécédents de Benoît XVI concernant l'environnement sont déjà suffisamment solides pour justifier un traitement dans un ouvrage entier, Ten Commandments for the Environment par Woodeene Koenig-Bricker, dans lequel il est proclamé comme le pape vert de l'histoire. Cette semaine a fait apparaître trois nouveaux signaux de la remarquable sensibilité écologique du pape :
• Le Vatican a annoncé que le thème du message annuel du pape pour la Journée mondiale de la paix (*) est, "Si vous voulez cultiver la paix, prenez soin de la création." Une brève déclaration a affirmé que le règlement de la "crise écologique actuelle" est essentielle à la promotion de la paix dans le monde, citant les menaces environnementales telles que la sur utilisation des ressources naturelles et le changement climatique.
• Au cours d'un service de vêpres, vendredi dernier, dans le nord de l'Italie, Benoît XVI a fait une brève mais incontestablement positive référence au défunt jésuite scientifique et philosophe Pierre Teilhard de Chardin, largement considéré comme le saint patron de l'écologie catholique. Cela a suscité des spéculations dans la presse italienne au sujet d'une éventuelle "réhabilitation" de Teilhard, dont l'audacieuse théologie cosmique a été blâmée pour "des ambiguïtés et même de graves erreurs" par le Vatican en 1962, jugement qui a été confirmé en 1981.
Des panneaux solaires ont été installés cette semaine à la résidence privée du pape à Ratisbonne, en Allemagne, qui devraient pouvoir alimenter le réseau électrique allemand. Ce transfert fait suite à l'installation en 2008 de panneaux solaires sur le toit de la salle d'audience du Vatican, un projet qui a remporté cette année l'Euro Solar Prize (décerné par une fondation laïque environnementale).

Les nouveaux développements de cette semaine renforcent l'impression que l'environnementalisme de Benoît - exprimé en paroles et en actes - s'impose comme le trait le plus marquant de sa doctrine sociale.
Cela dit, appeler Benoît XVI un «environnementaliste» peut néanmoins prêter à confusion, parce que son approche se démarque fondamentalement de celle des partis verts européens laïcs ou du Sierra Club. À la lumière des ajouts de cette semaine à son dossier, il convient de donner trois caractéristiques uniques de la vision écologique de Benoît.

1. Une écologie théiste
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De toute évidence, Benoît XVI aborde les questions environnementales en tant que croyant, religieux, convaincu que la nature est le «livre de la création." Plus encore, Benoît a laissé entendre que le théisme n'est pas seulement un des nombreux points d'entrée dans le souci pour l'environnement - c'est en fait le seul moyen de parvenir à un équilibre écologique, en veillant à ce que l'environnement soit respecté, sans être transformé en objet de fétichisme.
En effet, la pensée de Benoît sur l'environnement semble supposer qu'il existe trois modèles culturels offerts à l'humanité pour comprendre la relation avec l'environnement:
• Une démarche laïque / scientifique, qui n'attribue pas de statut moral particulier à la nature - son but est la domination technique, considérant le monde matériel comme matières premières à exploiter.
• Une vision païenne ou panthéiste (y compris ses variantes modernes romantique), qui voit la nature elle-même comme la source de divinité, et, par conséquent, qui la considère comme un tabou.
• Une théologie de la création, qui considère la nature comme un don du Créateur, à utiliser pour le bien commun de la famille humaine - à la fois ses membres actuels et les générations futures.

Voici comment Benoît l'exprime dans sa récente encyclique sociale, Caritas in veritate: "Si la nature, et en premier lieu l’être humain, sont considérés comme le fruit du hasard ou du déterminisme de l’évolution, la conscience de la responsabilité s’atténue dans les esprits. Dans la nature, le croyant reconnaît le merveilleux résultat de l’intervention créatrice de Dieu, dont l’homme peut user pour satisfaire ses besoins légitimes – matériels et immatériels – dans le respect des équilibres propres à la réalité créée. Si cette vision se perd, l’homme finit soit par considérer la nature comme une réalité intouchable, soit, au contraire, par en abuser " (n°48)
Ce schéma constitue un remarquable nouveau départ par rapport au début du mouvement environnementaliste, lorsque la mode était d'incriminer l'ensemble de la tradition judéo-chrétienne pour l'indifférence sauvage de l'humanité envers la terre. Le Professeur Lynn White Jr. de l'Université de Californie a publié un article influent dans la revue Science en 1967, dans lequel il accuse la Bible de rendre les occidentaux "supérieurs à la nature, de mépriser celle-ci, désireux de l'utiliser pour nos moindres caprices." (l'écrivain catholique Stratford Caldecott note que l'article de White est devenu le point de départ obligatoire pour tous les débats sur le christianisme et l'environnement, l'article, dit-il, "est célèbre, et célèbre pour être célèbre.")
En effet, Benoît XVI est passé à l'offensive, faisant valoir que plutôt que d'être la cause de la crise écologique, le christianisme est en fait sa solution.
Selon la façon dont elle se développe, une écologie chrétienne ("both/and") peut aider à injecter un certain équilibre dans la tension croissante entre l'écologie et le développement économique, en particulier dans les pays pauvres. Voici un exemple de la façon dont ces tensions jouent: En Mai 2003, le Conseil des États-Unis pour l'égalité raciale a publié une déclaration critiquant âprement Greenpeace pour son opposition aux OGM, en affirmant: «Des éco-fanatiques bien nourris crient à la 'Frankenfood' et à la «pollution génétique» ... La politique de Greenpeace sème la misère, la maladie et la mort pour des millions de personnes dans les pays en développement, en particulier en Afrique. "
Une approche qui ne considèrerait pas le développement humain en opposition à la préservation de la nature, mais s'efforcerait plutôt de voir les deux comme intimement liés, pourrait contribuer à surmonter ces impasses.

2. La loi naturelle
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En ce moment, à chaque fois qu'un officiel de l'Eglise entre dans un débat moral, il va inévitablement se trouver quelqu'un pour objecter qu'il tente d'imposer un enseignement religieux à une culture pluraliste. Selon cette façon de penser, l'enseignement de l'Église sur l'avortement, la recherche sur les cellules souches ou le clonage est disqualifié comme base pour la politique publique car il serait de nature sectaire. C'est une réaction très frustrante pour les penseurs, tels que Benoît XVI, qui affirment que cela inverse exactement les faits. L'avortement et le clonage d'êtres humains ne sont pas mauvais parce que l'église le dit, insiste 'il sur le - au contraire, l'église le dit, car ils sont mauvais.
L'argumentation est la suivante: les enseignements moraux de l'Eglise ne sont pas un ensemble de règles arbitraires pour adhérer au club catholique, comme le port d'un fez, ou l'utilisation d'une poignée de main secrète. Ils sont basés sur des vérités universelles enracinées dans la nature humaine, qu'en principe, tout le monde peut reconnaître. Ce type de raisonnement est connu sous le nom de théorie de la "loi naturelle". Il suppose que le bien et le mal, la vérité et le mensonge, sont de véritables qualités qui existent dans la nature, et que les êtres humains peuvent découvrir avec leur conscience. Ainsi, lorsque le catholicisme dit "x est mal" l'ultime validité de cette affirmation ne repose pas sur l'autorité de l'Eglise, mais le fait que x est vraiment mal.

Selon la vision de Benoît, les problèmes actuels de l'environnement, du changement climatique à la déforestation, illustrent le fait que le droit naturel est réel. Nous avons désormais clairement compris, par exemple, que le rejet sans fin de gaz à effet de serre afin de satisfaire nos instincts de consommation impose un prix physique objectif.
En ce sens, Benoît XVI voit la montée de la conscience environnementale comme la voie la plus prometteuse pour une reprise de la tradition du droit naturel. En Juillet 2007, Benoît a dit que la protection de l'environnement suppose que les lois sont écrites dans la création, et que "l'obéissance à la voix de la terre est plus importante pour notre bonheur futur que les voix de l'instant, les désirs du moment."

Sans aucune référence à la religion, Benoît semble le croire, le monde laïque est aujourd'hui parvenu à sa propre version de la théorie du droit naturel. Pour simplifier l'idée du Pape, si le monde est prêt à limiter la production de carbone sur la base des lois de la nature, alors peut-être sera t'il de plus en plus disposé à accepter des limites dans d'autres sphères de la vie.

3. Un environnementalisme pro-Life
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Depuis le début, le mouvement environnementaliste moderne a souvent été lié à l'inquiètude pour la surpopulation, à la fois, sur un plan pratique, que de plus grandes populations mettent l'environnement à rude épreuve, et sur le plan théorique, que les prérogatives de l'homme ne doivent pas empiéter sur le monde naturel et d'autres formes de vie.
Une fois de plus, Benoît XVI retourne l'argument. Le pape fait valoir que non seulement l'ouverture à la vie nouvelle n'est pas en contradiction avec la sensibilité environnementale, mais qu'en fait, on ne peut pas avoir l'une sans l'autre. Comme il l'a écrit dans Caritas in Veritate, le monde ne peut pas protéger l'écologie naturelle, sans honorer l'"écologie humaine".
Voici le passage correspondant de l'article 51 de l'encyclique:
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"La dégradation de l’environnement est en effet étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine: quand l’« écologie humaine » est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage. [De même que les vertus humaines sont connexes, si bien que l’affaiblissement de l’une met en danger les autres, ainsi le système écologique s’appuie sur le respect d’un projet qui concerne aussi bien la saine coexistence dans la société que le bon rapport avec la nature.]
Pour préserver la nature, il n’est pas suffisant d’intervenir au moyen d’incitations ou de mesures économiques dissuasives, une éducation appropriée n’y suffit pas non plus. Ce sont là des outils importants, mais le point déterminant est la tenue morale de la société dans son ensemble. Si le droit à la vie et à la mort naturelle n’est pas respecté, si la conception, la gestation et la naissance de l’homme sont rendues artificielles, si des embryons humains sont sacrifiés pour la recherche, la conscience commune finit par perdre le concept d’écologie humaine et, avec lui, celui d’écologie environnementale. Exiger des nouvelles générations le respect du milieu naturel devient une contradiction, quand l’éducation et les lois ne les aident pas à se respecter elles-mêmes. Le livre de la nature est unique et indivisible, qu’il s’agisse de l’environnement comme de la vie, de la sexualité, du mariage, de la famille, des relations sociales, en un mot du développement humain intégral. [Les devoirs que nous avons vis-à-vis de l’environnement sont liés aux devoirs que nous avons envers la personne considérée en elle-même et dans sa relation avec les autres]. On ne peut exiger les uns et piétiner les autres. C’est là une grave antinomie de la mentalité et de la praxis actuelle qui avilit la personne, bouleverse l’environnement et détériore la société ".
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Tout cela suggère que, tandis que le catholicisme sous Benoît XVI devient toujours plus vert, c'est une nuance de vert différente - qui ne consiste pas simplement à "baptiser" l'environnementalisme des mouvements laïcs, ou l'application d'un vernis de vocabulaire chrétien sur une conception du monde qui repose sur des prémisses très différentes.

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(*) Surpopulation

Extrait du bulletin du VIS du 29 juillet:
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JOURNEE MONDIALE DE LA PAIX 2010

"Protéger la création pour favoriser la paix", tel est le thème de la XLIII ème Journée mondiale de la paix (1er janvier 2010). Il a été choisi par le Saint-Père pour sensibiliser les fidèles au lien existant dans le monde globalisé entre la protection de la nature et la paix, "malheureusement de plus en plus menacé par la dégradation de l'environnement humain, la surexploitation des ressources naturelles, les changements climatiques...la surpopulation. Si l'humanité ne réagit pas correctement à ces menaces, dans la justice sociale et la solidarité internationale, le risque est grand de semer de nouvelles violences entre peuples et générations". ...
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Le texte du message pontifical n'est pas encore paru sur le site du Vatican.
Le VIS a extrait un bout de phrase qui laisse planer une certaine ambiguïté en évoquant la surpopulation.

Il est important de rappeler qu'au n° 50 de l'Encyclique, le Pape dit:
Il y a de la place pour tous sur la terre: la famille humaine tout entière doit y trouver les ressources nécessaires pour vivre correctement grâce à la nature elle-même, don de Dieu à ses enfants, et par l’effort de son travail et de sa créativité.

Et au n°44:
Considérer l’augmentation de la population comme la cause première du sous-développement est incorrect, même du point de vue économique:
...
L’ouverture moralement responsable à la vie est une richesse sociale et économique. De grandes nations ont pu sortir de la misère grâce au grand nombre de leurs habitants et à leurs potentialités. En revanches, des nations, un temps prospères, connaissent à présent une phase d’incertitude et, dans certains cas, de déclin à cause de la dénatalité qui est un problème crucial pour les sociétés de bien-être avancé. La diminution des naissances, parfois au-dessous du fameux « seuil de renouvellement », met aussi en difficulté les systèmes d’assistance sociale, elle en augmente les coûts, réduit le volume de l’épargne et, donc, les ressources financières nécessaires aux investissements, elle réduit la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée, elle restreint la réserve des « cerveaux » utiles pour les besoins de la nation.

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Le Pape fait la une de l'Equipe... Compromis, ou clarté?