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Encyclique: les réserves du Père Scalese

... et mes quelques réflexions. (9/7/2009)

Il m'arrive de vouer le Père Scalese aux gémonies.
Il me donne trop de travail! Si ce qu'il écrivait était moins original (et moins intéressant), je n'aurais certes pas l'envie de le traduire.
Cette fois, il s'agit de son commentaire de Caritas in veritate.
Texte en italien ici: http://querculanus.blogspot.com/...
Ma traduction.
Mes commentaires plus bas.

jeudi 9 Juillet 2009
« Caritas in veritate »
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Une belle encyclique, dans la ligne des nombreuses qui l'ont précédée, depuis Rerum novarum.
Je n'ai ni les titres ni la possibilité d'en faire une analyse complète et approfondie, aussi parce que durant ces jours nous sommes submergés des commentaires d'analystes bien plus influents et capables que l'auteur de ces lignes. Je voudrais seulement vous faire partager quelques impressions « à chaud », suggérées par la lecture de Caritas in veritate.

Avant tout, je dois dire que j'avais oublié que cette encyclique aurait dû célébrer le 40° anniversaire de Populorum progressio de Paul VI (1967). Elle aurait donc dû sortir il y a deux ans, mais, pour les raisons que nous savons, elle n'a pu voir le jour que cette année.
Cela provoque, ici et là, une certaine désorientation, parce qu'on ne comprend pas pourquoi on commémore une encyclique dans le 42° anniversaire de sa publication ; mais par la suite, la désorientation est bien vite remplacée par l'intérêt pour les contenus.

La première impression concerne justement Populorum progressio, qui, relue quarante ans après, apparaît plus que jamais actuelle : il ne s'agit pas du lieu commun habituel sur une « voix prophétique ». Désormais, vous connaissez mon admiration pour Paul VI : eh bien, en lisant Caritas in veritate, j'ai éprouvé une émotion profonde. Si vous vous rappelez, dans mon précédent post, je faisais une rapide allusion à Populorum progressio. Pour en rappeler quoi? La possibilité, admise par cette encyclique, du recours, dans certains cas, à la révolution ; du reste j'en avais pratiquement tout oublié. Maintenant, à relire ce texte en compagnie de Benoît XVI, vous pouvez imaginer ce que j'ai éprouvé : la figure de ce Pape, incompris par beaucoup, devient à mes yeux plus grande que jamais.

La seconde impression concerne la situation actuelle. En lisant Caritas in veritate, on réalise à quel point le monde a changé depuis. Ce changement a été graduel et, avec le monde, nous aussi nous avons changé; jusqu'à présent, peut-être ne nous étions-nous jamais arrêtés un instant pour faire un bilan. Cette encyclique, qui fait une analyse assez soignée de la réalité, nous aide à comprendre que le monde d'aujourd'hui est profondément différent de celui d'il y a seulement quarante ans.

Nous nous apercevons aussi à quel point la situation actuelle est "fluide" : non seulement le monde a changé, mais il continue de changer.
Le Pape fait explicitement allusion à la crise que nous traversons. Raison pour laquelle il nous vient spontanément à l'esprit de nous demander s'il était opportun d'écrire une encyclique dans un moment de transition comme celui-ci. Dans quelques années, tout pourrait être différent d'aujourd'hui (ndt: là, on peut discuter. Dans cette optique, on ne ferait jamais rien. Pour donner une image qui me vient à l'esprit, c'et un peu comme quelqu'un qui différerait, mettons l'achat d'un nouvel ordinateur, en se disant qu'il vaut mieux attendre, puisque le matériel va évoluer). Certainement Benoît XVI et ses collaborateurs ont pris en considération cette objection, tant il est vrai que la publication a été retardée de deux ans ; après quoi, probablement, ils ont accepté de courir le risque de se voir tout de suite dépassés par les évènements, et donc de prononcer des paroles de clarification en cette phase de transition. Au fond, si nous considérons les précédentes encycliques sociales, nous nous apercevons qu'elles aussi furent écrites en des instants critiques ; pourtant, elles restent pour nous des pierres miliaires, qui, en plus d'être un témoignage sur l'époque où elles virent le jour, constituent un point de référence aujourd'hui encore.

L'autre aspect qui frappe est la complexité de l'instant historique que nous vivons.
Au fond, Léon XIII avait à faire avec la « question ouvrière », un problème certes considérable, mais assez circonscrit. Voyez au contraire combien d'aspects, apparemment si différents entre eux, sont traités dans Caritas in veritate : outre le développement (qui sert de fil conducteur à l'encyclique tout entière), la globalisation; la faim; le respect pour la vie; la liberté religieuse ; l'accès au travail ; l'économie et la finance; le marché, l'État et la société civile ; la spéculation et les délocalisations; droits et devoirs ; la croissance démographique et la dénatalité ; la coopération internationale ; le respect pour l'environnement et les problématiques energétiques ; les principes de subsidiarité et de solidarité ; l'éducation ; le tourisme et les migrations ; le chômage et les organisations syndicales ; les associations de consommateurs ; les organisations internationales et une autorité politique mondiale ; la technologie et les moyens de communication sociale ; la bioéthique.
Comme on peut le voir, il y en a pour tous les goûts. Et, pour chaque point, un mot de clarification, qui nous aide à exprimer un jugement moral (au besoin, on pourrait remarquer qu'il manque à l'encyclique une certaine organicité : on voit immédiatement qu'elle est l'oeuvre de plusieurs mains ; mais il ne pouvait probablement pas en être autrement).

Clairement, tous les points ne sont pas développés de la même manière : on va de quelques passages qu'on peut dire sublimes (par exemple, la réflexion sur les droits et les devoirs ou celle sur la question démographique ; très intéressante l'application des principes de subsidiarité et la solidarité à la globalisation !) à d'autres qui me semblent un peu plus faibles (par exemple, le traitement sur la liberté religieuse et, surtout, les analyses de phénomènes comme la globalisation, les délocalisations et les migrations).

L'encyclique ne se fait pas scrupule de dénoncer des abus répandus dans le monde d'aujourd'hui, surtout en se référant au respect de la vie (par exemple, les politiques de gouvernements et organisations internationales en faveur de la contraception et l'avortement) ; mais ensuite, elle ne va pas jusqu'au bout de ces dénonciations (par exemple, lorsqu'on parle de l'accaparement des ressources energétiques, on parle bien d'« exploitation et de fréquents conflits entre les Nations et en leur sein », mais peut-être aurait-on pu être un tantinet plus explicite pour ceux qui, victimes de la désinformation, n'imaginent même pas que derrière certaines guerres pour la démocratie se cachent des intérêts d'un tout autre genre) (ndt: des noms, cher Padre Giovanni. Cela aurait-il un rapport avec ceci, par exemple ?).

Et ici, il me semble que se pose un gros problème : n'aurait-il pas été opportun que le Pape prenne une position nette non seulement sur les phénomènes, qui sont sous les yeux de chacun, mais aussi sur les causes, souvent occultes, qui les provoquent ?
Je comprends que l'Église ne puisse pas s'inscrire à la confrérie des complotistes ; mais c'est l'encyclique elle-même qui affirme : « Parfois, concernant la globalisation on remarque des attitudes fatalistes, comme si les dynamiques en oeuvre étaient produites par des forces anonymes impersonnelles et des structures indépendantes de la volonté humaine » (n. 42). Donc, certains phénomènes ont des causes humaines bien précises. Il est vrai qu'il s'agit de forces souvent « anonymes » (et qui voudraient le rester), mais c'est justement pourquoi il serait nécessaire qu'on les désigne par leur nom (che qualcuno facesse nome e cognome). Pourquoi ne pas parler explicitement des « pouvoirs forts », qui tiennent en main le destin de l'humanité : la franc-maçonnerie, les grandes banques, les pétroliers, l'industrie de guerre, le lobby juif, etc ? Pourquoi feindre que ces réalités n'existent pas, quand nous savons tous que ce sont exactement ces groupes qui décident de chaque chose ?
Dans l'encyclique on parle souvent d'autorité politique et d'État, comme si nous vivions au temps de Léon XIII. Mais ne réalise-t'on pas quaujourd'hui, ces réalités se sont vidées d'une grande partie leur sens?
J'accueille volontiers l'invitation de l'encyclique : Des « raisons de sagesse et de prudence suggèrent de ne pas proclamer trop vite la fin de l'État. En relation avec la solution de la crise actuelle, son rôle semble destiné à croître, recouvrant beaucoup de ses compétences » (n. 41). Pourtant, entre temps, nous devons prendre acte que les pouvoirs effectifs des États se sont considérablement réduits.
Dans le passé les Papes ne craignaient pas de dénoncer les idéologies et les pouvoirs qui menaçaient l'humanité de leur temps ; pourquoi aujourd'hui sommes-nous devenus si timides ?

Le temps est peut-être venu, pour l'Église, d'assumer un rôle plus actif dans les domaines social, économique et politique. Il ne me semble plus suffisant de se limiter à proposer quelques valeurs morales ; d'autant plus que nous savons combien elle leur importe peu, à ces messieurs, nos valeurs morales.

Au n° 67 l'encyclique reprend le voeu de Jean XXIII à propos d'une Autorité politique mondiale. Mais ne s'aperçoit-on pas que cette autorité existe déjà ? Il ne s'agit pas d'une autorité politique, mais d'une autorité en fait beaucoup plus puissante que n'importe quelle autorité politique. Aujourd'hui, ce pouvoir cherche à se transformer aussi en autorité politique supra-nationale pour l'Europe (voyez d'abord, la Constitution européenne et, maintenant, le Traité de Lisbonne) ou pour le monde entier (à travers les Bilderberg et autres G8). Il faudrait que quelqu'un dénonce et entrave ces tentatives de contrôle de l'humanité. Qui devrait le faire : les mouvements no-global (altermondialistes)?

L'Église, dans le cours de l'histoire, a été un sujet politique d'importance primordiale, pas tant parce qu'elle exerçait un pouvoir temporel à la première personne (cela lui servait seulement pour pouvoir jouir d'une certaine autonomie), mais parce qu'elle déléguait à d'autres l'exercise du pouvoir politique (pensez à la théorie des deux épées de Boniface VIII).
Peut-être le moment est-il venu pour l'Église de se retrousser les manches et, si nécessaire, de se salire les mains, parce que, aujourd'hui comme alors, il n'y a personne d'autre qu'elle pour avoir vraiment à coeur le destin de l'humanité.

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Mes commentaires

Modestement, le Père Scalese commence par rappeler qu'il n'a pas de titre particulier pour commenter l'encyclique.
En réalité, si, il en a autant que la plupart de ceux qui s'y sont collés, et au moins un de plus: il est un homme d'Eglise - ni traditionaliste ni progressiste, ce qui lui donne une certaine neutralité, et que je crois fidèle au pape, ce qui ne l'empêche pas d'être assez critique. Parmi ceux qui en ont parlé, il fait partie des rares qui ont lu les précédentes encycliques sociales. Cela confère un certain recul.
Il n'essaie pas, à l'inverse de beaucoup, d'étaler une érudition dans les domaines complexes de l'économie et de la finance - les passages très techniques qu'y consacrent l'Encyclique ne me sont certes pas destinées, et sans doute pas à lui non plus. En réalité, cet aspect ne m'intéresse pas (pas plus que lui?)

Après les compliments d'usage - belle encyclique, l'hommage à Paul VI, des passages sublimes, mais une certaine hétérogénéité dûe au fait que c'est un texte à plusieurs mains - et la constatation, étrangère à l'Eglise, que le monde change à une vitesse extraordinaire, donc que celui dans lequel nous vivons n'a qu'un lointain rapport avec celui qu'a connu Paul VI, et que dire de Léon XIII (pour reprendre une pub - elles ne sont pas toutes si bêtes!- "le monde a attrappé la compliquite")... arrivent des critiques plus consistantes - dont j'avoue qu'elles me gênent un peu, mais qu'elles donnent à réfléchir.

C'est en effet un monde incroyablement complexe, et en perpétuel mouvement, que le magistère papal tente de capter, pour l'encadrer autant qu'il peut. Disons que le contexte de la mondialisation est extrêmement "sensible" des deux côtés de l'échiquier politique, et aussi pour d'autres raisons qu'il est facile de comprendre. Le Père Scalese ne craint pas de mettre le doigt où ça fait mal.
Les "forces occultes" à l'oeuvre pour façonner le monde d'aujourd'hui, et qu'il cite, sont "intouchables", et l'Eglise, selon lui n'a pas le courage de les nommer. Mais comment le pourrait-elle, sauf à entrer définitivement en guerre contre le monde?

Et le principal reproche, en filigranne, certes, est celui-là (autour du n°67, relatif au gouvernement mondial, appelé à faire couler beaucoup d'encre dans certains milieux): Le temps est peut-être venu, pour l'Église, d'assumer un rôle plus actif dans les domaines social, économique et politique. Il ne me semble plus suffisant de se limiter à proposer des valeurs morales (oui, mais nous en avons besoin, de ces valeurs morales); d'autant plus que nous savons combien elle leur importe peu, à ces messieurs, nos valeurs morales.

L'Eglise est trop timide
dit-il. Je serais tentée pour ma part de dire qu'elle est trop idéaliste pour le monde, un monde qu'elle aimerait voir comme une grande famille, belle image récurrente chez le Pape.
Donc elle doit selon lui "se retrousser les manches et, si nécessaire, [..] se salire les mains, parce que, aujourd'hui comme alors, il n'y a personne d'autre pour avoir vraiment à coeur le destin de l'humanité".
Oui mais, encore une fois: comment? Se retrousser les manches, elle le fait déjà pour la défense de la vie. Comment faire davantage, concrètement, sauf à se résoudre à n'avoir plus de voix, car ce qu'elle a encore de "communication", ce n'est que ce qu'on lui concède???

Quant au gouvernement mondial, c'est une situation de fait. On est en plein dedans.
L'Eglise ne propose rien d'autre que la position réaliste (peut-on parler de la nouvelle realpolitik?) de faire avec, de s'en accomoder au mieux, de le façonner, voire de le contrôler, plutôt que de se marginaliser dans la condamnation, et de laisser ainsi le terrain à d'autres, ou de l'attaquer frontalement, avec les risques multiples que cela comporte. Elle prend d'ailleurs bien soin de préciser, ce qui est essentiel: Une telle Autorité devra être réglée par le droit, se conformer de manière cohérente aux principes de subsidiarité et de solidarité.
Seul un avenir lointain, que les gens de ma génération risquent de ne pas connaître, pourra dire s'il s'agissait d'une prémonition, ou bien d'une erreur. Il est de toutes façons trop tôt pour en juger.
...
Au final, l'impression de gêne que l'on peut ressentir (surtout sur ce sujet de la gouvernance mondiale), c'est que l'Eglise s'aventure forcément, avec une encyclique sociale, sur un terrain qui n'est pas strictement le sien. Ce n'est plus la morale au sens strict, c'est, qu'elle le veuille ou non, de la politique, même s'il s'agit de donner des orientations, et aucune indication "technicienne".
Personnellement, je lui fais confiance, comme expert en humanité. Mais c'est un pari.

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Notes

Pour mémoire, voici les paragraphes de l'encyclique auxquels il est fait allusion. Ils concernent essentiellement la mondialisation:
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41. ... L’économie intégrée de notre époque n’élimine pas le rôle des États, elle engage plutôt les gouvernements à une plus forte collaboration réciproque. La sagesse et la prudence nous suggèrent de ne pas proclamer trop hâtivement la fin de l’État. Lié à la solution de la crise actuelle, son rôle semble destiné à croître, tandis qu’il récupère nombre de ses compétences. ... L’articulation de l’autorité politique au niveau local, national et international est, entre autres, une des voies maîtresses pour parvenir à orienter la mondialisation économique. C’est aussi le moyen pour éviter qu’elle ne mine dans les faits les fondements de la démocratie.

42. On relève parfois des attitudes fatalistes à l’égard de la mondialisation, comme si les dynamiques en acte étaient produites par des forces impersonnelles anonymes et par des structures indépendantes de la volonté humaine. Il est bon de rappeler à ce propos que la mondialisation doit être certainement comprise comme un processus socio-économique, mais ce n’est pas là son unique dimension. Derrière le processus le plus visible se trouve la réalité d’une humanité qui devient de plus en plus interconnectée. Celle-ci est constituée de personnes et de peuples auxquels ce processus doit être utile et dont il doit servir le développement en vertu des responsabilités respectives prises aussi bien par des individus que par la collectivité. Le dépassement des frontières n’est pas seulement un fait matériel, mais il est aussi culturel dans ses causes et dans ses effets. Si on regarde la mondialisation de façon déterministe, les critères pour l’évaluer et l’orienter se perdent. C’est une réalité humaine et elle peut avoir en amont diverses orientations culturelles sur lesquelles il faut exercer un discernement. La vérité de la mondialisation comme processus et sa nature éthique fondamentale dérivent de l’unité de la famille humaine et de son développement dans le bien. Il faut donc travailler sans cesse afin de favoriser une orientation culturelle personnaliste et communautaire, ouverte à la transcendance, du processus d’intégration planétaire.
Malgré certaines de ses dimensions structurelles qui ne doivent pas être niées, ni absolutisées, « la mondialisation, a priori, n’est ni bonne ni mauvaise. Elle sera ce que les personnes en feront » . Nous ne devons pas en être les victimes, mais les protagonistes, avançant avec bon sens, guidés par la charité et par la vérité. S’y opposer aveuglément serait une attitude erronée, préconçue, qui finirait par ignorer un processus porteur d’aspects positifs, avec le risque de perdre une grande occasion de saisir les multiples opportunités de développement qu’elle offre. ...

67. Face au développement irrésistible de l’interdépendance mondiale, et alors que nous sommes en présence d’une récession également mondiale, l’urgence de la réforme de l’Organisation des Nations Unies comme celle de l’architecture économique et financière internationale en vue de donner une réalité concrète au concept de famille des Nations, trouve un large écho. On ressent également fortement l’urgence de trouver des formes innovantes pour concrétiser le principe de la responsabilité de protéger et pour accorder aux nations les plus pauvres une voix opérante dans les décisions communes. Cela est d’autant plus nécessaire pour la recherche d’un ordre politique, juridique et économique, susceptible d’accroître et d’orienter la collaboration internationale vers le développement solidaire de tous les peuples. Pour le gouvernement de l’économie mondiale, pour assainir les économies frappées par la crise, pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres, pour procéder à un souhaitable désarmement intégral, pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix, pour assurer la protection de l’environnement et pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale telle qu’elle a déjà été esquissée par mon Prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII. Une telle Autorité devra être réglée par le droit, se conformer de manière cohérente aux principes de subsidiarité et de solidarité, être ordonnée à la réalisation du bien commun , s’engager pour la promotion d’un authentique développement humain intégral qui s’inspire des valeurs de l’amour et de la vérité. Cette Autorité devra en outre être reconnue par tous, jouir d’un pouvoir effectif pour assurer à chacun la sécurité, le respect de la justice et des droits . Elle devra évidemment posséder la faculté de faire respecter ses décisions par les différentes parties, ainsi que les mesures coordonnées adoptées par les divers forums internationaux. En l’absence de ces conditions, le droit international, malgré les grands progrès accomplis dans divers domaines, risquerait en fait d’être conditionné par les équilibres de pouvoir entre les plus puissants. Le développement intégral des peuples et la collaboration internationale exigent que soit institué un degré supérieur d’organisation à l’échelle internationale de type subsidiaire pour la gouvernance de la mondialisation et que soit finalement mis en place un ordre social conforme à l’ordre moral et au lien entre les sphères morale et sociale, entre le politique et la sphère économique et civile que prévoyait déjà le Statut des Nations Unies.

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Xavier Darcos commente l'encyclique Chrétiens et musulmans